Auparavant, lors de la mise en place d’une organisation, la brique de base était l’humain. «On plaçait d’abord l’Homme, ensuite on le faisait assister par de l’automatisation ou de l’IA. Cette méthode avait pour objectif d’améliorer le travail de l’être humain. Dans les nouvelles générations d’organisations, le point de départ, c’est la machine ou l’IA qui peut, dans certains cas, se faire aider par l’
être humain». Aujourd’hui, cite l'expert en exemple, le management de la flotte des chauffeurs d’Uber se fait par des algorithmes. On est loin de l’époque où la gestion de la flotte se faisait par un salarié de l’entreprise. Si les nouvelles organisations ont le luxe de décider d’implémenter, dès le départ, une intelligence artificielle à la place des salariés, qu’en est-il des organisations existantes ? Comment peuvent-elles aborder ce virage ? Pour Bouchikhi, il faudrait peut-être arrêter d’essayer de mettre du neuf dans du vieux. Certaines entreprises ont complètement réinventé leur manière de produire. Ces organisations innovantes ouvrent la voie à d’autres. C’est le cas, explique-t-il, de Netflix, créée avant l’avènement de l’IA et qui a aujourd’hui entrepris ce virage. Quoi qu’il en soit, comme l’a souligné l’expert au début de la rencontre, «l’apprentissage est un processus d’assimilation, puis d’accommodation. En ce qui concerne l’Intelligence artificielle, nous en sommes encore à l’assimilation». En attendant son accommodation totale, quelles sont applications possibles dans une organisation comme l’ISCAE ?
L’intelligence artificielle dans la formation
Pour Pr Larbi Kzaz, enseignant-chercheur du Groupe ISCAE, le champ d’applications est vaste. Il cite, à titre d’exemple, les agents conversationnels qui peuvent interagir avec les étudiants ou encore l’Intelligence artificielle générative orientée production de contenu pédagogique pour les enseignants. Plusieurs outils peuvent ainsi être mis à la disposition des étudiants pour, par exemple : Évaluer leurs aptitudes et prédire leurs chances de réussir un parcours défini ; Recommander un parcours plutôt qu’un autre ; Adapter de façon continue, et en temps réel, les activités pédagogiques au profil de l’étudiant ; et Assister l’étudiant dans la recherche de ressources documentaires.
Pour les enseignants, les domaines d’application de l’Intelligence artificielle sont également multiples. Ainsi, «elle pourrait être utilisée pour les assister à la production de contenu pédagogique ou pour générer des examens/contrôles et les corriger automatiquement», explique Kzaz. D’autres outils peuvent également être mis en place au service des actions de pilotage d’administration de l’ISCAE, affirme l’expert. Ces outils pourraient, par exemple, se charger de l’accueil, de l’orientation et de l’information des candidats ou encore de sécuriser les certificats et diplômes à travers la technologie de Blockchain.
À la fin de son intervention, Pr Larbi Kzaz a émis des recommandations pour implémenter l’IA au sein de l’ISCAE. Il a ainsi préconisé la construction de systèmes d’informations orientés IA, la mise en place d’une cellule dédiée à la veille IA et d’un plan de sensibilisation destiné à toutes les parties concernées.