Haj Younes entraîne son public dans un univers enchanté
Le maître du luth marocain Haj Younes a entraîné son public présent à un concert qu'il a donné, jeudi à New Delhi, dans un univers enchanté où se mêlaient sonorités arabe et indienne, dans le cadre d'une soirée artistique marocaine marquée par la coexistence entre les cultures et l'expérimentation musicale.
Le luthiste Haj Younès. (Photo : moroccoboard.com)
MAP
06 Décembre 2008
À 11:33
En compagnie des deux artistes indiens, le maestro du santoor Abhay Rustoum Sopori et le musicien percussionniste Salit (derbouka), le luthiste Haj Younès a interprété des morceaux d'une haute qualité musicale chargée d'une forte émotion qui a touché le public réuni au théâtre du Centre culturel islamique à New Delhi.
L'auditoire, composé notamment de représentants du cercle diplomatique accrédités dans la capitale indienne a bien réagi à ce dialogue musicale qui a exprimé la coexistence entre deux cultures et civilisations séculaires, arabe et indienne.
L'artiste Younes, ému par la réaction du public, a déclaré à la MAP que «ce dialogue musical était spontané, étant donné que c'est la première fois où je participe à un concert en compagnie de Sopori», connu pour ses prestations dans les principales capitales du monde et pour avoir participé à quelques festivals au Maroc.
Il a qualifié cette expérience de «singulière dans son genre», étant donné, a-t-il dit, qu'«elle permet à l'artiste d'être en phase avec toutes les cultures et de dialoguer avec la sensibilité d'un public qu'il découvre pour la première fois».
Haj Younès, qui est déjà un habitué du public asiatique à travers des concerts donnés notamment en Indonésie et en Malaisie, a choisi d'interpréter au cours de ce dialogue musical précieux et universel un répertoire dont les rythmes présentent quelques similitudes avec les musiques indienne et asiatique.
A cette soirée, à laquelle ont prit part également la troupe Gnaoua, en compagnie de l'artiste Majda El Yahyaoui, le luthiste Haj Younès s'est joint par la suite à l'une des figures emblématiques du chant soufi en Asie, la célèbre «Viatcha».
«J'ai essayé d'interpréter les mots de Viatcha alors que leurs sens m'étaient inconnus, mais c'est l'Oud qui les a finalement traduit en langue indienne», a dit Younes, en faisant remarquer que les deux musiques se rapprochent au niveau de leurs rythmes, enracinés dans le chant soufi, qui constitue un patrimoine et une référence pour la chanson marocaine moderne.
En marge du concert, Haj Younes, s'est réjoui de s'être vu solliciter par plusieurs artistes indiens pour la réalisation de projets en commun. Ces propositions représentent «un saut qualitatif» pour son parcours artistique, a-t-il dit.
La relation de plus de 43 ans que cet artiste entretient avec le luth (l'oud), son amour éternel, a été couronnée par plusieurs prix, notamment «le Luth d'or» qui lui avait été décerné en 1983 par feu S.M. Hassan II, la médaille de la culture pour la paix décernée par les Nations unies en 2000, et la médaille académique française «Fermay» en 2008, outre les nombreux hommages qui lui ont été rendus notamment par l'Université américaine Georgetown.
Il avait également été désigné, en 2004, ambassadeur de la culture marocaine aux Etats-Unis.
Cette manifestation a été initiée par l'ambassade du Maroc à l'occasion du premier Festival culturel arabe qui se tient du 02 au 07 décembre à New Delhi.