LE MATIN
12 Septembre 2025
À 09:26
L’
exposition questionne notre rapport aux flux numériques, aux traditions réinventées et aux gestes ordinaires qui deviennent porteurs d’une mémoire collective. Ici, un couscoussier se fait antenne, là, une sculpture capte des ondes invisibles : chaque œuvre invite à ralentir, observer et ressentir.
Dans cette exposition,
Hiba Baddou explore la manière dont l’horizontalité du monde numérique a supplanté les liens verticaux qui nous reliaient autrefois au sensible et au spirituel. À travers un
court métrage, des
photographies, des
calligraphies et des installations, l’artiste met en lumière la dissolution de nos repères traditionnels. L’antenne parabolique, motif central de son œuvre, devient le symbole puissant d’une transcendance déviée, où la réception d’images et de signaux venus d’ailleurs transforme notre rapport au monde.
Le parcours de l'exposition révèle comment des objets sont reconfigurés par cette nouvelle réalité. Avec des installations comme "Kesskass", où un couscoussier est détourné en antenne, Hiba Baddou illustre la tension entre la modernisation technologique et les racines culturelles. Un objet de partage, porteur d’une mémoire ancestrale, devient un relais d’images lointaines, interrogeant subtilement la colonisation numérique de notre intimité.
Hiba Baddou est une artiste pluridisciplinaire marocaine. Formée à l’
EICAR de
Paris, où elle remporte des prix pour sa réalisation et sa photographie, elle poursuit un master en direction artistique à Penninghen. Son travail explore l’identité, les rituels et les langues à travers une esthétique rétrofuturiste nourrie de culture marocaine. Elle est notamment reconnue pour son projet Paraboles (2024), œuvre multimédia primée par la
Saatchi Gallery et présentée à la
Biennale de Dakar, qui interroge l’impact des images sur l’immigration et les identités postcoloniales. En parallèle de ses expositions, elle collabore comme directrice artistique avec des musiciens tels que
David August,
Manu Chao ou
Amadou & Mariam, et développe une recherche autour de la
peinture, de la performance et d’un "alphabet imaginaire” inspiré des ondes hertziennes.