Possible nouvelle conséquence du réchauffement climatique, l'exotique perruche à collier conquiert l'une après l'autre les grandes métropoles européennes, où des colonies s'installent et nichent dans les parcs.
De perruches à collier, qui viennent tous les matins sur les mangeoires d'un habitant de Villeneuve d'Ascq. (Photo : AFP)
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07 Novembre 2008
À 08:51
Barcelone, Bruxelles, Londres, Cologne, Hambourg, Amsterdam, Paris, Marseille, Lille... sont quelques-unes des places fortes marquant la progression de cet oiseau long de 40 centimètres, au plumage vert éclatant, bec rouge et collerette noire rehaussée de rose.
Originaire d'Afrique tropicale et d'Asie, cette perruche avait déjà envahi le Proche et Moyen-Orient avant de se répandre en Europe.
"Comme pour d'autres espèces, cette progression est certainement liée au réchauffement climatique", souligne Philippe Dubois, chargé d'études en biodiversité et climatologie à la Ligue de protection des oiseaux (LPO).
Il relève aussi que, comme d'autres oiseaux exotiques qui se sont adaptés en Europe, l'espèce - dont certaines colonies vivent au pied de l'Himalaya - disposait sans doute dans son patrimoine génétique d'une bonne tenue face au froid.
L'origine des peuplements européens de perruches à collier n'est pas évidente à déterminer, entre migrations et lâchers plus ou moins volontaires d'oiseaux en captivité.
En ce qui concerne la très nombreuse population bruxelloise (5 à 6.000 oiseaux), l'ornithologue belge Karim Temara assure qu'il s'agit d'un lâcher massif opéré en 1974, quand un petit zoo avait dû fermer ses portes pour laisser la place à un parc d'attractions au nord de la ville.
Même dans les villes où ces psitaccidés sont nombreux, le public ne les remarque pas forcément car ils demeurent en haut des grands arbres, confondus avec le feuillage.
En revanche, les observateurs d'oiseaux ont tôt fait de remarquer leur silhouette bizarre en vol et leur cri rauque. Et leurs regroupements, le soir, dans certains parcs-dortoirs peuvent être spectaculaires.
Les particuliers qui ont des arbres fruitiers ou disposent des mangeoires dans ces zones les connaissent bien.
"Chaque automne, elles visitent quotidiennement les noyers du voisinage jusqu'à disparition des noix", souligne Merlin Beerens, opticien de Villeneuve d'Ascq, dans la banlieue de Lille et qui apprécie de pouvoir ainsi les photographier.
"Depuis six ans, nous les nourrissons avec des arachides. Elles viennent régulièrement sur les mangeoires, jusqu'à une vingtaine à la fois et dévorent tout", indique Christian Verin, un autre habitant.
La colonie d'une centaine d'individus qui réside au nord et à l'est de Lille, constitue peut-être une émanation de celle de Bruxelles, affectée par une certaine surpopulation.
Les perruches à collier sont également présentes dans la région parisienne, plutôt dans les banlieues sud et est. Pour la première fois cette année, un couple a niché à Paris intra-muros, au parc Montsouris, précise M. Dubois. Selon lui, "d'ici quelques années on devrait en trouver dans les principaux bois et parcs de toute l'agglomération parisienne".
En Europe, l'espèce préfère les milieux urbains où la température est plus élevée et où elle peut trouver sa pitance (fruits, graines, pousses) : on ne lui impute donc pas pour l'instant de préjudices aux récoltes.
Les écologistes, souvent méfiants vis-à-vis des espèces introduites, s'interrogent. "On se demande si ces perruches peuvent nuire aux espèces indigènes qui nichent comme elles dans les cavités d'arbre (pics, chouettes, sitelles). Les études belges et anglaises sont mitigées et on reste dans une expectative vigilante", souligne Philippe Dubois.