Lettres aux Américains "Friends, Americans … lend me yours ears"
J'emprunte au génie William Shakespeare (W.S.) ce cadre dramatique dans lequel se situe principalement l'oraison funèbre d'un Antoine devant le corps gisant de César assassiné par Brutus. Elle commence ainsi : «Amis, Romains, compatriotes, prêtez-moi l'o
Ne cédez donc point à l'amalgame et surtout à la tentation de nous placer, musulmans et arabes, dans cette équation inacceptable qui cultive le soupçon et affirme sans ambages que tout musulman, tout arabe = terroriste.
Amis, Américains, patriotes, prêtez-moi l'oreille
«Je vous connais cette vertu … comme je connais vos traits extérieurs. Eh bien ! c'est d'honneur que j'ai à vous parler … « (W.S.)
Je viens ensevelir vos morts innocents et non louer les actes barbares comme le laissent supposer diatribes et opprobre, montées de toute pièce par les médias occidentaux - à quelques rares exceptions - qui veulent à tout prix accréditer les thèses de Mister Huttington et son «clash» des civilisations et de justifier la montée au créneau de la bête immonde, raciale et xénophobe.
Relisez l'Histoire universelle … à y voir clair, les «clash» ne manquent pas au tableau de chasse que se sont offerts différentes phases de la race humaine …
Refutez donc le manichéisme - get rid of it ! - bannissez l'amalgame car y consentir est le meilleur moyen de faire dominer la haine et instaurer le cercle vicieux de la violence.
J'ai suivi les événements, comme tout citoyen du monde, et cette vaillante levée de solidarité et celle de la planète entière contre la barbarie. Lorsque M. Bush s'est présenté dans une mosquée et a prié les siens, tous les siens et non seulement les W.A.S.P., appelant que la 110n devrait être unie, réaffirmant que la diversité américaine, ce «melting pot» en souches ethniques et en croyances, fait bien la richesse, le génie et la force de l'Amérique , il reconnaissait ainsi que musulmans et arabes y contribuent aussi. Je me reconnais dans cette voix qui apaise, qui rassure et qui a besoin d'être rappelée indéfiniment comme pour l'opposer à l'horreur des images apocalyptiques du 11 septembre.
Mais, amis, américains, qui me prêtez l'oreille … faut-il que ce discours soit seulement adressé aux citoyens américains où fallait-il en faire un crédo planétaire ?
Car, amis honorables, je suis contre tous les soupçons qui inventaient hier le «péril jaune», les «sorcières» , et aujourd'hui risquent d'instaurer le crime onomastique oriental ou du faciès atypique … Les voix apaisantes doivent être multipliées pour que l'élan solidaire soit unité contre la bête d'où qu'elle provienne.
Quand cette voix s'élève, je m'y reconnaît et justifie l'hymne de l'homme où qu'il se trouve.
Vous êtes patriotes et je l'ai constaté. Le drapeau de votre pays, flottant sur tout édifice, arboré par des mains de citoyens et citoyennes gagnés par la peine et le désarroi en ces jours durs, résumait dans son deuil et dans sa vibration aux vents d'automne ce que signifie l'appartenance et consolide l'attachement à vos idéaux, qui sont ceux des «pères fondateurs» et que, dans leur universalité, je partage, car l'Amérique des origines a été la 110n née de la liberté et qui ouvrait ses bras aux déshérités de la terre.
J'aurais été certainement de ceux qui, ce 11 septembre noir, secouraient sous la menace des décombres comme mon cœur allait vers les innocents dans d'autres drames humains au Vietnam, à Beyrouth, Sabra et Chatilla, à Soweto où sur d'autres lieux de la folie humaine.
Certainement, j'aurais été au Yankee Stadium de New York où des prières ont imploré Dieu l'unique et des chants angéliques ont exprimé dans toutes les langues la peine et la compassion afin de bannir la haine.
J'aurais été présent aussi parmi vos citoyens qui ont dit, en Amérique, d'une voix vive et consciente «love but not war» - once again ! - pour que la réponse à la barbarie n'enfante pas la haine.
«Le mal que font les hommes vit après eux ; le bien est souvent enterré avec leur os … « (W.S.)
Le mal, ami, américains, qui me prêtez l'oreille … est en ce moment le terrorisme. Mais où se situent donc les limites de la «guerre légitime» pour que celle-ci ne soit pas elle-même le mal ?
