Économie

Instabilité en mer Rouge : les tarifs du fret maritime s’envolent pour le Maroc

Le trafic maritime international fait les frais des attaques menées par les rebelles houthis du Yémen contre les porteconteneurs empruntant le détroit de Bab al-Mandeb. Le fret entre les grands ports asiatiques et les ports marocains en pâtit tout autant. Un constat que confirme le président de l’Association des Freight Forwarders du Maroc (AFFM). Rachid Tahri, qui est également secrétaire général de la Fédération du transport et de la logistique, affiliée à la CGEM, indique que le coût du fret maritime en provenance des ports de Klang (Malaisie), Nhava Sheva (Inde), Singapour ou Shanghai vers les ports marocains a connu des augmentations allant de 50 à 100%. Tout en précisant que les incidents de la mer Rouge n’ont jusqu’à présent pas eu de répercussions significatives sur les délais de livraison, M. Tahri souligne qu’en cas de persistance des troubles dans cette région, des retards sont à craindre dans les jours à venir.

09 Janvier 2024 À 20:14

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Le fret maritime international est à nouveau bouleversé, cette fois-ci à cause de ce qui se passe en mer Rouge. En effet, les attaques des rebelles houthis contre les porte-conteneurs ont créé une atmosphère d’incertitude et d’instabilité dans l’une des routes maritimes les plus stratégiques au monde. Les compagnies maritimes, les armateurs et les acteurs de la logistique se trouvent par conséquent confrontés à des défis considérables pour assurer la sécurité des navires et de leurs cargaisons, tout en cherchant des itinéraires alternatifs pour contourner les zones à risque.



En ce qui concerne le Maroc, cette situation a entraîné à ce jour une augmentation des tarifs du fret maritime entre les principaux ports asiatiques et le Royaume. C’est ce qu’affirme Rachid Tahri, président de l’Association des Freight Forwarders du Maroc qui est également secrétaire général de la Fédération du transport et de la logistique, affiliée à la CGEM. Ainsi, selon M. Tahri, durant la période allant du premier décembre au premier janvier, le coût du transport d’un conteneur de 20 pieds depuis le port indien de Nhava Sheva est passé de 1.085 à 2.586 dollars, tandis que le coût du transport d’un conteneur de 40 pieds depuis le même port est passé de 1.420 à 4.422 dollars. Pour Singapour, les tarifs sont passés de 1.250 et 1.900 dollars pour les conteneurs de 20 et 40 pieds à 2.800 et 5.000 dollars respectivement. Il en va de même pour le port malaisien de Klang, où les tarifs sont passés de 1.500 et 2.150 dollars pour les conteneurs de 20 et 40 pieds à 2.950 et 5.250 dollars respectivement.

En ce qui concerne les retards de livraison, M. Tahri précise que les incidents de la mer Rouge n’ont jusqu’à présent pas eu de répercussions significatives sur les délais. Toutefois, et en cas de persistance des troubles dans cette région, il y aura certainement des retards à craindre dans les jours à venir. Et le président de l’Association des Freight Forwarders du Maroc de noter que les retards pris par les porte-conteneurs se répercuteront sur les ports marocains par l’effet de la congestion portuaire. «C’est le risque qu’on court, avec un impact sur les coûts pour ces navires qui devront faire la queue avant d’accoster», explique-t-il.

Il est à noter que les navires des armateurs CMA-CGM et Maersk ont repris le chemin de la mer Rouge fin décembre après les attaques des rebelles houthis. Plusieurs géants mondiaux du transport maritime avaient annoncé à la mi-décembre qu’ils suspendaient le passage de leurs navires en mer Rouge, «autoroute de la mer» reliant la Méditerranée à l’océan Indien, et donc l’Europe à l’Asie, avec quelque 20.000 navires passant chaque année par le canal de Suez, porte d’entrée et de sortie des navires transitant par cette mer. De nombreux navires ont alors commencé à passer par le cap de Bonne-Espérance, tout au sud de l’Afrique, empruntant ainsi une voie de contournement qui rend le voyage plus long et plus coûteux. Ces dernières semaines, les rebelles yéménites proches de l’Iran ont multiplié les attaques près du détroit stratégique de Bab al-Mandeb, qui sépare la péninsule arabique de l’Afrique.

Menaçant de perturber le flux du commerce maritime mondial, ces attaques ont poussé les États-Unis à mettre en place une force multinationale de protection maritime en mer Rouge. Mais visiblement sans atteindre le but recherché.
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