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Un mystérieux lac tadjik, source d'eau pure et de danger

Sa beauté et sa grandeur fascinent, son air serein fait penser à l'harmonie éternelle, mais le lac tadjik Sarez, perché à 3.300 mètres dans les montagnes du Pamir, pourrait présenter un danger pour des millions d'habitants de la région.

Vue de la digue d'Usoy et du lac Sarez depuis le Sommet de la zone instable menaçant de tomber dans le lac. (Photos : fr.ca.encarta.msn.com/ lmswww.epfl.ch)

18 Décembre 2007 À 11:20

Le lac s'est formé en 1911 dans l'est du Tadjikistan suite à un tremblement de terre de magnitude de près de 10 sur l'échelle de Richter, qui provoqua un gigantesque glissement de terrain et ensevelit un village local.

Plusieurs tonnes de rocs glissèrent alors dans la rivière Murghab et créèrent un barrage naturel de 600 mètres de haut et quatre kilomètres de long, à l'origine du lac Sarez.

Ce lac vertigineux s'étend actuellement sur quelque 82 kilomètres et contient près de 17 milliards de mètres cubes d'eau pure en provenance des glaciers du Pamir.

Mais il existe toujours le risque d'une rupture du barrage si un autre violent tremblement de terre survient, ce qui pourrait provoquer, selon les experts, une inondation catastrophique.

"Le lac Sarez menace la vie de six millions d'habitants du Tadjikistan, d'Afghanistan, d'Ouzbékistan et du Turkménistan", a déclaré le président tadjik Emomali Rakhmon, lors d'un sommet consacré aux désastres liés à l'eau, qui s'est tenu le 3 décembre au Japon.

Selon lui, une des solutions possibles au problème pourrait être la construction d'un aqueduc depuis Sarez.

"J'ai déjà proposé d'utiliser l'eau pure de Sarez pour approvisionner en eau 30 millions de personnes en Asie Centrale et de créer un consortium international à cette fin", a-t-il rappelé.

"Le soutien de cette idée permettra non seulement de neutraliser le risque, mais aussi d'utiliser ce site dans l'intérêt du peuple", a ajouté le président tadjik.

L'état du lac suscitait déjà des craintes en 1913, ce qui poussa le régime tsariste à y dépêcher des géographes militaires pour effectuer des observations, rappelle un responsable du Comité tadjik des Situations d'urgence, Kadam Maskaïev.

"Le lac est situé à l'altitude de 3.300 mètres, et les villages tadjiks sont à 2.500 mètres. Le lac "surplombe" les villages", explique-t-il.

Selon M. Maskaïev, les habitants locaux ont suivi un entraînement spécial, assuré par le gouvernement du Tadjikistan, la Banque mondiale et plusieurs organisations internationales, alors que les secousses telluriques restent fréquentes dans la région.

Ce lac fait désormais objet d'une surveillance 24 heures sur 24, effectuée à l'aide des outils les plus modernes, ajoute-t-il.

Selon Sabite Negmatoullaïev, sismologue réputé de l'Académie des sciences tadjike, le risque de rupture du barrage n'est pas si grave que ça. Les propos catastrophistes sur la destruction du site, "c'est du délire. Ce barrage gigantesque est très solide", a-t-il déclaré à l'AFP.

Mais pour s'assurer que le lac ne puisse plus présenter aucun danger pour la population, il faudrait abaisser le niveau de l'eau à Sarez, estime-t-il. Une des solutions possibles pourrait être la construction d'une centrale hydroélectrique, ajoute-t-il.

Compte tenu de la beauté du lac, si on crée ici une infrastructure appropriée, "cet endroit pourrait même devenir une perle du tourisme", suggère-t-il encore.
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