Rappelez-vous l'Histoire, toute 110n en a une, et je ne doute point que les Etats Unis soient une grande 110n et qu'ils aient une vaillante histoire. Le terrorisme en a aussi. Il est avant tout, et vous en conviendrez, une invention de l'Occident si l'on en juge par les repères de l'Histoire universelle contemporaine depuis les révolutions américaine et française. Les Etats - 110ns ont eu à combattre le terrorisme au berceau de leur formation avant même que le monstre n'apprenne à sillonner la terre et devenir planétaire. Il est aisé de retrouver des dates dont je ferai l'économie.
La 110n américaine fait les frais du terrorisme et il est difficile de réfuter qu'en quelques années la démonstration est accusée, qu'Oklahoma City, New York et Washington, toutes proportions sinistres gardées, sont des visages d'un même monstre.
Il faut se résoudre à considérer l'histoire du terrorisme comme un fait individualisable certes mais sans être chauvin et de ne voir que ses colonnes extérieures. Il a une histoire et la planète est devenue étroite pour qu'il ne l'habite en tout lieu et qu'il ne circule sous toutes les latitudes usurpant toutes les fois, toutes les identités et tous les accoutrements.
A chaque phase de l'évolution du monde contemporain, il a revêtu des formes et s'est développé dans certaines zones plutôt que dans d'autres. L'Europe, l'Amérique latine et l'Asie hier, puis d'autres contrées aujourd'hui … il faut voir plus clair pour ne pas en faire la spécialité de peuples ou de croyances d'une manière irrationnelle.
Il a été incontestablement l'invention de l'occident comme beaucoup d'autres inventions. Rappelez-vous que la «Old Europe» depuis ses révolutions décisives a, dans ses luttes intestines, généré le terrorisme comme erzats et qu'il s'est métamorphosé et s'est sophistiqué en recourant comme toute criminalité organisée au savoir. Il a accompagné la révolution industrielle et s'est servi des conquêtes du savoir scientifique dont la chimie et la physique puis la mécanique et plus tard l'électronique et l'informatique, sont des domaines privilégiés qui lui ont offert des moyens redoutables.
Lisez les journaux d'aujourd'hui, on y parle de «gazs toxiques rares» inventés récemment ; et de la menace d'attentats bactériologiques, chimiques voire nucléaires relève de l'épée de Damoclès prise au sérieux .
L'Histoire , mère des sciences ! Rappelez-vous les autres ingéniosités de l'Occident au faît de sa puissance, ses inventions : la colonisation, le fascisme, le communisme, l'anarcho-nihilisme et les différentes formes de dictatures militaires , ont éclos d'abord en occident qui ont fait tant de gâchis avant de faire des émules et des dégâts partout dans le monde.
Alors, faute de dialogue avec le Sud qui sort à peine de la nuit coloniale, qui singe vos dictatures et fascismes avant que ne leur soit opposée le recours aux commandements de la Déclaration des droits de l'homme … l'hémisphère sud, par raccourci facile ou par déductions accommodantes fait le test de son «authenticité» et de son histoire (pourquoi donneraient-elle raison à Rostow?), refuse «les lumières» et désigne l'Histoire de l'occident, comme le mal, le «Satan» et adopte à son tour le manichéisme … L'identité et l'altérité s'affrontent.
Le terrorisme a donc servi en Occident souvent comme déclencheur de «clash» entre 110nalismes dont les animosités entre régimes alimentaient les tensions et des guerres, et ont produit des effets «boom rang» contre l'humanité dont ils embrasaient les demeures.
Amis, américains, patriotes, prêtez-moi l'oreille.
Prenez des exemples retentissants du XIX siècles, ceux qui ont été l'étincelle de la Ière guerre mondiale jusqu'à ceux qui ont été contre vos intérêts en Amérique latine dont les «Tupamaros», pour ne citer que ceux là, ont développé des modèles (prises d'otages, assassinat d'ambassadeurs), la CIA perfectionnait aussi ses méthodes en ces temps-là...
L'Europe a revécu, comme par atavisme, des convulsions et le vit encore. La guerre froide aidant, la technologie aussi et le Q.I. des acteurs grimpait avec la Bande à Baader allemande, les Brigades Rouges italiennes, l'Armée Rouge japonaise... La stabilité de l'Europe, à défaut des Etats, y prenait (et toujours) un coup sévère.
