LE MATIN
06 Février 2024
À 13:11
Pour cette 30è édition des Semaines du Film Européen, la sélection est composée de 8
longs métrages européens ainsi que 3
courts métrages du Sud de la Méditerranée. Grâce aux
coproductions, 11 pays du continent européen sont représentés : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, la Finlande, la France, l’Italie, la Hongrie mais aussi le Danemark, la Slovaquie et le Royaume Uni. Les courts métrages proviennent, quant à eux, du Maroc et du Liban.
Une sélection majoritairement féminine
Sur les 11
films présentés cette année, 6 sont réalisés par des femmes. Cette
prédominance féminine confirme une tendance mondiale, caractérisée ces dernières années par une montée en puissance des
réalisatrices, qui remportent désormais les récompenses les plus importantes, à l’instar des
cinéastes marocaines Asmae El Moudir,
Grand Prix "Etoile d'Or" du
Festival International du Film de Marrakech, et
Meryem Touzani, lauréate de plusieurs prix internationaux.
Après
Jane Campion en 1992 et
Julia Ducournau en 2021,
Justine Triet a été, en mai dernier, la troisième femme à obtenir la
Palme d’or du
Festival de Cannes. Nommé 5 fois aux
Oscars et 11 fois aux
Césars, après avoir obtenu 2
Golden Globes, « Anatomie d’une chute » (France), son dernier film que nous présentons en ouverture de cette 30e édition, dissèque l’intimité d’un couple et livre un brillant portrait de femme, porté par une actrice prodigieuse, l’allemande
Sandra Hüller. Autre étoile montante du cinéma d’auteur, l’italienne
Alice Rohwacher, primée à Cannes à deux reprises en 2014 et 2018, revient avec « La Chimère », un film singulier qui, à travers un personnage d’archéologue anglais incarné par
Josh O’Connor (The Crown), explore, avec poésie et extravagance, les liens entre le passé et le présent. Dans « Club zéro », la réalisatrice autrichienne
Jessica Hausner, dont les précédents films ont été primés à Venise et à Cannes, livre une satire glaçante sur la création d’une secte et une réflexion percutante sur la manière dont les plus vulnérables sont endoctrinés.
Des auteurs émergents et prometteurs
L’espagnole
Estibaliz Urresola Solaguren signe son premier film sensible et délicat sur la question de l’identité de genre et des cheminements de l’enfance. Présenté en compétition officielle à la dernière Berlinale, « 20 000 espèces d’abeilles », a valu à sa jeune actrice
Sofia Otero, l’Ours d’argent de la meilleure interprétation. Âgée de 9 ans, elle est la plus jeune actrice à avoir obtenu ce prix. Autre auteur européen qui a émergé sur la scène internationale en 2023, l’allemand d’origine turque
Ilker Çatak, dont le film « La salle des profs » a fait sensation au dernier festival de Berlin et est nommé à l’Oscar du meilleur film étranger. Situé dans une école primaire et centré autour d’un personnage de jeune institutrice qui mène l’enquête suite à une série de vols, le film, extrêmement bien écrit, se révèle d’un suspense haletant et d’une maîtrise impressionnante. C’est également le milieu scolaire, mais cette fois-ci le lycée, qui sert de cadre à « Explanation for everything » de
Gabor Reisz, qui a obtenu le
prix Orizzonti du meilleur film à la dernière Mostra de Venise et permis à son auteur de s’imposer comme une voix majeure du cinéma hongrois.
Une programmation pour tous
Les Semaines du film Européen ont pour tradition de célébrer les plus grands auteurs européens et cette édition n’y fera pas exception avec notamment la présentation du dernier film d’
Aki Kaurismäki, doyen de cette sélection. « Les feuilles mortes », qui a obtenu le prix du jury au dernier Festival de Cannes, est une histoire d’amour à la fois hilarante et bouleversante, qui emprunte son titre à
Jacques Prévert et signe le retour en grande forme du maître islandais.
Comme lors des éditions précédentes, un film à destination du jeune public sera également projeté. « Sirocco et le royaume des courants d’air » de
Benoît Chieux (Belgique) est un très joli récit initiatique sur le pouvoir de l’imaginaire, magnifiquement animé, qui a obtenu le prix du public au
festival d’Annecy. Ce film d’animation est accessible aux enfants dès l’âge de 6 ans.
Des courts métrages des étoiles montantes du Maroc et du Liban
Deux réalisatrices marocaines prometteuses figurent dans la sélection de cette année:
Zineb Wakrim avec « Ayyur », qui a été primé au dernier festival de Cannes et
Jawahine Zentar avec « Sur la tombe de mon père », primé au dernier Festival national du film de Tanger. Le libanais
Wissam Charaf complète la programmation avec « Et si le soleil plongeait dans l’océan des nues », en sélection officielle du dernier Festival de Venise.