Abdelhafid Marzak
31 Octobre 2024
À 17:20
Comment le
Maroc peut-il rester compétitif en matière d’
attractivité des talents ? C’est l’une des questions centrales de la 40e édition du
Carrefour du Manager, qui se tient à l’
Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (ISCAE) les 31 octobre et 1er novembre. Selon
Karim Cheikh, président de la Commission Capital humain à la
CGEM, le pays bénéficie déjà d’un bon capital humain. «La compétitivité, elle, reste un objectif permanent à atteindre». Le Maroc se trouve à un carrefour d’opportunités grâce à ses réformes structurelles et ses
accords de libre-échange.
Ainsi, conseille-t-il, «pour attirer et retenir les talents, il est essentiel de maximiser le potentiel humain. Cela nécessite une formation continue et des parcours professionnels clairs». Or, souligne-t-il, «actuellement, la formation continue est en panne, et seulement 1% des entreprises franchissent le pas». C’est pourquoi, appelle-t-il, il est aujourd’hui important de réformer la loi sur cette formation pour inciter davantage d’
entreprises à en faire profiter leurs
salariés.
Pour sa part,
Rachid Bakkar, DRH d’
Inwi, rappelle que la compétition pour les talents est féroce. De nombreux talents marocains sont courtisés par l’
Europe et d’autres pays. «Même si certains salaires à l’étranger peuvent sembler inférieurs, d’autres avantages compensent cette différence, comme les frais de scolarité gratuits», explique-t-il. Bakkar suggère ainsi de défiscaliser une partie des
frais de scolarité pour alléger le fardeau des familles. Il souligne également que de nombreux jeunes cherchent un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Par ailleurs, estime-t-il, la meilleure défense est d’attaquer. Ainsi, le Maroc gagnerait à compenser, en quelque sorte, les départs des
talents marocains par l’attraction de
compétences africaines et de la
diaspora marocaine disposée à rentrer au pays. À condition que le style de vie offert au Maroc se rapproche le mieux des leurs !
Imane Hamdi, directrice de l’Intermédiation sur le marché du travail à l’
ANAPEC (
Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences), aborde le sujet sous un autre prisme : celui des chercheurs d’emploi. «Avec 1,6 million de chômeurs au Maroc, il existe un véritable décalage entre les offres d’emploi et les compétences recherchées». Selon Mme Hamdi, «le véritable enjeu réside dans le nombre d’offres disponibles, qui n’est pas suffisant pour absorber les talents marocains». Ainsi, espère-t-elle, il faut créer davantage d’emplois tout en adaptant la formation aux besoins du marché.
Parmi les défis de formation qui se dressent se trouve celui de la fracture numérique. À ce propos,
Mohamed Tazi, directeur général associé du cabinet
LMS, insiste sur l’importance d’embrasser la
digitalisation et l’
intelligence artificielle (IA). «La résistance au changement doit être évitée», conseille-t-il. Et d’ajouter, «les entreprises doivent permettre à leurs salariés de s’épanouir en adoptant des outils modernes. L’
IA, combinée à l’humain, peut apporter des bénéfices considérables en matière de productivité».
Pour sa part,
Wassila Kara Ibrahimi, créatrice du
Future Of Work Forum Africa, met en lumière les aspirations de la
génération Z. Cette génération privilégie le
télétravail et souhaite travailler pour des entreprises innovantes et responsables. «Les jeunes ne se limitent pas à la
rémunération. Ils recherchent également un cadre de travail équilibré et aligné avec leurs valeurs», explique-t-elle. Lors d’une mini-enquête sur les attentes de la génération Z, qu’elle a menée auprès de 230 jeunes, plusieurs résultats marquants ont émergé.
D’abord, la majorité des répondants préfèrent passer l’entretien initial sur Zoom. S’ils sont convaincus, ils acceptent un entretien physique par la suite. Ce mode de fonctionnement témoigne de leur adaptation aux nouvelles technologies. En termes de conditions de travail, les jeunes aspirent à des entreprises offrant du télétravail. Beaucoup souhaitent savoir combien de jours par semaine ce mode est possible.
La question de la
responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est également de plus en plus évoquée par les candidats. Les jeunes sont attentifs à la façon dont une entreprise gère son
impact environnemental. Ils privilégient les organisations qui adoptent des pratiques durables et éthiques.
Autre caractéristique de la
Gen Z, révèle-t-elle, la
rémunération n’est pas le seul critère de choix. Les jeunes recherchent aujourd’hui un environnement de travail stimulant, assurant l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Ils sont par ailleurs assez volatils : les résultats montrent que deux tiers des jeunes ne souhaitent pas passer plus de 2 à 3 ans dans une même entreprise. Seuls 10% envisagent de rester jusqu’à 5 ans. Cela souligne un besoin de changement et d’évolution rapide
.
La 40e édition du Carrefour du Manager se positionne comme le salon incontournable du
recrutement au Maroc. Il met en avant le
capital humain, essentiel pour relever les défis socio-économiques du Maroc. Avec environ une soixantaine d’exposants et 4.000 à 5.000 participants attendus, cet événement se fixe comme mission d’être une plateforme de débat sur les enjeux socio-économiques d’actualité.
Parallèlement, le Carrefour du Manager organise la «
Startup Avenue». Cette compétition vise à soutenir un écosystème entrepreneurial dynamique et responsable au Maroc. Deux
startups seront primées : la Meilleure startup et le Prix coup de cœur du jury. Ce concours souligne l’importance de l’innovation dans le développement économique du pays.