Faire jeûner des souris pendant deux jours permet de protéger les cellules saines de leur organisme contre les effets toxiques de la chimiothérapie, une découverte potentiellement importante pour traiter le cancer, selon des travaux publiés lundi aux Etats-Unis.
AFP
01 Avril 2008
À 09:00
Les souris prenant des doses élevées de chimiothérapie après deux jours sans nourriture ont continué à être vigoureuses tandis que la moitié de celles du groupe témoin normalement nourries sont mortes.
En outre, les survivantes du groupe ayant été nourri ont continué à perdre du poids et à s'affaiblir, explique Valter Longo, de l'Université de Californie du sud, le principal auteur de cette recherche parue dans les Annales de l'Académie nationale américaine des sciences datée du 31 mars.
Des tests conduits sur des cellules humaines dans des éprouvettes ont confirmé cette observation.
Par ailleurs, les souris forcées de jeûner n'ont montré "aucun signe de stress ou de douleur" après des séances de chimiothérapie qui étaient trois à cinq fois plus fortes que celles apppliquées à des humains, selon les données de l'étude.
Rendre la chimiothérapie plus sélective est l'objectif prioritaire de la médecine depuis plusieurs décennies. Les médecins pourraient ainsi mieux contrôler le cancer, voire le guérir, si la chimiothérapie n'était pas aussi destructrice pour le reste de l'organisme.
Le Dr Pinchas Cohen, un cancérologue et professeur de pédiatrie à l'Université de Californie à Los Angeles (ouest), a jugé cette recherche "très importante car selon lui elle établit un nouveau concept en biologie du cancer".
"Théoriquement, cette découverte ouvre de nouvelles voies de traitement chez les humains permettant des doses plus élevées de chimiothérapie et cela mérite d'être étudié dans des essais cliniques", ajoute-t-il.
"Cette approche pourrait être applicable dans peut-être une majorité de malades", relève le Dr David Quinn, un cancérologue et directeur médical du USC Norris Norris Hospital and Clinics (ouest).
Il pense que de nombreux cancérologues seraient disposés à tester le concept de jeûne découvert par Valter Longo et conseille à ses patients de rester à l'écoute pour des essais cliniques qui seraient organisés près de chez eux.
Selon Felipe Sierra, directeur du programme de biologie du vieillissement à l'Institut national du Vieillissement ,"il ne s'agit pas seulement d'un autre traitement anti-cancer mais d'une importante différence conceptuelle".
Alors que pendant des décennies les chercheurs ont travaillé au développement de traitements ciblant seulement les cellules cancéreuses, les travaux de Valter Longo se sont concentrés sur la protection des autres cellules, explique-t-il.
Valter Longo, est un chercheur dans le domaine du vieillissement qui enseigne la gérontologie et la biologie à l'université de Californie (USC).
Il a noté que l'idée de protéger des cellules saines contre les effets nocifs de traitement de chimiothérapie a probablement paru difficile à réaliser car le corps possède des cellules très variées qui répondent différemment aux traitements.
M. Longo, qui a demandé l'autorisation de procéder à un essai clinique à petite échelle, espère que des résultats pourront rapidement confirmer ses premières constatations.
"Nous devrions avoir des résultats assez solides seulement quelques semaines après le début de l'étude" et "si cela marche, d'ici un an, cela pourrait être mis en place dans de nombreux hôpitaux", a-t-il avancé.