Rochdi Mokhliss
09 Avril 2025
À 16:00
Cette projection s’inscrit dans la continuité d’un cycle d’investissement déjà bien ancré. En 2023, la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF), indicateur clé de l’investissement brut, représentait
près de 30% du PIB, plaçant le Royaume devant plusieurs pays comparables.
AGR anticipe le maintien de ce rythme jusqu’en 2030, en phase avec les ambitions du pays en matière de développement.
"Incontestablement, le Maroc illustre actuellement l’image d’un grand chantier à ciel ouvert. Il est vrai que l’organisation d’évènements majeurs à l’image de la
CAN 2025 et de la
Coupe du Monde 2030 joue un rôle catalyseur. Ceci-dit, la dynamique d’investissement du Royaume n’est nullement récente, et dépasse largement le cadre de préparation de ces deux évènements majeurs.", lit-on dans les premières lignes du rapport d'AGR.
Cette cadence soutenue se manifeste notamment par
le déploiement continu et la modernisation des infrastructures, touchant des secteurs névralgiques tels que les
télécommunications, l’énergie, l’eau ou encore les
transports. Le Maroc affiche ainsi sa volonté de se hisser aux standards internationaux, condition sine qua non pour attirer davantage de capitaux et renforcer sa compétitivité régionale.
Le secteur agricole freine l'accélération de la croissance globale
La vitalité du tissu productif s’illustre également à travers la performance remarquable des
exportations, qui ont atteint 455 milliards de dirhams en 2024, soit 28%
du
PIB. Ce dynamisme s’accompagne d’une transformation qualitative : les produits industrialisés occupent une part croissante, avec en tête
l’automobile (34,5%), devant les
phosphates et dérivés ainsi que les
produits agricoles et agroalimentaires (environ 19% chacun).
Parallèlement, l’
activité économique hors agriculture affiche un regain significatif. Le
PIB non agricole franchit un nouveau palier de croissance supérieur à 4% à partir de 2024, tiré par les investissements et les exportations. Toutefois, cette performance est atténuée au niveau global par la
fragilité persistante du secteur agricole, qui pèse pour 16% du PIB et reste affecté par six années consécutives de sécheresse, freinant ainsi le plein potentiel de croissance.
Sur la période 2021-2025, AGR souligne que la
FBCF contribue en moyenne à hauteur de 0,7 point de croissance, alors que la croissance globale du PIB se situe autour de 3,8%. En
2025, la consommation conserve un rôle moteur avec une progression attendue de
+4,6%, contre
3,0% pour l’investissement.
Les banques et le secteur privé, futurs moteurs de l'investissement au Maroc
L’investissement public, quant à lui, devrait atteindre
340 milliards de dirhams en 2025, représentant 20,7% du PIB. Cette enveloppe est principalement portée par le Trésor et les Établissements et Entreprises Publics (EEP), qui concentrent
76% du budget d’investissement public.
Dans ce dispositif, le
Fonds Mohammed VI pour l’investissement se positionne comme un levier stratégique. Doté d’un budget de 45 milliards de dirhams, dont 15 milliards provenant du budget de l’État, ce fonds vise la mobilisation de 120 milliards de dirhams d’ici 2026 pour stimuler des secteurs jugés prioritaires en matière de création d’emplois et de valeur ajoutée.
AGR met toutefois en exergue le rôle croissant que devra jouer le secteur privé. Le Royaume s’est fixé comme objectif
de porter la contribution du privé de 33% à 66% de l’investissement global à l’horizon 2035, avec un objectif intermédiaire de parité dès 2026. Une ambition qui appelle à une mobilisation accrue des acteurs privés et à la création d’un environnement propice à l’investissement.
Dans cette optique, le
secteur bancaire reste un pilier essentiel du financement. Les crédits bancaires ont progressé à un rythme moyen de 4,9% sur les cinq dernières années, représentant 75% du PIB. AGR anticipe une accélération vers une croissance annuelle de 7% à moyen terme, soutenue par des fonds propres solides, une rentabilité élevée, une progression continue des dépôts, et un marché financier en maturation, sans oublier le rôle stabilisateur de
Bank Al-Maghrib.