Le recours des Palestiniens à ces techniques relève de l'emprunt à ces modèles et avec plus de cran tant la cause traduisait un désespoir devant la sourde oreille de l'Occident (et du monde) à l'injustice faite au peuple de Palestine.
L'invention du «Hijaking» et du passage à l'explosif d'avions collait, télévision aidant, le terrorisme «sophistiqué» aux Palestiniens... et comme aujourd'hui aux Arabes, aux Musulmans... Or, faut-il le rappeler, le terrorisme comme toute criminalité évolue socialement, technologiquement... et le choix des moyens répond certainement à l'évolution générale pour défier l'ordre.
Toute revendication non négociée «civilement» passe par des convulsions plus ou moins maîtrisées. Qui se souvient qu'un Ben Gourion, un Moshé Dayan et d'autres encore étaient «fichés» comme terroristes par les Anglais de la Palestine sous mandat ?
Contre l'amalgame, convenez-donc que le terrorisme n'est pas l'apanage des seules sociétés arabo-musulmanes et il faut raison garder car les Arabes, les Musulmans sont aussi, comme vous Américains, Occidentaux hier et aujourd'hui encore, victimes de leurs extrémismes, de leurs fascismes affirmés ou naissant...
L'Islam et l'arabité vivaient, au sortir de la colonisation, sous le nuage mondial de la guerre froide entre Occidentaux, aux marges et il sont devenus un centre d'opérations pour deux raisons : l'énergie et la Palestine. Mais, l'Islam a servi de ressource première pour votre théorie du «containement» contre le communisme qui justifient de construire un mur (de croyance), comme celui de Berlin, qui allait mener vers l'invention dans vos laboratoires d'anthropologie de l'»islamisme», des «spécificités intérieures» de l'Islam, de ses portées ethniques... jusqu'au retour du bâton sévère en Iran... et aujourd'hui en Afghanistan...
Vous en conviendrez chers amis, Américains, patriotes qui me prêtez l'oreille.
Je ne veux pas m'étaler sur ce «géronimo» des temps modernes - tant il vous oppose sa propre guerre sainte - ce Ben Laden doté de toute cette capacité démoniaque pour toucher l'Amérique dans son for intérieur et ensanglanter son honneur... Vous le recherchez «Dead or alive» avec rançon alléchante comme au temps de votre conquête de l'Ouest. Convenez que votre nouvelle frontière est planétaire. Si c'est lui, la justice sera faite.
«Bons amis, doux amis, que ce ne soit pas moi qui vous provoque à ce soudain débordement de révolte !» (W.S.)
Rappelez-vous que l'extrémisme islamiste a d'abord nui, et depuis fort longtemps, aux pays musulmans eux-mêmes. Alimenté par une reconnaissance, voire par la complaisance scientifico-politico-stratégique, l'Occident a donné à l'islamisme sa profondeur stratégique. Ben Laden et ses tentacules ne sont-ils pas sortis de vos meilleurs labo, servi vos stratagèmes avant de tourner l'arme contre l'Amérique et «théorisent» l'Islam radical non contre le sous-développement mais contre la modernité qu'incarne l'Occident ?
Revenons donc à votre credo et observons la lueur.
La démocratie, les droits de l'Homme hissés comme préalable à toute coopération (business compris) avec les Musulmans, sont des principes contenu dans «Les lumières» et inscrits dans votre constitution éternelle inspirée et rédigée par les «pères fondateurs». Ils sont opposés comme conditions, vous en convenez (les rapports de votre Congrès en témoignent comme d'une épée de Damoclès).
Mais admettez, chers amis qui me prêtez l'oreille, que les extrémismes nés de la théorie du «containment» et d'un orientalisme primaire et regrettable ont créé des blocages sérieux aux transitions vers la démocratie dans le monde arabo-musulman . Ils ont eu pignon sur rue pendant toute la phase de la guerre froide et ont nourri subrepticement la violence comme voie d'opposition car ils miroitent l'"archétype ancestral» et le refus de la modernité dans un contexte de crise des valeurs et d'échec des modèles de développement. Ils ont aussi et surtout justifié plus tard le maintien de régimes militaires et le prolongement de situations de crise qui légitiment l'ordre sécuritaire minoritaire et différé ainsi le passage à la «démocratie substantielle». Tous les démocrates, humanistes sont confrontés au haut risque dans leurs sociétés d'être l'allié objectif de l'Occident celui-là même qui les rejette … Faut-il citer des cas graves qui ont souffert et continuent d'endurer l'extrémisme tels que l'Algérie et l'Egypte … Ce pays ayant pourtant appelé depuis fort longtemps à une conférence internationale pour la lutte contre le terrorisme qui l'a rongé et a menacé sa stabilité .Eût-il été écouté, le terrorisme aurait-il trouvé refuge à Washington, à Londres, à Bonn ou à Paris ?
