Nadia Ouiddar
02 Novembre 2025
À 17:25
Sous les voûtes élégantes et lumineuses du
Palais Mechouar à Casablanca, la
Rentrée Littéraire 2025–2026 by
Book Club Le Matin s’est ouverte le 31 octobre dans une atmosphère à la fois solennelle et chaleureuse, donnant le coup d’envoi de la
saison littéraire au Maroc.
Organisée par le
Groupe Le Matin, en partenariat avec le
ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication et avec le
Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), cette édition marque la relance d’un rendez-vous littéraire longtemps attendu, réunissant auteurs, éditeurs, journalistes et lecteurs autour d’une même passion : la
littérature.
Inédit dans le paysage médiatique marocain, cet événement marque la première fois qu’un groupe de presse organise une Rentrée Littéraire au Maroc. Une initiative audacieuse qui témoigne de la vision du Groupe Le Matin, désireux de dépasser son rôle d’observateur pour devenir acteur et catalyseur de la vie culturelle. À travers cette démarche, le média affirme sa volonté de replacer le livre et la lecture au centre du débat public, en tissant des liens entre créateurs, institutions et lecteurs, et en réaffirmant que la culture demeure un levier essentiel du développement et du rayonnement du pays.
Cette première édition de la nouvelle ère s’est déroulée du 1er au 3 novembre, marquant un moment fort pour la scène littéraire marocaine, qui retrouvait ainsi un rendez-vous annuel après plusieurs années d’absence.
«Ce partenariat entre le Groupe "Le Matin” et le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, au sein du département de la Culture, illustre une volonté commune de placer le livre au cœur du paysage culturel national. Il n’est guère nécessaire de souligner que cette initiative est non seulement louable, mais également essentielle pour la promotion de la lecture et du livre. De telles actions sont indispensables, car la lecture concerne chacun d’entre nous et requiert l’implication de tous. Le ministère, à lui seul, ne saurait tout accomplir. Sa mission consiste à soutenir diverses initiatives et actions, mais le succès de la promotion du livre et de la lecture dépend également de l’engagement des médias, de la société civile et de l’ensemble des acteurs concernés. Il s’agit d’une entreprise collective, nécessitant un effort concerté pour faire progresser cette cause nationale. Dans ce cadre, le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication organise la troisième édition du Salon international du livre pour l’enfant et la jeunesse, qui se tiendra à Casablanca, à Amphaparc, du 8 au 16 novembre courant. Cette édition revêt un caractère particulier, puisqu’elle accueillera l’Unicef en tant qu’invité d’honneur et célébrera l’œuvre universelle du Petit Prince, d’Antoine de Saint-Exupéry. Le choix de cette œuvre n’est pas anodin : Antoine de Saint-Exupéry, célèbre écrivain et aviateur français, a écrit "Le Petit Prince”, dont l’inspiration trouve écho au Maroc, dans notre cher Sahara. Cette célébration coïncide également avec le cinquantième anniversaire de la Marche Verte, offrant l’opportunité de véhiculer les valeurs universelles du "Petit Prince”, valeurs en parfaite harmonie avec celles de notre pays. Il convient de rappeler que cette œuvre, la plus traduite au monde avec plus de 250 langues, trouve ici un lien unique avec le patrimoine et l’histoire culturelle du Maroc.»
La rentrée littéraire s’est poursuivie tout au long du week-end avec une série de rencontres et d’ateliers qui ont rassemblé enseignants, lecteurs, auteurs, journalistes et passionnés de littérature. Un programme dense, marqué par une réflexion collective autour des enjeux de la lecture, de l’écriture et de la critique au Maroc. Bref retour sur deux journées riches en idées, en expériences et en émotions, avant de revenir plus en détail sur chaque thématique. La journée de samedi a donné le ton en plaçant l’école au centre de la réflexion. L’enjeu était clair : comment encourager les élèves à lire et à renouer avec le plaisir du livre ? Les discussions ont mis en évidence la nécessité de faire évoluer les pratiques et de multiplier les approches créatives pour susciter la curiosité des jeunes lecteurs : intégration du livre dans les projets éducatifs, valorisation des expériences de terrain, innovation pédagogique...
Dans la continuité, un atelier consacré au fonctionnement du cerveau face à la lecture a permis de mieux comprendre comment se construit l’acte de lire : attention, mémoire, motivation... autant d’éléments qui façonnent la capacité à se concentrer et à s’approprier un texte. Une manière d’articuler sciences cognitives et apprentissage pour mieux accompagner les lecteurs en devenir.
La journée s’est clôturée sur la thématique de l’écriture créative, invitant les participants à explorer leur imaginaire et à libérer leur expression personnelle. L’atelier a insisté sur la puissance du récit, qu’il soit poétique ou narratif, et sur l’importance de développer sa voix singulière. Une manière d’encourager chacun à écrire, à raconter et à transmettre.
Le second jour a ouvert un autre chantier fondamental : la place de la critique littéraire dans l’écosystème culturel. Un échange nourri a permis de rappeler son rôle essentiel dans la valorisation des œuvres, la construction d’un dialogue entre écrivains et lecteurs, et l’enrichissement du paysage littéraire. La critique a été pensée non comme un jugement, mais comme un outil de transmission, d’apprentissage et d’émancipation. Cette idée de partage s’est prolongée avec un atelier dédié à la lecture à voix haute, envisagée comme une performance et un acte collectif. L’objectif : dépasser la lecture silencieuse pour renouer avec l’oralité, transmettre l’émotion du texte et créer un moment de présence entre lecteur et auditoire.
Enfin, un atelier centré sur le journalisme littéraire a permis d’explorer une autre manière d’accompagner les œuvres : par l’entretien, l’écoute et l’écriture. Comment interroger un auteur ou une autrice ? Comment transmettre sa pensée sans la trahir ? Une initiation qui a mis en lumière l’importance de développer des regards sensibles et informés sur la création.
Au fil des séances, une conviction s’est imposée : la lecture, l’écriture et la critique forment un triptyque essentiel pour nourrir la vie culturelle. Encourager la lecture dès le plus jeune âge, comprendre les processus d’apprentissage, stimuler l’imaginaire, penser la création et apprendre à en parler... autant de pistes qui ont traversé ces deux jours et qui appellent à être prolongées.