Haytam Boussaid
24 Décembre 2024
À 16:44
L’industrie automobile japonaise s’apprête à franchir une étape historique avec la possible fusion entre
Nissan,
Honda et
Mitsubishi Motors. Les trois constructeurs ont signé un protocole d’accord visant à intégrer leurs activités, une décision qui pourrait faire émerger le troisième plus grand constructeur mondial en termes de ventes, derrière
Toyota et
Volkswagen. Ce projet intervient dans un contexte de transition vers l’électrification, où les constructeurs japonais cherchent à rattraper leur retard face à leurs concurrents.
La fusion, si elle se concrétise, permettrait aux trois groupes de mutualiser leurs ressources pour relever les défis liés aux véhicules électriques et aux nouvelles technologies. Nissan, en collaboration avec Honda et Mitsubishi, explore des synergies dans les domaines des batteries, des groupes
motopropulseurs hybrides et des logiciels pour la conduite autonome. Les trois entreprises visent à réduire les coûts, accélérer l’innovation et améliorer leur compétitivité sur un marché en rapide mutation.
Selon
Makoto Uchida, PDG de Nissan, cette intégration est une opportunité d’offrir «une valeur encore plus grande à une clientèle plus large». De son côté, Honda pourrait bénéficier des
technologies électriques et hybrides de Nissan, tandis que Mitsubishi apporterait son expertise dans les
SUV compacts, un segment en pleine croissance.
Un poids économique significatif
La fusion créerait un groupe valorisé à plus de 50 milliards de dollars, basé sur la
capitalisation boursière actuelle des trois entreprises. Avec une production combinée d’environ huit millions de véhicules en 2023, cette nouvelle entité se positionnerait juste derrière Toyota, qui a produit 11,5 millions d’unités la même année.
Malgré cette consolidation, chaque
constructeur conserverait des lignes de produits distinctes, tout en partageant des composants et des plateformes. Par exemple, Honda pourrait intégrer des SUV de grande taille issus de la gamme Nissan, tandis que les trois groupes poursuivraient leurs recherches conjointes sur les batteries et les technologies d’électrification.
L’industrie automobile poursuit sa montée en puissance à l’export, consolidant sa position de champion des secteurs exportateurs au Maroc. Au premier semestre de l’année, ses expéditions ont bondi de 8,5% à 92,7 milliards de DH, portées par le segment de la construction (7,3% à 40,8 milliards de DH) et le câblage (8,3% à 32,2 milliards). Les phosphates et dérivés affichent également une bonne dynamique à l’export au premier semestre, les exportations ayant grimpé de 14,1% à 46,16 milliards de DH. En revanche, l’agriculture et l’agro-industrie, le textile et cuir et l’électronique et l’électricité affichent de mauvaises performances.
Cette fusion intervient également dans un contexte économique difficile pour les
constructeurs japonais. Nissan, confronté à des difficultés financières ces dernières années, a réduit ses effectifs et sa capacité de production. L’entreprise cherche à regagner en efficacité et à mieux répondre aux attentes des marchés internationaux.
De son côté, Honda a vu ses bénéfices nets chuter de 20% au premier semestre de son
exercice fiscal, notamment en raison d’une baisse des ventes en Chine.
Mitsubishi, plus petit acteur du trio, reste confronté à des défis similaires, bien que son expertise dans certains segments spécifiques lui confère un avantage stratégique.
Une tendance globale à la consolidation
Cette initiative illustre une tendance mondiale à la consolidation dans
l’industrie automobile, poussée par les
investissements colossaux nécessaires pour développer les technologies de demain. Les acteurs japonais, autrefois leaders dans l’innovation, se retrouvent sous pression face aux avancées de Tesla, des groupes européens et des nouveaux entrants chinois.
Le
gouvernement japonais, tout en restant discret sur les détails de cette fusion, encourage les entreprises à renforcer leur compétitivité internationale. Selon
Yoshimasa Hayashi, secrétaire du cabinet, l’industrie automobile doit s’adapter aux
transformations rapides du marché, notamment dans les domaines des batteries et des logiciels.
Si cette fusion aboutit, elle pourrait marquer un tournant pour les trois
constructeurs japonais, leur permettant de regagner du terrain face à leurs rivaux mondiaux tout en ouvrant une nouvelle ère de coopération au sein de l’industrie automobile.