Spécial Elections 2007

Xavi-Iniesta, merci le Barça!

Une passe décisive d'Iniesta et un premier but de Xavi ont placé l'Espagne sur la route d'une qualification pour la finale de l'Euro-2008, que la Roja attendait depuis 24 ans, jeudi à Vienne contre la Russie (3-0), un paradoxe pour ces deux milieux estampillés "blaugrana".

Le Russe Ivan Saenko joue contre le milieu de terrain espagnol, Andres Iniesta, au stade Ernst-Happel de Vienne en Autriche. (Photo : AFP)

27 Juin 2008 À 07:00

Il fallait forcément une inspiration venue de nulle part pour débloquer un match fermé et perturbé par des conditions météorologiques extrêmes (orage, vent). Après 45 premières minutes stériles, la délivrance est finalement venue de deux joueurs au gabarit identique (1,70 m), mais qu'une fidélité commune lie au grand club catalan.

L'équipe nationale a longtemps été handicapée par l'attachement viscéral des joueurs à leur club pour ne pas goûter à sa juste valeur ce clin d'oeil du destin, au moment même où la Seleccion se replace au sommet de la hiérarchie continentale.

L'identité régionale a trop souvent pris le pas en Espagne sur l'affirmation nationale et la sélection en a fait les frais ces dernières années. Le onze espagnol ne parle désormais que d'une seule voix et personne d'autre que le tandem Xavi-Iniesta ne pouvait incarner cette unité retrouvée.

Dans une partie fermée à double tour, la chevauchée de Xavi et son but après un relais avec Iniesta ont lancé la machine "Roja" vers la finale avant que Güiza (73e) et Silva (82e) ne corsent l'addition et scellent une victoire espagnole amplement méritée.

Pour les deux milieux de terrain du Barça, cette action salvatrice sonne surtout comme une revanche dans un Euro où ils ont eu du mal à donner leur pleine mesure.

La sélection de Luis Aragones s'était jusqu'ici reposée sur l'efficacité de Villa, meilleur buteur du tournoi (4 buts). Xavi et Iniesta restaient, eux, sur une prestation insipide en quarts de finale contre l'Italie. Leur remplacement avant l'heure de jeu (59e) avaient résonné comme une punition sinon comme un sérieux avertissement adressé par le technicien ibérique.

Cette fois, Villa sorti sur blessure en première période (34e), il fallait bien que quelqu'un endosse la responsabilité du secteur offensif espagnol. Et ce sont les deux milieux de terrain du Barça qui ont brillamment repris le flambeau, alors que Torres était bien muselé par la défense russe.

Malgré une saison honorable avec le FC Barcelone, Iniesta n'avait pourtant jamais réussi à trouver sa vraie place au sein de la sélection espagnole, ballotté de droite à gauche.

Quant à Xavi, la rivalité sportive qu'il entretient avec Fabregas l'avait sans doute paralysé, lui l'homme aux 61 sélections. Aragones prenait d'ailleurs un malin plaisir à faire entrer le joueur d'Arsenal à sa place dans la dernière demi-heure, une manière de lui mettre la pression jusqu'au bout.

Mais cette demi-finale remportée contre la Russie a peut-être changé la donne. Dimanche en finale, l'Espagne pourra enfin compter sur deux joueurs retrouvés et libérés pour mettre à mal le collectif et la solidité des Allemands.
Copyright Groupe le Matin © 2025