«Je ne viens pas, amis, pour enlever vos cœurs, je ne suis pas orateur … , mais comme vous le savez tous, un homme simple et franc, qui aime son ami … « (W.S.)
Amis, Américains, patriotes, prêtez-moi l'oreille …
«Les actes aveugles du 11 septembre 2001 justifient le recours à la «légitime défense» tel que la dernière résolution du conseil de sécurité autorise les Etats-Unis à en user.
L'Amérique a donc le droit d'en user mais pas d'en abuser comme d'un sauf conduit absolu. La solidarité internationale manifestée, vous en convenez, a obéi de votre part à une hiérarchisation selon l'adhésion ou non au «Coalition building». Les Européens ont émis des sons de cloche nuancés bien que l'OTAN ait songé et admis à recourir à l'article 5 de sa charte. On peut faire le décompte , selon des cercles concentriques de l'alliance, celle-ci étant par principe acquise pour lutter contre le terrorisme, entre ceux qui sont totalement solidaires, ceux qui le sont sous conditions, ceux qui demandent des preuves avant de s'engager et à l'opposé évidemment ceux qui se déclarent contre l'Amérique car se lavant les mains du terrorisme. Un leader européen a bien exprimé que «le chèque en blanc» ne doit pas figurer dans cette solidarité pour mieux parler d'une «solidarité conditionnée». "Alliés mais pas alignés», a-t-on ajouté du côté des Verts européens.
La colère ne serait-elle pas mauvaise conseillère ? Elle est justifiée au vu des actes du 11 septembre mais il faut raison garder pour ne pas commettre de bavure et donner raison aux terroristes.
Amis, Américains, patriotes, prêtez-moi l'oreille . Vous savez que vous êtes une puissance - devrions-nous douter que vous êtes une puissance - et celle-ci a toujours nourri des ambitions et en tant qu'ami je les veux légitimes bien que, par tradition et honneur une puissance n'ait pas besoin de donner des preuves mais …
«L'ambition devrait être de plus rude étoffe …» (W.S.)
Le constat sévère et amer est que votre puissance et la légalité ont été tenues en échec le 11 septembre 2001 à partir de données qu'un lecteur «tiers-mondiste» peut s'offrir comme informations journalistiques des kiosques à deux sous et des chaînes télévisées que la mondialisation a permis de semer. Cela veut dire :
- Que votre technologie ne vous a été d'aucun secours sur votre territoire et ailleurs sur la terre. J'ai appris comme tout le monde que même en disposant d'»Echelon», cette grande oreille planétaire, les systèmes de réception que vous avez mis en œuvre ont failli lamentablement sans parler du coût que le gadget a engendré pour vos concitoyens. La collaboration permanente et confiante dans un tel système de réception doit être de renoncer à une idée centralisée de l'Imperium pour qu'»Echelon» ne soit plus une façon unilatérale d'épier immoralement le monde. L'alliance exigée contre le terrorisme à laquelle l'Amérique appelle et dont le principe est une raison partagée parmi ses alliés de toujours doit être fondée sur le renoncement au monopole de l'avancée technologique que justifie la puissance à tout prix, surtout dans ce domaine sensible.
Les 110ns Unies, les systèmes régionaux de «sécurité collective» doivent être construits et mobilisés avec confiance pour la paix planétaire et non pas dans un esprit de «110nal security first» qui soulève réconfort intérieur mais ailleurs, crainte, envie et méfiance car la superpuissance entraîne des responsabilités externes aussi et pas seulement «pour faire le business avec l'Amérique». L'Angleterre , a-t-on montré, fait partie de cette «oreille gigantesque» mais sans s'en justifier encore auprès de ses partenaires continentaux … Les graines du doute sont là même entre bons Occidentaux.
