Culture

Salé célèbre le cinéma au féminin avec la 18ᵉ édition du Festival international du film de femmes

Du 22 au 27 septembre, le FIFFS invite le public de Salé à explorer la création féminine au cinéma. À travers compétitions, hommages et rencontres, le Festival met en lumière les parcours de réalisatrices marocaines et internationales et ouvre un espace de débat sur la condition des femmes et les enjeux sociaux qu’elles abordent à l’écran.

Jury de la compétition films documentaire

14 Septembre 2025 À 14:56

La ville de Salé vivra, du 22 au 27 septembre, au rythme du cinéma au féminin. Placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la 18ᵉ édition du Festival international du film de femmes (FIFFS), initiée par l’Association Bouregreg, mettra à l’honneur la créativité des réalisatrices d’ici et d’ailleurs et ouvrira le débat sur la place des femmes dans le septième art.

Cette manifestation, devenue au fil des ans un rendez-vous incontournable de la scène culturelle nationale, se distingue par sa double vocation : offrir une vitrine aux œuvres de cinéastes venues des quatre coins du monde et créer un espace de réflexion autour des enjeux sociaux et artistiques liés au cinéma au féminin.

Une édition tournée vers les grands débats de société

Violence, harcèlement, parité, droits de la famille et des enfants... autant de thèmes sensibles au cœur de cette édition. À travers leurs films, les réalisatrices marocaines et étrangères questionnent ces réalités et apportent un regard critique sur la condition féminine, confirmant le rôle du cinéma comme miroir des mutations sociales.

Au-delà de l’écran, le Festival aspire à «soutenir les avancées constitutionnelles que la société civile essaie inlassablement de mettre en œuvre, en vue de surmonter certaines réalités qui alimentent un large débat public, notamment sur les droits des femmes, l’égalité et la parité». En soulevant ces questions, la manifestation accompagne également les propositions portées par les films internationaux de la sélection, ouvrant la voie à des échanges de points de vue et à l’enrichissement mutuel des expériences cinématographiques.

Un séminaire autour de la censure marquera l’un des temps forts de la semaine. Les intervenants – cinéastes, critiques et défenseurs des droits humains – débattront des différentes formes de contrôle qui pèsent sur la création artistique, de l’autocensure aux restrictions institutionnelles.

Compétitions et hommages

Le Festival propose plusieurs sections compétitives, allant des longs métrages de fiction aux documentaires consacrés à la lutte des femmes pour l’égalité. Il met, également, en avant la section «Un certain regard sur le cinéma marocain», qui valorise les courts et longs métrages locaux, en particulier ceux portant des signatures féminines, et dont les prix sont attribués par un jury de jeunes spectateurs.

Dix longs métrages issus de treize pays, dont neuf signés par des réalisatrices, seront en lice pour le Grand Prix. Ces films représentent l’Europe, l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Asie. Le Maroc est représenté par «Algues amères» de Driss Chouika (2024).

La compétition documentaire accueillera cinq films venus du Canada, de Belgique, de France et d’Afrique du Sud. Par ailleurs, le «Prix L’autre rive» récompensera un long métrage marocain produit en 2024 ou 2025, qui aborde et défend les causes des femmes et intègre une forte participation féminine en tant que chefs de poste au sein de l’équipe artistique et technique. Ce Prix sera attribué par un jury composé de trois réalisatrices marocaines.

Des hommages seront rendus à quatre figures emblématiques : l’actrice égyptienne Hanan Motawie, les actrices marocaines Souad Nejjar et Farah El Fassi, ainsi que la journaliste Sabah Bendaoud, reconnue pour son engagement dans la promotion du cinéma national.

Un Festival ancré dans la ville

Fidèle à son esprit de proximité, le Festival investira plusieurs espaces de Salé, dont la salle «Hollywood», la salle «Malaki» et le Souk El Kébir pour des projections en plein air destinées au jeune public. Des activités parallèles dans les écoles et universités visent également à initier les jeunes à la culture de l’image et à encourager la création de ciné-clubs.

En célébrant le cinéma au féminin, le Festival international du film de femmes de Salé poursuit sa mission : donner la parole aux créatrices, bousculer les représentations stéréotypées et offrir au public un regard renouvelé sur les femmes à l’écran et derrière la caméra.

Ouvrages à découvrir au FIFFS

Le FIFFS met, également, en avant une sélection d’ouvrages en lien avec le cinéma et la thématique des femmes : «Analyse du film égyptien : du début à la fin» de Abderrazak Ezzaher, «Le Roi des robots ou Le Dernier humain» de Fouad Souiba, «Le Khôl de la pénombre» de Jamal Bouzouz, «Le cinéma et la pensée critique» de Khalil Demmoun, «Rêve des lieux» de Habib Nasry, «Le Manteau de l’oubli» de Driss Roukhe, ainsi que «Genre et études féminines : concepts essentiels» de Najate Nerci et Essaid Labib.

Temps forts du Festival

• Dialogue de cinéastes : le réalisateur Raouf Sebbahi et la réalisatrice Khaoula Assebab Benomar échangent sur la question du genre au cinéma, à travers leurs expériences respectives. À cette occasion, sera projeté le long métrage «Hayat» de Raouf Sebbahi.

• Séminaire patrimonial : la Fondation de Salé pour la culture et les arts, en partenariat avec l’Association Bouregreg, organise «Empreintes patrimoniales des femmes slaouies à travers l’écriture et la vidéo», pour mettre en lumière la place spirituelle et sociale des femmes slaouies et leur héritage dans la mémoire populaire.

• Hommage à Mohamed Choubi : une rencontre d’amitié et de reconnaissance célèbre l’artiste disparu, son parcours exceptionnel et l’empreinte qu’il a laissée sur la scène culturelle marocaine, à travers les témoignages de femmes du monde de l’art et des médias.

• Rencontre avec Myriam Uwiragiye Birara : la réalisatrice partagera son univers cinématographique, son parcours créatif et sa vision singulière du septième art avec les étudiants, professionnels et participants.

Un regard international sur le cinéma au féminin

Les jurys du FIFFS réunissent des professionnels du cinéma internationaux. Le jury de la compétition officielle des longs métrages fiction, présidé par la réalisatrice brésilienne Sandra Kogut, comprend également la scénariste et actrice marocaine Sanaa Alaoui, l’actrice libanaise Takla Chamoun, la réalisatrice rwandaise Myriam U. Birara et la réalisatrice française Valérie Massadian. La compétition documentaire, présidée par la productrice Annie Ohayon-Dekel, compte parmi ses membres la réalisatrice Natyvel Pontalier (Gabon/Belgique) et la scénariste française Lætitia Kugler. Quant au jury Prix jeune public, il sera présidé par l’actrice Salwa Zarhane et composé des réalisatrices Nadia Bouhyadi et Zoubaida Ettalii.
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