30 Septembre 2022 À 20:12
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La région de Marrakech-Safi vit aujourd’hui au rythme d’une bonne dynamique économique. Presque tous les secteurs reprennent de la vigueur dans cette région, particulièrement son vaisseau amiral : le tourisme. C’est ce qu’a affirmé le président du directoire de la Banque Centrale Populaire (BCP) de Marrakech-Béni Mellal, Abdelilah El Ouardi, qui fait état d’une propension croissante à l’investissement dans cette région. S’exprimant lors de la septième étape des «Régionales de l’investissement» tenue à Marrakech, M. El Ouardi a indiqué qu’«un potentiel d’investissement de 2,3 milliards de dirhams a été identifié dans cette région dans le cadre de ces Régionales, ce qui en fait la deuxième après Casablanca-Settat». La Banque Populaire, forte de son ancrage historique et de son leadership dans la région de Marrakech-Safi (possédant 30,8% de ressources et occupant la première place du marché en termes de crédits) est témoin de cette volonté retrouvée d’investir notamment dans le secteur du tourisme où, après un passage à vide, de grands opérateurs commencent à venir s’installer. Pour sa part, le deuxième vice-président de la région de Marrakech-Safi, Ahmed Akhchichen, a souligné lors de son intervention qu’«aujourd’hui, la Banque Populaire offre l’opportunité de se doter d’une gouvernance régionale ayant pour vocation de capter les enjeux et surtout d’intégrer les logiques qui sont celles des dynamiques des territoires de la région, d’où l’importance de mettre en place, par exemple, des fonds régionaux dédiés pour soutenir les investissements dans les régions». «Il est absolument nécessaire, aujourd’hui, d’engager une logique régionale de mise à disposition de ressources financières aux projets. Nous ne pouvons plus continuer à raisonner comme nous l’avons fait jusqu’à présent, c’est-à-dire en copiant simplement ce qui se fait au niveau national et en essayant d’apporter des adaptations», a-t-il fait remarquer.
«Nous accueillons ici à Marrakech la septième étape des “Régionales de l’investissement” sur le thème de l’industrie chimique et para-chimique, après le plein succès de la première édition organisée l’année dernière. Aujourd’hui, ces rencontres régionales sont devenues un événement phare qui rassemble le gotha des acteurs institutionnels nationaux et régionaux pour présenter à nos clients l’ensemble des dispositifs de soutien à l’investissement de l’État ainsi que les solutions de financement mises en place par notre Groupe. Le bilan de la première édition a été très positif à notre niveau où un potentiel d’investissement de 2,3 milliards de dirhams a été identifié. À ce jour, nous avons accordé une enveloppe financière de près de 400 millions de dirhams et nous avons des projets en cours de finalisation qui seront financés par une enveloppe supplémentaire de 400 millions de dirhams. Nous continuons également à soutenir le financement des TPE, qui constituent un axe stratégique pour notre Groupe, et nous détenons aujourd’hui une bonne part de marché au niveau régional, où nous assurons 40% du financement de quelque 1.580 projets impliquant des TPE.»
Ahmed Akhchichen, 2e vice-président de la région de Marrakech-Safi : «Beaucoup de choix qui ont été faits pour développer certains secteurs doivent être revus»
«Nous nous retrouvons aujourd'hui après presque un an dans le cadre de cette belle initiative de la Banque Populaire, dédiée aux questions d'investissement dans les territoires et les régions en particulier. Bien sûr, une année comme celle que nous avons vécue a été empreinte de nombreux moments forts et de grands changements. Nous avons pu échanger autour de ce que nous avons tous vécu. Aujourd'hui, nous savons ce que la Covid nous a coûté et aussi l'impact de la question de l'eau à la fois sur les activités économiques, mais aussi sur la vie sociale et la vie de nos concitoyens. Nous savons également que les changements du contexte géopolitique à l'échelle internationale ont un impact sur notre économie. Tout cela rend donc nécessaire la réunion avec l'ensemble des opérateurs économiques, des acteurs institutionnels et des partenaires financiers, pour comprendre ce qui nous attend et identifier les opportunités de demain. Je pense que ces échanges, comme les éditions précédentes l'ont montré, permettent, par la mise en commun de cette intelligence collective, d'ouvrir de nouveaux horizons. Nous savons aujourd'hui que nous devons transformer complètement et radicalement beaucoup de façons de faire que nous avions l'habitude de déployer. Nous savons aussi que beaucoup de choix qui ont été faits pour développer certains secteurs doivent être revus. Mais, nous savons surtout qu'il y a un potentiel qui est réel au niveau de notre région qui est une région dynamique avec des atouts essentiels, mais qui présente également un certain nombre de déficits et de défaillances qu'il appartient à ces intelligences mises en commun aujourd'hui de déceler et de définir ce qui doit être mis en avant demain et surtout de quelle boîte à outils avons-nous besoin pour pouvoir continuer à développer cette région.»
