Moncef Ben Hayoun
06 Octobre 2025
À 18:03
Au premier semestre 2025, le secteur marocain de la
microfinance confirme une dynamique contrastée, mais globalement positive. Selon le rapport financier semestriel publié par
Jaïda, les grandes
institutions de microfinance (IMF) continuent de renforcer leur position grâce à une gestion rigoureuse des risques, une meilleure capacité de mobilisation des
financements et un recentrage stratégique sur les
très petites entreprises (TPE).
Les petites structures demeurent toutefois fragiles, pénalisées par des contraintes structurelles persistantes et un accès limité aux ressources. Malgré cela, la production globale du secteur s’élève à 3,8 milliards de dirhams au premier semestre, en progression de 7% par rapport à la même période en 2024. Cette croissance reste donc concentrée autour de quelques grands acteurs, confirmant une polarisation du marché.
Une hausse continue des encours et un recentrage sur la TPE
Suite à cette évolution, l’encours global de la
microfinance atteint 10,2 milliards de dirhams à fin juin 2025, soit une progression de 4%. Le nombre de clients actifs s’élève à 754.512, en hausse de 1,7%, un signe de reprise, même si le niveau reste encore inférieur à celui d’avant 2023.
Le
financement des très petites entreprises continue de jouer un rôle moteur dans cette expansion. L’encours dédié aux
TPE atteint 2,24 milliards de dirhams, en hausse de 12%, représentant désormais 21,9% de l’encours global, contre 15,4% en 2022. Cette évolution marque un tournant structurel : la TPE est désormais au cœur de la stratégie de croissance du secteur, confirmant l’orientation vers un modèle plus inclusif et plus proche des réalités économiques locales.
Une amélioration notable de la qualité du portefeuille
La qualité du risque poursuit son amélioration. Le taux de portefeuille à risque (PAR 30 brut) s’établit à 5,96% à fin juin 2025, contre 7,87% un an plus tôt. Cette évolution favorable résulte des mesures de gestion prudentes adoptées par les grandes institutions, qui consolident ainsi la résilience du secteur. Le redressement de la qualité du portefeuille témoigne, également, d’une meilleure structuration des
financements et d’une approche plus sélective dans l’octroi de crédits.
Jaïda : un acteur de stabilisation et d’accompagnement des IMF
Dans ce contexte de forte concentration du marché, cette dynamique sectorielle s’appuie sur des acteurs institutionnels solides. Parmi eux, Jaïda se distingue par son rôle de stabilisation et d’accompagnement des IMF, notamment les institutions de petite et moyenne taille, qui représentent environ 10% de son portefeuille global.
Au premier semestre 2025, l’institution a ainsi décaissé 130 millions de dirhams, portant son encours total à 740 millions de dirhams à fin juin, traduisant à la fois la solidité de certaines institutions et la nécessité d’un accompagnement renforcé pour celles qui traversent encore des difficultés structurelles. Les
activités génératrices de revenus portées par les femmes ainsi que les financements orientés vers les zones rurales représentent 48% du portefeuille.
Avec 496 millions de dirhams de capitaux propres et un ratio de solvabilité de 253%, Jaïda affiche une structure financière solide. L’organisme enregistre au 30 juin 2025 un total bilan de 871 millions de dirhams (+0,3%) et un produit net bancaire de 14,8 millions de dirhams (+6%).
À noter que Jaïda a engagé les démarches nécessaires pour le déblocage de la seconde tranche de la ligne de financement octroyée par l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement, ce qui renforcera sa capacité de financement durant le second semestre.
En 18 ans d’activité, Jaïda a accompagné près de 2,1 millions de bénéficiaires à travers un financement global de plus de 4,7 milliards de dirhams, consolidant ainsi sa position d’acteur clé de la
finance à impact au Maroc.