Culture

Guillermo del Toro, maître des monstres et de l’imaginaire, reçoit l’Étoile d’Or au Festival de Marrakech

Le cinéma fantastique et poétique de Guillermo del Toro a été célébré le 5 décembre lors d’une soirée d’hommage exceptionnelle au Festival International du Film de Marrakech, où le réalisateur mexicain a reçu l’Étoile d’Or pour l’ensemble de sa carrière.

Ph. Saouri

06 Décembre 2025 À 09:53

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Depuis son enfance, Guillermo del Toro donne vie dans ses films aux mythologies et aux horreurs des monstres qui peuplent son imagination, nourrie notamment par deux encyclopédies offertes par son père : l’une sur la médecine, l’autre sur l’art. Pour lui, la magie repose sur un mélange étrange et magnifique d’émerveillement et de peur. Inventeur de mots et conteur de mondes, il explore, film après film, la beauté cachée derrière les créatures monstrueuses, dévoilant un univers où coexistent des êtres hideux mais tendres, des humains terrifiants, des démons bienveillants et des dieux injustes.



Ces thèmes apparaissent partout, comme dans L’Échine du Diable, un récit allégorique et mystérieux évoquant l’ère franquiste et les horreurs de la guerre. Avec Hellboy (2004) et Hellboy II : The Golden Army (2008), del Toro a créé deux moments majeurs du cinéma fantastique, insufflant à sa créature rebelle et diabolique un cœur tendre, une humanité vibrante et une ironie joyeuse. Il joue également avec les genres et propose une version hollywoodienne du baroque mexicain, explorant l’imaginaire avec audace et sensibilité.

Dans La Forme de l’eau (The Shape of Water, 2017), film qui a remporté deux Oscars dont celui du Meilleur Film, illustre le thème récurrent de l’enfermement dans un monde sacré. Dans ce film, del Toro célèbre la puissance d’une histoire entre deux êtres que tout oppose et magnifie l’union d’êtres rejetés.

Le réalisateur a également marqué le monde de l’animation avec Pinocchio (2022), véritable chef-d’œuvre en stop-motion situé dans l’Italie de Mussolini. Les marionnettes, conçues par Guillermo del Toro et ses talentueux collaborateurs, sont à la fois objets et êtres vivants, semblant habités par de véritables âmes.

Lors de la cérémonie, l’actrice espagnole Maribel Verdú, qui a incarné le personnage de Mercedes dans Le Labyrinthe de Pan, a rendu hommage à son ami et mentor : « Guillermo del Toro est l’une de ces âmes merveilleuses qui n’ont apporté que de la joie dans ma vie. Il est un cinéaste génial, un ami fidèle et un être humain extraordinaire. Le Labyrinthe de Pan m’a permis d’interpréter le personnage rêvé dans le film rêvé. Recevoir le prix Ariel au Mexique pour ce rôle a été l’un des moments les plus importants de ma carrière. Guillermo, tu es le talent à l’état pur, l’imagination qui ne s’arrête jamais, la joie inépuisable et un humanisme bouleversant. Merci pour tout. »

Les acteurs Oscar Isaac et Jacob Elordi, vedettes de « Frankenstein », lui ont transmis leurs félicitations à travers une intervention vidéo.

Guillermo del Toro, visiblement ému et heureux, a lui-même pris la parole : « C’est un grand honneur d’être reconnu parmi des amis dans l’un des plus grands festivals du monde. Merci à Son Altesse Royale le Prince Mouladi Rahid pour son accueil généreux, et à Melita pour son invitation et son amitié. Le cinéma est un art au-delà des carrières et du glamour. Recevoir un prix pour faire ce que l’on aime, suivre ses propres images et thèmes pendant des décennies rend ce moment encore plus significatif et intime. Merci, Marrakech, du fond de mon cœur. »

Cette soirée a ainsi célébré non seulement le talent d’un réalisateur visionnaire, mais aussi l’imaginaire, l’émotion et la poésie qui font des films de Guillermo del Toro des œuvres intemporelles, aimées des spectateurs et admirées par le monde entier.
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