Le Président français Nicolas Sarkozy a réaffirmé jeudi soir sa fermeté face aux "voyous" et aux "trafiquants" après deux nuits de violences dimanche et lundi dans une banlieue au nord de Paris.
Des gens entourent, dans le nord de Paris banlieue de Villiers en le Bel, une ambulance, qui transporte le corps de Larami, l'un des deux garçons tués dans une collision avec un véhicule de police dans cette ville. (Photos : AFP)
AFP
01 Décembre 2007
À 09:54
Il a, aussi, annoncé des mesures, de portée limitée, pour soutenir le pouvoir d'achat, principale préoccupation des Français, alors que sa cote de popularité est passé sous les 50% pour la première fois depuis son élection en mai et que le moral des ménages français a brutalement chuté en novembre.
M. Sarkozy, qui s'exprimait à une heure de grande écoute sur les deux principales chaînes de télévision, a déclaré que la "République ne cèdera pas un pouce de terrain" après les violences qui ont embrasé dimanche et lundi la ville de banlieue de Villiers-le-Bel.
Ces violences, qui ont fait près de 130 blessés parmi les policiers, pour beaucoup touchés par des plombs, sont les plus graves depuis les émeutes de l'automne 2005 dans les banlieues.
M. Sarkozy a fustigé les "voyous déstructurés prêts à tout" et les "trafiquants" dans les banlieues.
"Que des individus puissent tirer sur des forces de l'ordre, sur des fonctionnaires qui font leur métier sur le territoire de la République, je ne peux pas l'accepter", a-t-il déclaré.
"Nous retrouverons les tireurs", a promis M. Sarkozy, "un par un" et ce "sera la cour d'assises" pour eux.
Il a redit que ces violences n'avaient rien à voir avec un "problème social" dans les banlieues déshéritées, où vit une forte proportion d'habitants d'origine immigrée, frappées par un fort chômage.
Un plan pour les banlieues difficiles sera annoncé en janvier, a confirmé M. Sarkozy.
Dans la matinée, le chef de l'Etat avait martelé son message lors d'un discours devant près de 2.000 policiers et gendarmes. "Ce qui s'est passé à Villiers-le-Bel n'a rien à voir avec une crise sociale, ça a tout à voir avec la voyoucratie", a affirmé M. Sarkozy.
Les violences ont été déclenchées par la mort de deux adolescents dont la mini-moto est entrée en collision avec une voiture de police.
M. Sarkozy a consacré une part de son intervention jeudi soir au dossier du pouvoir d'achat.
Il a expliqué vouloir "remettre du carburant" dans la croissance, dont le gouvernement espère qu'elle atteindra 2% cette année, une prévision jugée trop optimiste par la majorité des économistes.
Reprenant son slogan de campagne "travailler plus pour gagner plus", M. Sarkozy a notamment proposé une "monétisation" des "RTT", des journées de congé supplémentaires dégagées par la réduction du temps de travail à 35 heures, une réforme du gouvernement socialiste en 1998. Il a aussi dit vouloir élargir les possibilités de travailler le dimanche.
Il a proposé que les loyers, qui ont fortement augmentés, soient indexés sur l'indice des prix, et non plus sur l'indice des prix à la construction.
Concernant le mouvement de contestation qui touche les universités, M. Sarkozy a annoncé que l'Etat français allait vendre 3% du capital d'EDF (électricité) pour financer "un plan d'investissement" de 5 milliards dans les universités françaises.
Avant cette intervention, des experts avaient souligné que M. Sarkozy avait peu de marge de manoeuvres pour annoncer des mesures importantes.
"Les Français, ils attendent pas que je distribue les cadeaux de Père Noël alors qu'ils savent parfaitement bien qu'il n'y a pas d'argent dans les caisses", a d'ailleurs dit le président.
M. Sarkozy n'a annoncé "aucune mesure concrète et immédiate" pour les salariés, a estimé le syndicat FO jeudi soir.
Un dernier sondage jeudi a montré que la cote de popularité de M. Sarkozy est tombée à 49% après une période d'état de grâce dans l'été. 87% des Français estiment que le gouvernement n'est pas efficace contre la hausse des prix.
M. Sarkozy a récemment été confronté à une période de tension sociale, avec notamment une grève de neuf jours dans les transports contre sa réforme des régimes spéciaux de retraite.