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De la sous-traitance à la cotraitance

Pour un meilleur positionnement sur le marché international et pour relever les défis de l'économie globalisée, les petites et moyennes entreprises (PME) doivent s'impliquer dans une stratégie visant à évoluer de la sous-traitance à la cotraitance, ont affirmé, jeudi à Tanger, des experts en matière de mise à niveau des structures productives.

Mise à niveau des structures productives. (Photos : www.dacia.ma)

01 Décembre 2007 À 13:51

Lors d'une rencontre organisée par la Commission PME-PMI de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), plusieurs intervenants ont été unanimes sur l'importance du créneau de la cotraitance pour développer et adapter le secteur des PME aux nouvelles orientations de l'économie mondiale et optimiser leur compétitivité.

La cotraitance, qui est une sous-traitance avec des prestations élargies en aval comme en amont dans le processus de production avec une implication étendue dans la mise au point technique du produit, se confirme davantage auprès des donneurs d'ordres, indique Abdelali Berrada, expert de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi).

Les grandes enseignes et donneurs d'ordres de différents secteurs de l'industrie s'orientent actuellement vers la cotraitance et le produit fini pour pouvoir se départir de plusieurs étapes de la production et se concentrer sur leurs métiers de base, notamment "la conception de l'esprit du produit et le marketing".

Plusieurs grandes études ont relevé la tendance des donneurs d'ordres à s'orienter davantage vers des entreprises qui intègrent la cotraitance, des entités en mesure de prendre en charge de nouvelles tâches, telles l'acquisition des matières premières, la gestion des stocks, la logistique, la livraison, le patronage de base, et même avoir la capacité de prendre des initiatives et faire des propositions concernant l'aspect technique du produit, a-t-il expliqué.

Outre le souci des donneurs d'ordre de se concentrer sur leurs tâches principales, une telle orientation vers la cotraitance s'explique également par différents impératifs générés par la mutation des marchés. Dans le secteur de la confection et de l'habillement, la cotraitance s'impose pour s'adapter aux besoins du "fast fashion", les intentions d'achats à court terme, le souci de sécuriser les achats en les fractionnant par le développement des modèles (mini-collections), a indiqué l'intervenant.

Les PME-PMI, qui représentent 80% du tissu industriel et 51% de ses investissements au niveau national, concentrent leurs activités dans la sous-traitance. Pour l'expert de l'Onudi, ces entreprises doivent être en mesure d'évoluer vers la cotraitance en vue de renforcer leur compétitivité et de se positionner sur le marché international.
Pour ce faire, s'impliquer dans une stratégie de développement est nécessaire avec des actions prioritaires et des mesures d'accompagnement.

Passer à la cotraitance impose plusieurs exigences, a-t-il précisé, citant notamment, pour le cas de la confection et l'habillement, l'acquisition de nouvelles compétences (politique d'achat, modélisme, logistique), la capacité de proposer une palette de services étendues (livraison, stockage, mise au point du produit fini).

L'intégration de ces nouvelles tâches implique, en conséquence, pour l'entreprise la nécessité de disposer des moyens financiers nécessaires, notamment en ce qui concerne les fonds de roulement. M. Berrada précise, à ce sujet, que passer de la sous-traitance à la cotraitance signifie un chiffre d'affaires qui va à la hausse jusqu'à quadrupler.

Et de se dire optimiste quant à ce nouveau défi qui s'impose au secteur des PME. A travers ses contacts avec le secteur dans le cadre des programmes de sensibilisation initiés en partenariat avec le département du Commerce extérieur, M. Berrada assure que les opérateurs sont conscients des enjeux de ce nouveau défi et que le passage à la cotraitance est à la portée à condition de la mobilisation des entités productives dans le cadre d'une stratégie de développement ciblée et mûrement réfléchie.

Toutefois, l'expert de l'Onudi a rassuré quant aux perspectives de la sous-traitance au Maroc. De par sa position géographique qui permet de très courts délais de livraison et la disponibilité d'une main-d'œuvre qualifiée, des coûts de production compétitifs, le Maroc demeure le principal fournisseur de grandes marques européennes.

Pour préserver la viabilité de la sous-traitance au Maroc, il importe de veiller à certaines conditions, telles l'amélioration du rendement par les gains de productivité, la flexibilité par rapport au client, et une stricte conformité aux cahiers de charges, a-t-il souligné.

La rencontre initiée en partenariat avec la section nord de la CGEM, sous le thème "Cotraitance, véritable levier de développement pour la PME", a été marquée par des exposés sur les atouts de l'investissement de la région Nord, des témoignages de grandes entreprises orientées vers la délocalisation et la sous-traitance.

Des représentants d'établissements financiers ont présenté à cette occasion leurs services et prestations au profit des entreprises exportatrices, notamment en ce qui concerne le financement et l'assurance.
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