Abderrahmane Zaghrary, secrétaire générale de la Fédération de la chimie et de la parachimie : «Les industriels de notre secteur ont montré et peut-être surpris par leur engagement dans le processus de transition énergétique»
«Les échanges qui ont eu lieu aujourd'hui dans le cadre de ces “Régionales de l’investissement” de la Banque Populaire autour de l'industrie chimique ont été très enrichissants. Aujourd'hui, les industriels de notre secteur ont montré et peut-être surpris par leur engagement dans le processus de transition énergétique et de décarbonisation. L'industrie chimique a déjà entamé sa reconversion en tenant compte des perspectives d'avenir pour le développement de ses exportations avec des produits répondant aux nouvelles normes environnementales.»
Youssef Mouhyi, président de la CGEM de Marrakech-Safi : «Il faut aujourd’hui repenser l'investissement et stimuler l'état d'esprit des entrepreneurs»
«Nous remercions la Banque Populaire pour cette initiative parce que, effectivement, il faut repenser l'investissement et stimuler l'état d'esprit des entrepreneurs pour qu'ils croient en l'avenir, car il y a de nouvelles opportunités d'investissement et de croissance, surtout dans notre région. Après la crise de la Covid et les complications qui ont suivi, aujourd'hui nous avons besoin de croire et d'aller de l'avant et la Banque Populaire est à nos côtés avec tous ses moyens et son savoir-faire pour aider les entreprises, petites, moyennes et grandes, à repartir sur l'investissement productif et la création de richesse et d'emploi, que ce soit à Marrakech ou ailleurs. Notre région regorge d'opportunités dans beaucoup de domaines tels le tourisme, l'agroalimentaire, la cosmétique, les industries culturelles et créatives, etc., et elle se présente véritablement aujourd'hui comme l'endroit rêvé pour investir.»
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Entretien avec le SG de la Fédération de la chimie et de la parachimie (FCP)
Abderrahmane Zaghrary : «L’industrie chimique est challengée par les défis de développement à l’international et de la décarbonation»
Le Matin : Les réalisations du secteur de l’industrie chimique, hormis celles de l’OCP, sont en dessous des aspirations. À quels facteurs attribuez-vous ce constat ?
Abderrahmane Zaghrary : Tout d’abord, permettez-moi de souligner que les réalisations du secteur de la chimie-parachimie hors OCP sont en progression constante depuis plusieurs années, et ce à plusieurs niveaux : chiffre d’affaires, volume, valeur substituée à l’import, l’export qui a réalisé 190% de croissance sur 6 ans et le montant des investissements réalisés. Ces performances concernent les différentes filières de la chimie. Pour rappel, la chimie au Maroc, c’est 120 milliards de dirhams de CA avec l’OCP (50 milliards hors OCP), 60.000 emplois, 1.500 entreprises, dont 85% à activité industrielle. La chimie marocaine représente 30% de la chimie africaine (27 milliards de dollars). Toutefois, le secteur reste challengé par les défis de développement à l’international, de la décarbonation et autres et est déjà engagé pour les relever comme largement décrit lors de la dernière assemblée générale ordinaire (AGO) de la FCP. Le ministre de l’Industrie et du commerce a parlé, lors de la dernière assemblée générale de la FCP, de «redimensionner le secteur» en fonction des marchés régionaux et mondiaux.
L’industrie chimique et parachimique marocaine est-elle en mesure d’opérer ce redimensionnement ?
Oui, l’industrie chimique et parachimique est en mesure d’opérer ce redimensionnement, elle y est déjà engagée, car durant les deux dernières années et malgré la crise sanitaire, certains leaders nationaux se sont engagés dans ce redimensionnement, comme en témoignent les investissements réalisés par 3 groupes de notre Fédération pour augmenter leurs capacités de production ou de diversification pour répondre à la demande locale et participer ainsi à la stratégie de développement de la souveraineté industrielle du pays et développer l’export, particulièrement en Afrique. Toutefois, d’autres opérateurs nationaux ou internationaux peuvent être intéressés par ce redimensionnement et pour cela des préalables sont nécessaires, à savoir le foncier industriel, la refonte du dahir du 25 août 1914 (3 chaoual 1332), le coût de l’énergie, etc., et dans ce cadre, certains chantiers sont ouverts avec le ministère de tutelle et les administrations concernées.
Le ministre a également parlé de 191 projets provenant de la banque de projets touchant le secteur de l’industrie chimique et parachimique qui seront réalisés d’ici douze à dix-huit mois. Pouvez-vous nous parler de ces projets ?
Ces projets concernent pratiquement toutes les filières de la chimie-parachimie : détergents et produits d’entretien, cosmétique et huiles essentiels, peintures, colles, colorants, etc. Ils seront installés dans différentes régions du pays, avec un montant d’investissements de 4 milliards de dirhams, 5.000 emplois directs et 11.000 indirects.
Quelles filières de l’industrie chimique et parachimique sont-elles promises à un développement soutenu dans les années à venir ?
Je crois que la réponse à cette question se trouve dans la conclusion de la première : toutes les filières de la chimie sont engagées dans des mises à niveau réglementaires, innovation, investissement… pour développer leurs réalisations autant sur le marché local qu’international.
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