Des commentateurs avertis et rompus aux techniques de «réception» et d'identification ont reconnu que l'»intelligence» requiert deux faces : l'une technologique et l'autre humaine. Semble-t-il, les faits du 11 septembre ont démontré que , vous avez l'une mais pas l'autre. L'enquête planétaire ouverte peut ainsi manquer de crédibilité si elle compte sur la seule puissance unilatérale. Faites confiance à vos amis où qu'ils se trouvent pour en finir avec le désordre planétaire.
Pouvez-vous accéder, dans la mouvante globalisation, à cette dualité parfaite sans une solidarité sans faille avec les autres Etats et sans opter pour la transparence ?
C'est d'un partenariat et non d'un contrat d'adhésion qu'il faut inviter dans la «construction de la coalition» contre le terrorisme.
C'est pour cela que l'adhésion des pays arabes à la coalition contre le terrorisme est acquise en tant que principe mais dans le cas d'espèce elle exige toujours la transparence de votre part. Les «preuves» exigées d'une éventuelle implication de Ben Laden et ses réseaux voire des Etats sont un échange de bons procédés. Mais, l'honneur blessé , meurtri de la puissance, celle-ci se refuse-telle à voir même auprès d'alliés arabes de toujours un lieu totalement sûr pour les aider à y voir clair ?
- J'invoque encore une seconde fois, des éléments techniques dont la coopération avec des pays arabes jusqu'à hier considérés comme alliés, qui pèsent et pèseront toujours sur la place de l'Amérique au sein du monde arabe.
Votre sécurité hier a été définie comme comptant sur l'appui stratégique de beaucoup de pays arabes surtout au Moyen-Orient. La guerre du Golfe , bien qu'elle ait perturbé l'ordre interne de l'entité arabe, a démontré la fidélité gros somodo de ces pays à la pax americana. Les lendemains de la guerre du Golfe démontrent toujours que l'Amérique s'en est tirée à bon compte et que c'est la péninsule arabique qui en porte les stigmates : un Irak affamé, encerclé mais pas à genoux, coût élevé de la facture, que le pétro-dollar couvre contre le développement local , avenir incertain sur la solution en Palestine sauf la certitude du diktat israélien et du «ghetto palestinien» et son martyr …
Si l'Amérique a une ambition d'une puissance morale et juste , celle qui la réconcilie avec les idéaux des «pères fondateurs» elle doit être dans cette aire géographique du Moyen-Orient (bien avant l'Asie centrale complexe) pour une œuvre urgente afin de lever l'embargo sur l'Irak, de réinsérer ce dernier régionalement, de trouver le juste milieu entre Palestiniens et Israéliens et d'éviter que cette ambition ne cède aux tentations d'évincer les autres puissances qui visent à agir positivement avec elle. Mais cette «ambition should be made of a sterner stuff» !
Amis, Américains, lend me your ears . L'Occident a installé l'Etat d'Israël et le fait accompli s'est mué en une réalité régionale, mais les bonnes leçons géopolitiques ont relevé qu'à ce point de vue strictement stratégique, l'Etat d'Israël a aux origines deux traits essentiels : «Etat de Juifs» selon la formule de Herzl (donc confessionnel) et enclave étrangère , occidentale en Palestine et de ce fait trois logiques géopolitiques (pouvant tant se combiner que se contredire) s'offrent à l'Etat hébreu : la logique de la forteresse, de Massada, ultime refuge en cas de nouveau malheur du «peuple élu» (la shoah est alors présente come dernière référence forte et les arabes les musulmans n'y étaient pour rien et en subissent pourtant les effets !).
L'image de Massada en appelle une autre : celle des Royaumes francs (1099-1291), établis au Proche-Orient par les croisades mais condamnés à disparaître, car restant étrangers à la région.
Il y a en second lieu la logique de la "terre promise» qui est un rêve qui contredit Israël en tant qu'Etat-110n car se rattacherait ici à la terre promise par Dieu à Moïse … On reconnaît le «grand Israël» auquel mène la croyance. Massada et terre promise sont vivaces encore en Israël.
