Bourse de Casablanca: lancement officiel du marché à terme
La transformation de la Société gestionnaire de la Bourse de Casablanca en holding a été officiellement validée, mardi à Casablanca, lors de la troisième réunion du Comité du marché des capitaux, sous la présidence de la ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah. Le premier produit à être lancé portera sur un indice sous-jacent basé sur le MASI 20.
Rochdi Mokhliss
12 Novembre 2024
À 18:10
La Bourse de Casablanca est désormais prête pour le lancement du marché à terme, consolidant ainsi sa transformation en holding, une étape déterminante franchie ce 12 novembre. Bien que l’opérationnalisation du marché à terme soit encore en attente, la Bourse de Casablanca a consolidé ses infrastructures pour permettre aux investisseurs de bénéficier d’outils de sécurisation des prix à terme, couvrant des segments variés tels que les taux d’intérêt, les devises et les matières premières. Ce développement promet d’élargir les options de couverture et de diversification pour les acteurs financiers, répondant aux besoins de stabilité et de prévisibilité du marché. Le lancement de ce segment de marché a été rendu possible grâce à une étroite collaboration entre l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), Bank Al-Maghrib et le ministère de l’Économie et des finances. Pour concrétiser cette initiative, trois partenariats stratégiques ont été signés après une réunion du Comité des marchés des capitaux (CMC), consolidant ainsi les bases de cette transformation.
Le premier, un protocole d’accord global, rassemble l’État marocain représenté par le ministère de l’Économie et des finances, Bank Al-Maghrib (BAM), l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), la Fédération marocaine de l’assurance (FMA), la Bourse de Casablanca et Maroclear. Cet accord marque une étape clé pour la création du nouveau Groupe Bourse de Casablanca, avec pour ambition de renforcer son positionnement régional et de moderniser ses infrastructures.
Un second protocole, signé entre la Bourse de Casablanca et le GPBM, restructure la Chambre de compensation (CCP) en allouant 51% de son capital à la holding de la Bourse de Casablanca et 49% aux établissements de crédit.
Enfin, une convention de partenariat a été établie entre la Bourse de Casablanca, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), la FMA, l’ASFIM (Association des sociétés de gestion et fonds d’investissement marocains), l’AMIC (Association marocaine des investisseurs en capital), l’APE (Association marocaine des entreprises faisant appel public à l’épargne) et l’APSB (Association professionnelle des sociétés de Bourse), avec le soutien de l’AMMC. Cette dernière vise à mobiliser les acteurs du marché pour atteindre les objectifs du nouveau modèle de développement et de la Charte d’investissement, en soutenant les PME, en renforçant l’institutionnel, et en développant des incitations adaptées, le tout encadré par une feuille de route fixée le 28 novembre 2023.
Un «moment décisif» pour le marché de capitaux
Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des finances, a qualifié ce lancement de «moment décisif» pour l’évolution du marché financier marocain. Elle a souligné que le marché à terme s’inscrit dans une démarche ambitieuse de structuration, visant à renforcer l’attractivité et l’efficacité de Casablanca comme centre financier régional.
Cette transformation, passant par une réorganisation de la Bourse de Casablanca en holding, implique également une prise de participation dans Maroclear et la création de filiales dédiées pour chaque segment de marché, notamment la Chambre de compensation. Selon la ministre, cette dynamique de modernisation stratégique, soutenue par des réformes législatives et un cadre réglementaire robuste, permet d’offrir aux investisseurs des instruments financiers variés tout en garantissant une transparence accrue et une stabilité renforcée. «Notre pays est prêt à lancer le marché à terme et à mettre en place une Chambre de compensation, permettant ainsi au Maroc d’intégrer le cercle fermé des places financières disposant d’une infrastructure de marché complète», a-t-elle déclaré. Elle a également annoncé la prise de participation active des banques marocaines dans le capital de la CCP, élément essentiel pour garantir la solidité de cette infrastructure.
Une dynamique en phase avec le nouveau modèle de développement
Nezha Hayat, présidente de l’AMMC, a quant à elle insisté sur l’impact que cette infrastructure aura sur l’économie marocaine. Selon elle, cette avancée répond aux grandes orientations du nouveau modèle de développement, qui vise à diversifier les sources de financement pour appuyer des projets structurants. «L’aboutissement de ce projet permettra de dynamiser notre marché des capitaux, à un moment où il est appelé à jouer un rôle de plus en plus important dans le financement de l’économie de notre pays», a affirmé Nezha Hayat. Elle a aussi mis en avant la transparence et la résilience qu’apporte la Chambre de compensation, essentielle pour gérer les risques liés aux produits dérivés. Afin d’accompagner les acteurs du marché dans la maîtrise de ces outils complexes, des programmes de formation et de sensibilisation ont été organisés avec l’aide du régulateur américain, la CFTC. Nezha Hayat estime que la mise en place de cette infrastructure sécurisée et transparente renforcera la confiance des investisseurs et soutiendra l’évolution du marché des capitaux marocain.
Bank Al-Maghrib : vers un marché compétitif et profond
Abderrahim Bouazza, directeur général de Bank Al-Maghrib, a également salué cette avancée, soulignant l’importance de l’introduction des produits futurs dans le cadre de ce marché à terme. Il a rappelé les progrès réalisés par le secteur financier marocain grâce à des réformes initiées depuis deux décennies, qui ont permis de diversifier les instruments financiers, d’élargir la base des investisseurs et d’approfondir plusieurs segments du marché des capitaux. Selon lui, cette évolution n’est que la première étape dans un projet visant à rendre le marché des capitaux marocain plus compétitif et plus accessible aux investisseurs locaux et étrangers. La mise en place de la Chambre de Compensation et des nouvelles infrastructures de marché devrait, en effet, contribuer à une meilleure mobilisation de l’épargne nationale pour le financement de l’économie.