LE MATIN
18 Juillet 2024
À 11:27
Dans les
manifestations d'
agriculteurs français, les
tomates marocaines ont été érigées, comme le
sucre ukrainien, en symbole d'une compétition inégale: disponibles en toutes saisons,
prix imbattable grâce à une
main-d'oeuvre bon marché, rapporte l'AFP.
Le leader des
tomates cerises,
Azura, a été particulièrement visé. L'alliance syndicale majoritaire
FNSEA-Jeunes agriculteurs a organisé des collages d'étiquettes en français et en arabe "
origine Maroc" sur ses barquettes, estimant que l'entreprise le mentionnait en trop petits caractères, explique l'agence.
"On respecte les règles à la lettre", a rétorqué la directrice générale adjointe d'Azura,
Abir Lemseffer, lors d'un point presse à
Paris. La colère des
agriculteurs a éclaté dans toute l'
Europe cet hiver, mais "il n'y a qu'en
France qu'on a subi une
campagne de dénigrement", a-t-elle affirmé, jugeant "choquante" la "
stigmatisation" de la provenance marocaine.
L'entreprise, née en 1988, se présente comme un "groupe familial franco-marocain" réalisant 500 millions d'euros de chiffre d'affaires par an et employant 18.000 personnes (200 en
France, le reste au
Maroc).
Azura cultive dans le sud du Royaume, où le climat permet de récolter des tomates toute l'année sans chauffer les
serres, situées autour d'
Agadir mais aussi de
Dakhla. Les tomates rejoignent l'Europe par camion et bateau. Depuis
Perpignan (sud de la France), elles sont ensuite expédiées vers les
supermarchés français, allemands ou suédois.
"Pour pouvoir vendre à la
grande distribution suédoise, nous sommes scrutés par des auditeurs chaque année", fait valoir Abir Lemseffer comme gage de respect des
critères sociaux et environnementaux.
Les
producteurs français reprochent aux tomates marocaines d'être en partie exemptées de
droits de douane en vertu d'un
accord de libre-échange avec l'
UE. Il y a tout de même un quota, systématiquement dépassé, au-delà duquel les
entreprises marocaines versent des droits de douane. Cela représente pour Azura "huit millions d'euros par an, payés en France", relève la dirigeante.
Azura souligne qu'elle irrigue toutes ses cultures d'Agadir avec de l'eau de mer dessalée et assure vouloir faire de même à Dakhla dès que l'usine de dessalement sera opérationnelle.