LE MATIN
26 Décembre 2025
À 10:16
L’enseignement préscolaire au Maroc a connu une progression significative au cours de la dernière décennie. Entre 2015 et 2025, l
e taux de préscolarisation des enfants de 4 à 5 ans est passé de 50,2 % à
70,4 %, a indiqué
Hicham Ait Mansour, directeur de l’Instance nationale d’évaluation relevant du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique. Ces résultats ont été présentés à Rabat à l’occasion de la publication du rapport d’évaluation du préscolaire pour l’année scolaire 2024-2025.
L’un des faits marquants de cette évolution concerne le milieu rural. Depuis le lancement du programme de développement et de généralisation du préscolaire 2018-2028, le taux de préscolarisation en
zones rurales est passé de 36,3 % à
75,6 %, dépassant désormais celui enregistré en milieu urbain.
Cette montée en charge s’est accompagnée d’un renforcement important de l’offre publique. Le
nombre d’unités publiques du préscolaire est passé de 6.185 en 2018-2019 à
23.182 en 2024-2025, tandis que les unités non structurées ont fortement reculé, passant de 18.882 à 4.946 sur la même période. Parallèlement, le
budget public consacré au préscolaire a plus que doublé, progressant de 1,13 milliard de dirhams en 2019 à près de
3 milliards de dirhams en 2025, avec un basculement progressif des dépenses de l’investissement vers le fonctionnement.
Réalisée par
l’Instance nationale d’évaluation relevant du Conseil supérieur de l’éducation (CSEFRS)
, en partenariat avec
l’UNICEF, l’étude dresse un état des lieux approfondi du préscolaire au Maroc dans un contexte de transformations structurelles. Elle s’appuie notamment sur l’analyse de la qualité des environnements d’apprentissage, des conditions d’accueil et des pratiques pédagogiques, ainsi que sur l’évaluation des compétences socio-émotionnelles, cognitives et des fonctions exécutives acquises par les enfants à la fin du cycle préscolaire.
Le rapport met néanmoins en lumière plusieurs défis majeurs. Des
disparités persistent entre les
milieux rural et urbain en matière de qualité des apprentissages, tandis que les
besoins en infrastructures et en
installations sanitaires demeurent importants dans certaines zones. L’étude souligne également la nécessité de renforcer la gouvernance et le financement du secteur, d’unifier et d’appliquer les normes de qualité, notamment en ce qui concerne la formation et la qualification des éducatrices et éducateurs, ainsi que d’améliorer leurs conditions sociales et économiques.
D’autres fragilités sont également relevées, notamment la persistance d’inégalités territoriales et sociales dans l’accès et la qualité du préscolaire, la place encore limitée des
pratiques pédagogiques interactives en classe, la
faible inclusion des enfants en situation de handicap et
l’hétérogénéité des conditions de travail et de l’encadrement professionnel des éducateurs, en particulier dans l’enseignement public et non structuré, avec un impact direct sur la stabilité professionnelle et la qualité des pratiques éducatives.
Face à ces constats, le
CSEFRS identifie plusieurs leviers d’amélioration, parmi lesquels la consolidation de la qualité du préscolaire, le renforcement de la gouvernance et du pilotage institutionnel, l’appui au rôle des collectivités territoriales dans le cadre de la régionalisation avancée, ainsi que la professionnalisation accrue des éducatrices et éducateurs à travers de meilleures conditions de travail, une plus grande stabilité professionnelle et un renforcement de la formation initiale et continue.
L’évaluation a porté sur
180 unités de préscolaire, couvrant les secteurs public, privé, en partenariat et non structuré, avec une population cible de
871 enfants, 180 éducatrices et éducateurs, 180 responsables d’établissements et 624 parents, complétée par 180 séances d’observation en classe.