Début du déploiement de la force navale de l'OTAN en Méditerranée orientale
L'OTAN a commencé à déployer sa force navale permanente en Méditerranée pour la positionner dans le secteur oriental comme les Etats-Unis en avaient formulé la demande, a annoncé mardi un porte-parole de l'Alliance Atlantique à Bruxelles.
MAP
10 Octobre 2001
À 18:37
L'objectif est de fournir une présence de l'OTAN et de montrer la résolution de l'Alliance dans l'est de la Méditerranée, a affirmé un responsable de l'OTAN cité par l'agence Belga. Celui-ci a précisé que les navires resteront sous l'autorité du commandant en chef des forces alliées en Europe, le général américain Joseph Ralston.
Le déploiement concernerait pour le moment la seule Stanavformed, l'une des quatre forces permanentes de l'OTAN.
Cette unité est composée d'un destroyer grec, de sept frégates (allemande, néerlandaise, portugaise, espagnole, turque, britannique et américaine) et d'un pétrolier ravitailleur allemand.
Lundi dernier, le secrétaire général de l'OTAN, Lord George Robertson, avait annoncé le déploiement par l'Alliance de cinq avions-radar awacs de sa flotte commune aux Etats-Unis.
Ces avions sont destinés à relever des appareils américains de même type engagés dans la lutte contre le terrorisme 111110nal, avait-il précisé.
L'OTAN avait approuvé, jeudi dernier, la demande d'assistance militaire formulée la veille par les Etats-Unis en prévision de ses frappes contre l'Afghanistan.
Les engagements pris par l'OTAN ne sont de toute évidence pas limités dans le temps , avait affirmé alors Lord Robertson en faisant état notamment de la disposition de l'Alliance à déployer des éléments de ses forces navales.
Dès le lendemain des attentats du 11 septembre à New York et à Washington, l'OTAN avait invoqué, pour la première fois depuis sa création il y a 52 ans, l'article 5 de sa charte qui stipule qu' une attaque armée contre l'un ou plusieurs des pays alliés, en Europe ou en Amérique du nord, sera considérée comme une attaque dirigée contre tous les alliés .
En France, au moment où la droite française semble approuver avec toutes ses composantes l'engagement militaire de la France aux côtés des Américains, au lendemain des frappes contre l'Afghanistan, la majorité plurielle (de gauche) se trouve divisée sur l'111vention de l'armée française, avec un risque réel d'éclatement de la cohésion.
Les verts et le parti communiste français (PCF), deux formations indispensables pour la survie de la gauche plurielle, se sont nettement démarqués de la position du parti socialiste (PS), qui avait affirmé lundi par la voix de son porte-parole, Vincent Peillon, qu'il considère légitimes les frappes américaines, dirigées de façon ciblée et maîtrisée contre les terroristes et ceux qui oppriment le peuple afghan .
Robert Hue, numéro un du PCF, est d'un tout autre avis puisqu'il a émis des doutes sérieux sur la possibilité pour les Américains de conduire les opérations de guerre sans conséquences pour le peuple afghan.
Les présidents des groupes PCF à l'assemblée et au sénat, Alain Bocquet et Nicole Borvot ont demandé lundi à Lionel Jospin d'organiser dans les heures qui viennent une consultation du parlement sur un engagement de la France aux côtés des Etats-Unis.
Il n'est pas question que l'exécutif décide seul. Nous voulons que le gouvernement nous consulte réellement et tienne compte de nos avis , a fait savoir le PCF.
De leur côté, les verts ne se contentent pas d'une simple consultation au Parlement. Ils demandent l'organisation d'un vrai débat suivi d'un vote. En aucun cas, le gouvernement français ne doit s'avancer plus avant dans cette guerre sans que le Parlement ait été de nouveau réuni pour décider de la nature de l'engagement de notre pays et faire des propositions alternatives à la logique de guerre , a déclaré lundi, la direction du mouvement dans un communiqué.
Entrer dans une logique de guerre serait ajouter la violence armée à la violence terroriste , ajoute le communiqué.
Cette consultation du Parlement avait déjà été évoquée par Lionel Jospin qui avait promis le 18 septembre, dans une riposte au Président de la République, M. Jacques Chirac, que la France ne s'engagerait pas aux côtés des Américains sans consultation du Parlement . Nous rappelons cette promesse , a indiqué lundi la responsable des verts Dominique Voynet.
Cette mise en garde des verts et du PCF pourrait mettre Lionel Jospin en grande difficulté au moment où la proximité des élections ne lui laisse d'autre alternative que de poursuivre la stratégie de la gauche plurielle engagée depuis 1997.
Dans le camp des socialistes, qui ont mal accueilli ces critiques, on laisse entendre que les velléités pacifistes tenaient peu de place au caractère impérieux de la riposte militaire, rappelant que les verts et le PC s'étaient déjà opposés en 1991 à la participation de la France aux frappes contre l'Irak.
A droite, malgré la diversité des candidats à la présidence, les divergences ne sont pas de mise. Sans surprise, François Bayrou du Rassemblement pour la République (RPR) a indiqué que la riposte est logique . Il en est de même pour le candidat de l'Union pour la démocratie française (UDF), François Fillon et aussi pour Charles Pasqua du Rassemblement pour la France (RPF) qui s'est dit tout à fait favorable à la participation des forces françaises aux actions militaires.
Tout en réaffirmant son soutien à cet engagement, Alain Madelin, candidat de la démocratie libérale (DL), a émis l'espoir que la France exprime davantage une solidarité bien claire avec les Etats-Unis .
A noter enfin qu'au-delà des attitudes (pour ou contre l'engagement de la France), aucun candidat ne saurait ignorer, à sept mois de l'échéance électorale, l'opinion de ses électeurs.