Je suis Rasha Belokda, ingénieure d’État diplômée de l’INSAM de Casablanca. C’est toutefois à travers un tournant difficile de ma vie que j’ai véritablement découvert ma voix poétique. Il y a quelques années, on m’a diagnostiqué une maladie auto-immune rare : la sclérose en plaques. Ce bouleversement a profondément modifié mon rapport au monde et a révélé en moi une capacité insoupçonnée à écrire. J’ai trouvé dans la poésie un langage puissant, un moyen d’expression chargé d’images évocatrices, traduisant l’espoir, la résilience et la volonté de survivre face à l’adversité. C’est au cœur de cette épreuve que la poétesse en moi est née.
Le titre Hope, qui signifie « espoir », n’a pas été choisi au hasard. Mon souhait est d’offrir à chaque lecteur une parcelle d’espérance. Ce recueil s’articule autour de deux grands axes : la résilience et l’espoir. À travers des images poétiques à la fois accessibles et profondes, j’invite le lecteur à goûter à une poésie sincère et épurée. Mon intention est de toucher le cœur de chacun, d’inspirer, et d’aider à aborder sa propre vie avec plus de force, de courage et de confiance, quelles que soient les épreuves traversées.
Quels ont été les soutiens les plus marquants dans votre parcours personnel et artistique ?Le premier soutien, fondamental, m’a été offert par ma mère. Sans elle, je ne pense pas que j’aurais pu poursuivre mon chemin. Elle m’a accompagnée au quotidien, tant sur le plan de la santé que dans mes efforts pour conserver une vie aussi normale que possible. Mais, d’une manière plus intime, mon plus grand soutien a été la poésie elle-même. Elle m’a permis de mettre des mots sur mes émotions, de les exprimer avec sincérité et liberté, affranchie de toute contrainte. La poésie ne connaît pas de limites ; elle m’a offert un espace où être forte et authentique. C’est elle qui m’a permis de rester debout.
Quels sont vos projets à venir ?Je dispose actuellement de plus de 200 poèmes que je souhaite publier. Mon objectif est qu’ils soient lus dans le monde entier. Car on n’écrit pas pour soi, mais pour partager, toucher, inspirer. Je veux que ces textes, souvent rédigés en anglais, soient une source de force pour celles et ceux qui les liront, qu’ils les aident à accueillir les épreuves avec dignité, voire avec sérénité. À travers ce travail, je veux aussi rappeler que les difficultés peuvent être affrontées avec le sourire.
Un message à faire passer ?Oui. La sclérose en plaques reste très peu connue au Maroc. Or, elle entraîne une fatigue chronique difficile à expliquer : on se sent épuisé non pas après l’effort, mais même dans l’inaction. Les troubles de la vision, les difficultés à marcher, ne sont que la partie visible de cette réalité. J’aimerais que la société comprenne mieux ce que vivent les personnes atteintes de cette maladie. Nous sommes souvent hypersensibles, et nous avons besoin de compréhension, de bienveillance, et d’un regard empreint d’humanité. Une main tendue et un sourire peuvent faire toute la différence.