Fête du Trône 2004

Grâce à Serge Bromberg, le cinéma muet nous parle encore

Déjà quinze ans qu'il "restaure le spectateur" : Serge Bromberg a retrouvé l'âme du cinéma-concert avec Retour de Flamme, un spectacle où il montre des films muets rarissimes signés Méliès, Lumière, Charlie Chaplin ou John Ford qui, sans lui, seraient tombés en poussière.
>

Serge Bromberg, directeur de la société Lobster films, détient en place une bobine de film, à son bureau à Paris. (Photos : AFP)

10 Décembre 2007 À 09:15

Dimanche, Retour de Flamme fêtera son quinzième anniversaire au théâtre du Trianon à Paris: comme à son habitude, Serge Bromberg accompagnera avec son piano et ses histoires la projection de ses dernières trouvailles.

"J'aime bien dire que je +restaure le spectateur+... je remets ces films au goût du jour avec une présentation et une musique composées pour eux : j'aime qu'ils soient encore là comme des films vivants", dit cet ardent cinéphage et insatiable collectionneur de 46 ans, rencontré dans ses bureaux.

"Je ramasse des films toute l'année et 99% sont irregardables, mais il y en a toujours un qui est extraordinaire et j'adore le partager", ajoute avec fougue Serge Bromberg, en levant ses sourcils fournis.

Sa collection mêle burlesques, drames, dessins animés, documentaires, serials, westerns, films érotiques, pornographiques ou publicités... qui font "tous partie de l'histoire du cinéma", dit-il. On y trouve aussi "Baisers volés", un montage de scènes de baisers censurées dans les années 1920.

En 1985, il a fondé Lobster Films -où l'a rejoint son complice Eric Lange- qui restaure des films inédits retrouvés dans les brocantes et les greniers.

A ce jour, Lobster a sauvé de la destruction quelque 100.000 bobines de films, datant de 1895 aux années 60, précieusement conservées dans "des stocks un peu partout".

Interdite en 1953 car trop inflammable, la pellicule nitrate utilisée jusque là se rétracte et se décompose d'autant plus vite qu'elle a été mal rincée et séchée après son développement.

"Cinquante pour cent des films d'avant la Seconde guerre mondiale sont perdus", se désole Serge Bromberg, par ailleurs producteur et, depuis dix ans, directeur artistique du Festival du film d'animation d'Annecy.

Parmi ses derniers trésors : quinze heures de rushes de "L'Enfer", un drame sur la jalousie avec Romy Schneider tourné en 1964 par le cinéaste Henri-George Clouzot, mais jamais achevé et jusque là jalousement gardé par sa veuve Inès.

Quelques fragments seront dévoilés à l'Auditorium du Louvre le dimanche 16 décembre, lors d'une projection très attendue par les cinéphiles.

L'autre découverte majeure de l'année est le film "Bardelys the magnificent" (1926) de King Vidor, avec John Gilbert, l'un des plus recherchés de l'histoire du cinéma.

Au fil des années, ce chasseur de bobines a souvent acquis ses trésors auprès de particuliers qui vidaient leur maison de famille: il se souvient de chaque appel au téléphone et de l'excitation des départs en camion au petit jour.

Aujourd'hui, Retour de Flamme sillonne la France : il sera à l'Institut Lumière à Lyon le 19 décembre, à La Géode à Paris le 16 janvier et ouvrira le Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand le 1er février.

Chaque deuxième dimanche du mois, le cinéma indépendant Le Balzac sur les Champs-Elysées programme de désopilants petits films dans "Pochette surprise", et offre une glace à chaque spectateur.

Retour de Flamme part aussi dans les festivals à l'étranger: il ira en Inde en février 2008, puis à Bologne et Pordenone en Italie, ainsi qu'à San Francisco et New York aux Etats-Unis.

Il se décline enfin en émission mensuelle sur la chaîne CinéCinéma Classic, et en coffret DVD, sur lequel on peut lire "Si vous trouvez de vieilles bobines de films, n'hésitez pas à nous contacter sur www.lobsterfilms.com.
Copyright Groupe le Matin © 2025