Présenté dans une compétition très relevée, ce
film a séduit le jury et les spectateurs par sa simplicité narrative et par la profondeur humaine qu’il dégage. À travers le quotidien d’une famille isolée dans une région désertique de
Somalie, le réalisateur dresse un portrait sensible et réaliste d’un pays rarement exploré sous cet angle au cinéma.
Mamargade, père célibataire incarné par Ahmed Ali Farah, lutte contre la dureté d’un environnement où la menace des frappes de drones et la précarité pèsent lourdement sur la survie de ses proches. Son fils, Cigaal, et sa sœur Araweelo tentent eux aussi d’avancer malgré les nombreux obstacles, dessinant une fresque familiale à la fois intime et universelle.
Le film, acclamé pour la justesse de ses personnages et la beauté âpre de ses images capturées par le directeur de la photographie
Mostafa El Kashef, allie esthétique et authenticité. Les conditions difficiles du tournage en pleine nature somalienne ont renforcé la créativité de l’équipe, qui a su transformer ces contraintes en une force artistique indéniable.
Outre son Grand Prix, «The Village Next to Paradise» a également reçu le Prix de la critique cinématographique africaine, soulignant l’engagement artistique et social de cette œuvre porteuse d’un regard neuf sur la Somalie.
La cérémonie a, également, mis à l’honneur plusieurs films marocains, preuve de la vitalité du cinéma national : «Empreintes du vent» de Layla Triqui s’est vu décerner le Prix du jury «Nour Eddine Saïl», tandis que «Radia» de Khaoula Assebab Benomar a reçu le Prix de la mise en scène «Idrissa Ouédraogo». Pour sa part, le film marocain «Casa-Dakar» d’Ahmed Boulane a obtenu une mention spéciale.
Le Prix du meilleur scénario «Samir Farid» a été attribué au film mauritanien «Black Tea» de Abderrahmane Sissako.
Par ailleurs, la Tunisie s’est distinguée avec le Prix du meilleur rôle féminin décerné à Sara Hanachi pour son interprétation dans «Le Pont» de Walid Mattar, qui a également reçu le Prix «Don Quichotte» de la Fédération nationale des ciné-clubs du Maroc. Le Sénégal a été récompensé par le Prix du meilleur rôle masculin attribué à Ben Mahmoud Mboow pour son rôle dans «Demba».
Côté courts métrages, la compétition a sacré Chikha du Marocain Ayoub Layoussifi et Zahoua Raji, tandis que la réalisatrice béninoise Aurielle Jioya a remporté le Prix du jury pour «Noce d’eau». Grande nouveauté cette année : le Prix de la Fédération des festivals panafricains a été remis au court métrage libyen «Rise» d’Osama Rezg, symbole de l’ouverture du festival à de nouvelles voix et territoires.
Organisé sous le Haut Patronage de S.M. le Roi Mohammed VI, le FICAK 2025 a rassemblé 350 cinéastes venus de 45 pays, témoignant de l’importance de cet événement dans le paysage cinématographique africain. Placée sous le thème «Du griot à l’algorithme, le cinéma évolue», cette édition a permis de réfléchir aux défis et opportunités apportés par l’intelligence artificielle dans la création audiovisuelle.
En clôture, un hommage vibrant a été rendu à Omar Sayed, figure emblématique du cinéma marocain, dans une ambiance mêlant émotion et célébration festive, incarnant l’esprit du FICAK : un pont entre traditions et modernité, entre talents d’hier et d’aujourd’hui.