L’
Alliance des Economistes Istiqlaliens a élaboré un plan d'action pour la création massive d’emplois durables et valorisants à moyen terme. Ces recommandations regroupent "des mesures à caractère transversal, territorial et sectoriel pour répondre aux besoins urgents du marché du travail, mais aussi construire une économie plus résiliente, inclusive et durable, capable de porter le Maroc vers un avenir prospère et plus égalitariste".
Ils sont âgés entre 15 et 24 ans et représentent au Maroc plus de 1,5 million d’individus. «Ils», ce sont les jeunes sans emploi, ni études ni en état de formation (Not in Education, Employment or Training-NEET), affichant une fragilité et faisant face à de multiples formes d’exclusion en restant en dehors du système du travail, de l’éducation et de la formation professionnelle. Le CESE, qui s’est intéressé à cette catégorie dans le cadre d’un avis rendu public hier, a livré dans cette auto-saisine «sa recette» pour réintégrer ces jeunes dans la vie sociale. L’approche du Conseil, qui se veut multidimensionnelle, combine l’intégration et la prévention.
- Lancer des
programmes accélérés de formation insertion, incluant des soft-skills et de la technicité, répondant à des spécialités, à forte demande de talents, telles que le tourisme et restauration, les services aux personnes, le codage et les métiers liés aux industries montantes telles l’aéronautique, l’automobile, les énergies vertes, la réutilisation des eaux usées ou le recyclage des déchets, le dessalement de l’eau;
- Chercher des
formateurs par un appel à candidature au
Maroc et à l’
étranger, y compris dans les rangs des retraités et des Marocains du Monde, pour assurer des cycles de formation qui ne dépassent pas les 10 mois, en présentiel et à distance ;
- Créer un
Fonds de Solidarité des générations destiné aux jeunes de 20 à 35 ans afin de financer des formations accélérées de reconversion pour des emplois et des stages opérationnels à plein temps, d’une durée de 10 à 20 mois, et servir des indemnités pour la formation à la création d’entreprise et le stage préembauche, avec une couverture médicale de base. Il s'agit également de mettre en place des
Fonds d’investissement régionaux pour accompagner les jeunes entrepreneurs et faire bénéficier les femmes d’horaires de travail accommodants, de facilités de transports et de garderies, subventionnées par les collectivités territoriales ;
- Simplifier les procédures et alléger la fiscalité sur la
transmission des entreprises, faciliter et réglementer le
travail à temps partiel, le
travail à domicile, et le
travail à distance, autoriser la flexibilité de l’emploi à hauteur de 15% des effectifs au profit des entreprises justifiant d’une baisse d’activité supérieure à 15% sur une année, avec engagement d’embauche en cas de reprise, octroyer une réduction de 50% des charges sur salaire, sur 5 ans, aux employeurs qui présentent un programme de croissance, avec augmentation net des effectifs sur la base d’un « Contrat de croissance emploi » et lancer une « Startup Station » dans chaque Région ;
- Accorder une «
amnistie » de 4 années aux
unités informelles qui adhèrent au changement, créer des centres régionaux pour accompagner les entrepreneurs informels et leur accorder une certification leur permettant d’accéder à la commande publique et aux autres avantages prévus par la charte d’investissement ;
- Renforcer les
infrastructures de transport, d’électricité et de connectivité internet des zones rurales pour leur faciliter l’accès aux services publics ;
- Former les jeunes à des
métiers pouvant être exercés à distance, et à domicile ;
- Développer le
tourisme rural en valorisant les zones à potentiel touristique autour de circuits touristiques thématiques (nature, culture, artisanal...) ;
- Lancer un nouveau programme d’appui à la
petite production agricole, financièrement supporté par le «
Fonds de développement Rural » pour aider à la reconstitution du cheptel et des arbres atterris par la sècheresse ;
- Transformer localement les produits de terroir, en multipliant les coopératives et les Centres de Collecte, de Valorisation et de Commercialisation de ces produits ;
- Procéder au
reboisement et à la
forestation massive des terrains non agricoles ;
- Pour le secteur du
Bâtiment et les Travaux Publics (BTP), encourager et encadrer la sous-traitance et/ou les soumissions groupées, aux commandes publiques, entre grandes entreprises et PME, utiliser systématiquement la préférence nationale et faciliter et encourager les partenariats public-privé (PPP) ;
- Intensifier, accélérer et diversifier l’
industrialisation de l’économie à travers le financement de programmes ambitieux d’innovation, de développement et de création d’emplois, mettre en place un système national de normes et de certification écologiques pour les produits industriels, développer et Promouvoir de nouveaux hubs industriels, dans les filières textile, aéronautique, ferroviaire et de l’informatique embarquée et doter les zones industrielles de stations de traitement et de réutilisation des eaux usées et d’unités de recyclage de déchets industriels ;
- Adopter un classement des
établissements de tourisme selon les normes et critères internationaux, valoriser le
patrimoine culturel par la préservation, la restauration et la mise en valeur des sites historiques et archéologiques, mettre en place des programmes de formation certifiante au tourisme et à la culture et organiser des événements culturels et sportifs étalés sur l’année ;
- Réaliser une cartographie régionale des
sources renouvelables et lancer des appels à manifestions d’intérêts ouverts pour leur exploitation, développer des clusters de production d’inputs et de services dédiés à ces filières et les accompagner de programmes de formation spécialisés et exonérer les investissements concernés des droits de douane et TVA ;
- Faire du
Maroc « le Centre Afro-Atlantique de la Data et de l'intelligence artificielle » à travers la formation et l’attraction de talents, encourager le retour de talents Marocains du Monde et faciliter l’immigration (entrante) de talents étrangers et associer les syndicats et la Société civile à la conception et au déploiement de plans de requalification adaptés au profit des salariés ;
- Mettre en place des programmes de certification dans les secteurs du
sport et de la
santé, encourager l’émergence de Centres Spécialisés de Services aux Personnes (CSSP), faire bénéficier ce secteur des incitations prévues par la charte de l’investissement, indépendamment du montant investi et promouvoir les régimes d’Assurance pour soins de longue durée au Maroc ;
- Elargir et libérer progressivement l’offre de
transport des personnes et des marchandises, en développant une stratégie intégrée pour le secteur, notamment à travers le « transport à la demande » et les VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) au profit des habitants des territoires non desservis par les grands transports publics avec des plateformes régionales de mobilité multimodale ;
- Veiller à la pratique de la
pêche et de l’
aquaculture durables, investir dans la modernisation des flottes de pêche, encourager l'investissement dans le développement et la commercialisation des énergies renouvelables marines et activer la création et le développement d’une flotte maritime battant pavillon marocain ;
- Raisonner sur un
marché marocain de l’emploi internationalisé, où la mobilité des compétences est irréversible.
Enfin, la création d’emplois doit être mesurée en se référant aussi bien aux sources du
HCP et celles de la
CNSS, dans leur complémentarité. Elles permettent de mesurer l’évolution de l’emploi, en référence à des données arrêtées à une date de référence unique, comme ça se fait pour d’autres agrégats (PIB, export...). Les objectifs à fixer pour chacune des actions ou conventions gouvernementales, et leur évaluation, doivent se référer à ces deux sources à la fois.