Abdelhafid Marzak
08 Février 2024
À 12:22
Le nombre d’entreprises qui font appel au
capital investissement reste faible au Maroc. C’est l’un des constats partagés par
Chakib Alj, président de la Confédération marocaine des entreprises du Maroc (CGEM), lors de la rencontre, organisée hier au siège de la confédération, en partenariat avec l’
Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC), sur le
thème «le capital-investissement, levier de croissance de la PME». Or, «le capital-investissement se présente aujourd’hui comme une réelle option de financement offrant aux entreprises l’accès à des fonds conséquents, accompagnés surtout d’une expertise stratégique et opérationnelle, notamment en matière de structuration de la gouvernance», insiste le président de la CGEM.
Lire aussi : Capital investissement : 8,18 milliards de DH de fonds levés en 5 ansLe constat est partagé par
Hatim Ben Ahmed, président de l’AMIC : «250 entreprises ont été accompagnées en 10 ans. Ce n’est pas assez. Mais ce sont déjà de grandes réalisations». Le montant des fonds levés au cours de cette période s’élève à 12 milliards de DH. Et selon les chiffres de l’AMIC, sur la période 2017-2022, les fonds levés se sont chiffrés à 8,18 milliards de DH, portés par 23 fonds d’investissement. Pour la seule année de 2022, les fonds levés atteignent 1,15 milliard de DH (par 6 fonds de gestion). A titre de comparaison, la même année, en
France, 2.857 entreprises et projets d’infrastructure (+15% par rapport à 2021) ont fait l’objet de 36 milliards d’euros d’investissement grâce à 309 sociétés de gestion. Hors infrastructure, le nombre d’entreprises investies atteint 2.681 pour un total de 24,7 milliards d’euros de montants investis.
Le capital investissement au Maroc a donc encore du chemin à parcourir. Et le démarrage imminent du
Fonds Mohammed VI pour l’investissement devrait donner un sérieux coup de pouce à cette industrie. «Nous voulons une industrie du capital-investissement plus forte», a déclaré son directeur général,
Mohamed Benchaâboun, présent lors de la rencontre et qui a partagé son souhait de «faire du Maroc un hub pour cette industrie», a-t-il partagé. Objectif : multiplier par 3 la taille de cette industrie. Lors de son intervention, il a par ailleurs rappelé que parmi les sociétés de gestion sélectionnées par le fonds, 3 sont spécialisées dans l’industrie, 2 dans l’hôtellerie, une dans l’agriculture et une dans le transport et la logistique. L’objectif ici «d’adapter l’offre à la demande», explique-t-il. Ce positionnement vient en effet compléter celui des fonds thématiques. Rappelons que le Fonds Mohammed VI pour l’investissement vise 6 milliards de DH d’injection dans ses fonds thématiques, qui vont devoir lever 14 milliards de DH pour atteindre les 20 milliards de DH.
Par ailleurs, révèle Benchaâboun, «avant de faire appel au capital investissement, les entreprises auront la possibilité d’opter pour un produit que va créer le Fonds Mohammed VI pour l’investissement dans les prochaines semaines, en partenariat avec le système bancaire. Ce nouveau produit se positionne entre la dette et le capital investissement, appelé
dette mezzanine ou dette subordonnée»
Cette rencontre, à laquelle ont pris part a rassemblé plus de 200 chefs d’entreprises, a été l’occasion pour 4 d’entre eux de partager leur expérience en matière de levées de fonds auprès d’investisseurs. Il ‘agit en l’occurrence de
Souad Benbachir, administratrice DG de CFG Bank, Fahd Chaâra, DG de CIM Santé, Mohammed Bouzoubaâ, PDG de TGCC et Amine Louali, directeur d’Arock Invest. A travers leurs témoignages respectifs, les 4 intervenant ont mis l’accent l’apport des investisseurs en capital : en plus de l’injection des fonds, le conseil, l’accompagnement...