Nadia Ouiddar
15 Novembre 2025
À 10:00
«Parmi les Dieux» : le courage et la dignité au cœur de la migration
Dix ans après «No One’s Child», primé à la Semaine de la critique de Venise, le réalisateur serbe Vuk Ršumović revient avec «Parmi les Dieux» (2024), co-écrit avec Momir Turudic. Ce long métrage, présenté au Festival international du film d’auteur de Rabat, offre un portrait profondément humain des migrants, explorant les difficultés de l’exil, la quête de dignité et les choix difficiles imposés par des systèmes administratifs souvent rigides.
Synopsis
Une famille de réfugiés afghans avec trois enfants souhaite rejoindre l’Allemagne. Lors de leur passage en Serbie, la mère, Fereshteh, apprend qu’un jeune homme récemment noyé pourrait être son frère Ali. Refusant de poursuivre son voyage avant d’avoir enterré son frère sous son vrai nom, elle doit naviguer dans un labyrinthe bureaucratique pour prouver son identité, notamment en utilisant un échantillon d’ADN de son père resté en Afghanistan, tout en s’appuyant sur l’interprète Nikola. Le film rappelle que derrière chaque statistique sur la migration se cache une personne, un combat pour la dignité, une famille confrontée à la perte, à l’incertitude et aux rigidités des institutions.
Dans «Dwelling Among the Gods», Fereshteh incarne la détermination et l’autonomie. Pour la première fois, elle prend des décisions pour elle-même, affrontant contraintes familiales et obstacles bureaucratiques, tout en cherchant à honorer la mémoire de son frère. Fereshteh Hosseini livre une interprétation intense et lumineuse, traduisant la peur, l’espoir et la persévérance. Sa présence donne au récit sa puissance émotionnelle et humanise le combat des réfugiés.
Une approche réaliste et immersive
Le film adopte un ton proche du documentaire, avec une mise en scène sobre et un cadrage attentif qui maintient Fereshteh au centre des événements. La traduction fidèle de Nikola met en évidence les difficultés de communication et l’isolement des migrants. Malgré un rythme parfois lent, le récit reste captivant et profondément humain, offrant un regard empathique sur les choix et les sacrifices des individus confrontés à l’exil.
Une œuvre sociale et culturelle
«Parmi les Dieux» explore, également, les interactions familiales et les normes culturelles. La relation entre Fereshteh, sa fille aînée et son mari illustre les tensions liées aux attentes sociales et aux rôles traditionnels. Au-delà de la migration, le film célèbre la capacité des individus à résister, à défendre leurs convictions et à préserver leur humanité dans un monde souvent indifférent.