Saloua Islah
15 Septembre 2025
À 16:30
Le
Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESup) a rassemblé des représentants de plusieurs universités dans le cadre d'une réunion de sa commission administrative, tenue le 14 septembre. Objectif : dégager une position commune face à
la loi 59.24, que le syndicat considère comme un bouleversement majeur de la gouvernance universitaire.
Au terme de discussions intenses, la commission a tranché. Dans un communiqué parvenu à Le Matin, le syndicat dit rejeter la loi dans sa version actuelle et en réclame le retrait immédiat. Pour l'instance, ce texte vide
les conseils universitaires de leur rôle décisionnel,
centralise le pouvoir et
favorise les financements privés, compromettant ainsi la gratuité et l’égalité d’accès à l’enseignement supérieur.
Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est la manière dont la loi a été introduite. Présenté en plein été, alors que
les conseils pédagogiques et
les instances élues étaient à l’arrêt, le texte n’a laissé aucune place au débat ni à l’amendement.
Dans la foulée, la commission a élargi le débat en rappelant l’urgence de résoudre plusieurs dossiers en souffrance. Elle insiste sur
la régularisation des promotions en attente depuis 2021, sur
la résolution du dossier de la thèse française et sur
la révision des grilles indiciaires. Elle réclame aussi
l’exonération des primes de recherche de l’impôt, la réduction des délais de changement de cadre et l’intégration des enseignants des centres de formation et des instituts paramédicaux dans le système universitaire afin de mettre fin à des situations jugées inéquitables.
Ces revendications s’accompagnent d’un plaidoyer pour
un financement équilibré entre universités publiques et privées et pour la possibilité donnée aux établissements à accès limité d’ouvrir leurs
propres masters et doctorats.
Prenant la parole au micro de le Matin,
Mustapha Alzaitraoui, vice-secrétaire général national de
la SNESup, a réaffirmé la volonté du syndicat de dialoguer avec le ministère, mais uniquement avec de véritables garanties. Il rappelle qu’en juillet, l’engagement avait été pris qu’aucune décision ne serait arrêtée sans accord collectif. L’annonce, en août, de l’approbation du projet a donc été vécue comme
un coup de force qui a profondément marqué l’ensemble de la communauté universitaire.
Face à ce contexte de rupture, la commission a adopté
un plan de lutte progressif. La première étape sera
une grève nationale de vingt-quatre heures
le 17 septembre, accompagnée de sit-in, de marches sur les campus et d’une conférence de presse pour alerter l’opinion publique. Si les négociations échouent, le mouvement sera intensifié, pouvant aller jusqu’au gel de la participation aux instances élues, prévient l’organisation.
Sur le terrain, le syndicat se veut rassurant quant aux
inscriptions universitaires, qui se déroulent normalement. Elle avertit toutefois que si la mobilisation se durcit, étudiants et enseignants se retrouveront dans la rue plutôt qu’en amphithéâtre. Elle rappelle aussi que le nouveau
programme de réforme pédagogique reste boycotté et que, pour l’heure, les cours se poursuivent selon les anciens référentiels et les cahiers des normes de l’année précédente, dans l’attente des résultats du dialogue avec le ministère.
Dans ce climat tendu, le Syndicat national de l’enseignement supérieur réclame un dialogue sérieux et inclusif, garantissant l’implication de tous les acteurs et l’élaboration d’une réforme réellement concertée. Autant d’éléments qui laissent présager
une rentrée universitaire agitée, avec un risque de perturbations dès les premières semaines.