Vous en conviendrez que l'extrémisme religieux se trouve dans les deux camps et l'eschatologie n'est pas seulement du côté du Hamas ou du Jihad. Le terrorisme n'a pas qu'un seul qualificatif ou un seul label. La dernière logique, la plus raisonnable est celle que vous , grande 110n du «melting pot», de la tolérance et grande puissance devrez encourager est celle de la paix et de l'entente. On en a vu quelques lueurs d'espoir lorsque Oslo a pointé à l'horizon. Mais que s'est-il réellement passé pour avoir permis encore à la folie meurtrière de prendre le dessus ?
Vous ne pouvez, amis honorables, disconvenir que l'extrémisme israélien trempé aux logiques du «Massada « et «du grand Israël avec Jérusalem comme centre «monopolistique» a pour symétrie la scralité revendiquée aussi chez les musulmans palestiniens et d'ailleurs qui s'attachent à Jérusalem, lieu de la première kibla, troisième sanctuaire et terre natale de ‘Issa, Moussa, Ibrahim en qui ils reconnaissent leur généalogie.
N'évacuez point cette donnée et il est de votre devoir de viser juste en évitant que l'appui ne soit inconditionnel à Israël en ignorant totalement la croyance religieuse des musulmans. L'évacuation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est et la consécration d'un Etat palestinien (conditionnée par d'éventuels «concordats» sur les lieux Saints et surtout par l'abandon de la politique des colonies juives) est la voie la plus juste pour qu'Israël soit intégrée et retrouve son identité orientale voire augurer des développements fructueux entre des «cousins-ennemis» , fils d'Abraham , le Patriarche.
Le cataclysme du 11 septembre 2001 comprend le drame qui se déroule au Proche-Orient. Faute d'avoir maîtrisé le développement de ce conflit dans ses limites purement «110nalitaires», il s'est «confisé» puisque la donnée religieuse a pris le dessus depuis l'assassinat d'Itzhak Rabbin par un juif «intégriste» d'origine yéménite jusqu'à la montée de Sharon totalement habité par le Massada et le «grand Israël». Cela a exacerbé les autres extrémismes …
«Ô jugement, tu as fui les bêtes brutes, et les hommes ont perdu leur raison !» (W.S.)
Peuple ami, chers américains qui placez la liberté au fronton de vos institutions, frappez «in god we trust» sur vos monnaies, ambitionnez prospérité pour les vôtres et pour les humains, telle que le nouveau continent vous l'a offerte tumultueuse mais aussi avec la sueur du labeur dur, avec la foi en l'homme libéré de l'oppression, réconcilié avec lui-même, je vous dis que la raison doit commander à la passion et la justice a ses canons que tout peuple libre sait apprécier à sa valeur équitable. Vous êtes "friends , faithful and just to me « (W.S.) et je plaide pour que vous bannissiez la guerre comme solution à un fléau tentaculaire difficilement localisable et donc non vulnérable à des opérations de guerre massives que dicte pourtant l'horreur du 11 septembre 2001 comme réponse. La poursuite méthodique des tentacules financières et humaines de tous les terrorismes se veut une œuvre de longue haleine mais travail concerté qui ne soit pas seulement être dictée par l'ire issue du cataclysme subi.
J'entends déjà les tambours, les marches des troupes … sur l'Afghanistan et peut être ailleurs et les stratèges n'excluent point le sacrifice de vos enfants et ceux des autres peuples.
Si telle est la volonté bien réfléchie :
«Maintenant , laissons-faire.
Mal , te voilà déchaîné, suis le cours qu'il te plaira …». (W.S.)
Amis , Américains, patriotes, prêtez-moi l'oreille
Je réitère ma solidarité aux innocents morts atrocement. Je suis contre la violence d'où qu'elle émane et m'en remets à la raison, à la justice que celle-ci commande et je vous dis qu'une grande 110n comme la vôtre a connu tant d'épreuves dont un révérend officiant hier à New York a dit avec rhétorique, du style du grand Martin Luther King, qu'elle «Went through» : elle s'en est toujours sortie. Il a cité bien des crises et drames où il appartient à Dieu et à l'Histoire de juger de quel côté se situait la justice dans l'itinénéraire des 110ns, la votre comprise.
Tant que j'ai encore vivaces ces images et fortes du cataclysme engloutissant des âmes innocentes, je vous dis sur le ton d'Antoine, à la fin de son oraison funèbre dans ce superbe style du grand William :
«My heart is in the coffin there … and I must pause till it comes back to me».
(Mon cœur est dans le cercueil, là… et je dois m'interrompre jusqu'à ce qu'il me soit revenu… ).