Fadwa Misk
08 Janvier 2025
À 17:10
Nichée au carrefour des cultures,
Marrakech s’ouvre autrement sur le monde. En adoptant une langue universelle, elle peut se raconter et raconter le
Maroc autrement, aux millions de visiteurs qui convergent des quatre coins du globe, chaque année.
Et c’est dans cet esprit qu’est né le
Marrakech English Book Festival, qui résonne comme une invitation à une hospitalité intellectuelle qui complète celle, chaleureuse et habituelle, des
riads et des
tables gastronomiques. En outre, le Marrakech English Book Festival nous permet de «découvrir nos propres
auteurs anglophones, tout en tendant la main à des écrivains venus d’horizons divers, qui explorent le Maroc ou l’
Orient sans céder aux clichés orientalistes», explique
Yassin Adnane, président fondateur du Festival et dont l’engagement pour la culture et le multilinguisme, au Maroc, s’inscrit dans une démarche de longue date.
Une richesse préméditée
Le Festival célèbre la richesse et la diversité de la
littérature anglophone en réunissant des auteurs d’exception à
Dar El Bacha. Parmi les invités, on retrouve
Mehrdokht Amini, une illustratrice iranienne-britannique reconnue pour ses ouvrages pour enfants, qui apporte sa perspective unique et artistique.
Mhani Alaoui, écrivaine et anthropologue marocaine, dont le dernier roman «
The House on Butterfly Street» a remporté le Prix du Festival, partage son talent pour capturer des récits fascinants et introspectifs.
Khalid Bekkaoui et
Hassan Hilmy, figures éminentes de la recherche littéraire et de la
traduction, offrent un éclairage précieux sur le dialogue entre les cultures à travers la littérature.
Casablancaise de naissance et de cœur,
Abigail Essor lance une lettre d’amour à
Casablanca, à travers son roman à succès «
As Rich as the King». D’autres invités prestigieux incluent
Laïla Lalami, romancière marocaine établie aux
États-Unis et finaliste du
Pulitzer, ainsi que
Jane Green, figure emblématique de la «
chick lit», qui apporte son regard à la fois ludique et profond sur les relations humaines.
Jane Johnson, inspirée par le Maroc, présente ses romans historiques captivants, tandis que
Fiona Valpy, auteure best-seller, partage ses récits empreints d’émotions. La richesse académique du Festival est incarnée par
Amira K. Bennison et
Fouad Laroui, dont les œuvres explorent des thèmes variés allant de l’Histoire médiévale à la modernité. Enfin, des auteurs comme
Puneet Bhandal et
Hannah Aït-Ahmed offrent des perspectives nouvelles sur des sujets aussi divers que
Bollywood et l’art de l’illustration. Ces voix témoignent de l’extraordinaire pluralité des expériences et des récits, qui définit le Festival.
Des histoires et des idées
Le Marrakech English Book Festival propose un programme riche et diversifié, s’étalant sur trois jours au prestigieux Dar El Bacha et d’autres lieux emblématiques de Marrakech. D’entrée de jeu, le vendredi 17 janvier,
Jane Green donne une conférence sur «La magie de Marrakech dans les années soixante», suivie de
Mhani Alaoui qui explore les thèmes du genre, du patrimoine et des relations de classe dans le roman. L’après-midi met en lumière la
poésie marocaine, avec des figures comme Hassan Hilmy,
Hassan Mekouar,
Hafsa Bekri et
Mbarek Sryfi, et s’achève par des réflexions sur la traduction en tant que pouvoir doux, présentées par Mbarek Sryfi. En parallèle, des ateliers à l’
ESAV (
École supérieure des arts visuels) de
Marrakechet des visites universitaires permettent un échange direct entre
étudiants et auteurs tels que
Laïla Lalami et
Amira K. Bennison.
Le samedi 18 janvier, les visiteurs peuvent plonger dans des sujets variés, depuis les idées médiévales de l’
Empire islamique Maghribi avec
Amira Bennison, jusqu’à la capacité de la littérature à créer des ponts culturels, explorée par Fouad Laroui. La journée inclut également des séances de poésie, des présentations d’auteurs finalistes du
Costa Godex Book Award et un atelier d’illustration pour
enfants.
Enfin, le dimanche 19 janvier clôture le Festival en beauté avec des conférences mémorables, comme celle de Jane Johnson sur les incursions de pirates barbaresques en Cornouailles et leur lien avec le Maroc, ainsi que des ateliers interactifs pour enfants. Accessible pour 250 dirhams, avec une gratuité généreusement accordée aux étudiants, cet événement promet d’être une célébration inoubliable de la littérature et de la culture, mais également un pas vers une ouverture réelle sur le monde et un rayonnement culturel plus noble du Maroc, loin des stéréotypes répandus.