«Jawla» avec Youssef Hayat : un voyage visuel dans la ferveur urbaine
À partir du 8 février, le Comptoir des Mines Galerie de Marrakech accueille la première exposition de l’artiste photographe Youssef Hayat. Prenant place durant le 1-54 Contemporary Africa Art Fair, l’exposition «Jawla» est une ode à la ville.
Fadwa Misk
08 Février 2024
À 12:45
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De Tanger à Paris, en passant par Marrakech et Dubaï, les lignes et les entrelacements structurent l’œuvre de Youssef Hayat. Chaque cliché révèle la fascination de l’artiste pour la géométrie urbaine, où les architectures semblent dialoguer avec l’horizon lointain. Ces lignes ne sont pas simplement des contours abstraits, mais elles incarnent la quête incessante de l’artiste de capturer l’éphémère, de saisir l’instant où la lumière et l’ombre se rencontrent dans une configuration unique.
Une obsession urbaine
À travers les photographies soigneusement sélectionnées, de l’exposition «Jawla», Youssef Hayat nous entraîne dans un voyage visuel où chaque angle, chaque perspective révèle une nouvelle dimension du paysage. Les contre-plongées audacieuses, les jeux de lumière et d’ombre : tout concourt à créer une expérience sensorielle où le spectateur se perd dans les méandres de la géométrie urbaine.
L’exposition «Jawla» dévoile vingt-six clichés captivants, capturés entre 2019 et 2023, témoignant de la progression artistique de Youssef Hayat, mais surtout de la fascination perpétuelle qu’il voue pour les paysages urbains. Plus qu’une simple obsession pour la géométrie rigoureuse, ou pour l’inaccessible ligne de l’horizon, ce «pourchas» des frontières tracées, réelles ou imaginaires, invite à la réflexion sur notre perception de l’espace et du temps. Il nous pousse à contempler le paysage et à y retrouver le plaisir accessible de simples expériences visuelles.
Par ailleurs, «Jawla» révèle l’amour que porte l’artiste pour la ville et ses habitants. Les thèmes de frontières urbaines, d’architecture et de mouvement révèlent sa curiosité pour la vie citadine et les liens qui la tissent. Les instantanés de son objectif capturent alors l’essence même de la ville.
Photojournalisme et expressionnisme
S’il devait y avoir un moment déclencheur de ce désir de créer, ce serait pour Youssef Hayat la rencontre enchanteresse avec Paul Bowles, figure emblématique de la littérature américaine. Les photographies des voyages de l’écrivain américain ont été pour lui une révélation et un appel à explorer les multiples territoires qui constituent le paysage de Tanger, sa ville natale.
Plus tard, dans les influences de Youssef Hayat on retrouve, sans surprise, l’une des figures mythiques de la street photography : Henri Cartier-Bresson, qui s’est démarqué par son concept d’instant décisif, ou de «tir photographique», prenant le contexte en compte. Youssef Hayat, lui, préfère le concept de l’instant unique, pour décrire un cliché capturant une émotion fugace.
Dans le domaine des arts plastiques, Youssef se sent plus proche de l’expressionnisme abstrait américain, en particulier de l’un de ses illustres représentants : Mark Rothko. La couverture de l’exposition elle-même est un clin d’œil à cet artiste, nous confie Youssef Hayat. Pour le reste, un travail sur les nuances de couleurs et les jeux d’ombre et de lumière, dans les différents clichés, évoque également une profondeur expressive caractéristique de l’œuvre de Rothko.
Parallèlement à ses influences artistiques, l’expérience professionnelle de Youssef dans le domaine du marketing territorial transparaît dans son travail. La série intitulée «Futurissima», présentée dans l’exposition, offre une vision audacieuse et novatrice de l’architecture urbaine. À travers ces clichés, Youssef Hayat explore les frontières entre la forme et le vide, entre le matériel et le spirituel. Car dans chaque ligne tracée, dans chaque entrelacement tissé, se cache un univers d’émotions et de significations, attendant d’être déchiffré par celui qui ose s’aventurer au-delà du simple cliché.