Un événement marquant de l'histoire de la lutte pour l'indépendance
Le peuple marocain célèbre mardi avec fierté le 71e anniversaire de la Bataille de Boufekrane, un événement marqué en lettres d'or dans l'épopée de la résistance nationale.
Les événements de septembre 1937 resteront gravés à jamais dans la mémoire de tous Marocains, en particulier des habitants de la ville de Meknès. (Photo : www.jamaatmeknes.ma)
MAP
01 Septembre 2008
À 13:46
Les événements de septembre 1937 resteront gravés à jamais dans la mémoire de tous Marocains, en particulier des habitants de la ville de Meknès, laquelle a été le théâtre de cette épopée historique, où les Meknassis ont fait preuve de bravoure et de sacrifice.
A l'origine de cette bataille, l'arrogance du colonisateur qui voulait s'accaparer les eaux de la rivière de Boufekrane et priver, par cet acte arbitraire, les habitants de la cité ismaïlienne d'une source d'eau qui leur était indispensable.
En effet, ce soulèvement populaire est la conséquence d'un arrêté datant du 12 novembre 1936, en vertu duquel les autorités du protectorat avaient décidé le partage inéquitable des eaux de l'oued Boufekrane entre les colons et les Meknassis.
Cette décision était d'autant plus offensante que ces eaux avaient un statut particulier, étant placées sous le régime des Habous au profit de la population meknassie en vertu d'un Dahir du Sultan Moulay Ismaïl en date de Moharram de l'année 1006 de l'Hégire.
Et comme si cet acte arbitraire ne lui suffisait pas, le colonisateur avait promulgué, quelques mois après, le 12 février 1937, un nouvel arrêté stipulant l'octroi pur et simple de seize parts en eau sur vingt-quatre aux colons français qui s'étaient accaparés les zones fertiles appartenant aux tribus Guerouane et Beni M'Teir, situées entre Meknès et El Hajeb.
L'iniquité était alors devenue intolérable. En réaction à cela, les habitants de Meknès s'étaient unanimement mobilisés pour rejeter ces décisions humiliantes et infondées, en entreprenant un certain nombre de démarches, préférant d'abord le dialogue aux armes.
Il s'agit notamment de la constitution d'une commission nationale pour la défense des eaux de Boufekrane, laquelle a adressé, le 16 juin 1937, une pétition portant près de 1.500 signatures à feu S.M.. Mohammed V, ainsi qu'au résident général.
Face au mépris et à l'obstination des occupants français, les populations n'avaient d'autre choix que de recourir à la force, après avoir tenté, vainement, de résoudre pacifiquement le différend.
La bataille de Boufekrane, dite aussi bataille d'eau douce, était alors la seule issue pour faire face à la politique du fait accompli que tentaient d'imposer les colons. Néanmoins, au-delà de son caractère local, le soulèvement de Boufekrane a, dès ses premières étincelles, revêtu une portée nationaliste significative.
Elle a été une étape charnière dans la lutte pour l'indépendance et a insufflé un nouvel élan salvateur au mouvement de la résistance anti-coloniale qui était en train de se raviver aussi bien en milieu urbain que dans les campagnes. La bataille de l'eau douce était, en fait, tombée à point nommé à un moment où les Marocains avaient besoin d'un stimulus et d'une prise de conscience collective, notamment après la répression des foyers de résistance armée dans les campagnes, et où la société coloniale pensait ne plus devoir refréner ses appétits ni sa cupidité.
Ce souvenir glorieux demeure aujourd'hui riche en enseignements pour les nouvelles générations qui doivent en tirer l'exemple du sacrifice pour la dignité et la liberté.