Un simple test sanguin peut réduire les maladies cardiovasculaires même pour les gens en bonne santé mais qui néanmoins courent le risque d'avoir une crise cardiaque ou une attaque cérébrale, révèle une étude publiée dimanche aux Etats-Unis.
MAP
10 Novembre 2008
À 10:43
L'étude, qui a porté sur prés de 18.000 volontaires dans 26 pays, a trouvé que les statines destinées à réduire le cholestérol total diminuent de prés de la moitié ce risque même si leur taux de cholestérol est normal.
Selon Paul M. Ridker du Brigham and Women's Hospital à Boston, qui a présenté les résultats de cette étude lors d'une rencontre, dimanche, de l'American Heart Association à la Nouvelle Orléans, "cette étude change vraiment notre conception en matière de prévention de l'infarctus ou de la congestion cérébrale" qui tuent chaque année prés de 450.000 Américains. Cette étude constitue une véritable percée, souligne pour sa part Steven E.
Nissen de la Cleveland Clinic. En effet, elle va permettre aux docteurs d'effectuer des tests de routine chez les patients d'un âge moyen souffrant d'inflammation et auxquels ils devront prescrire la statine utilisée dans l'étude, ou l'un des génériques les moins chères.
Jusqu'à hier, constate W. Douglas Weaver, président de l'American College of Cardiology, les médecins ne prescrivaient pas de statine pour un patient ayant un taux de cholestérol normal. Dorénavant ce sera le cas, a-t-il ajouté.
Certains experts s'inquiètent cependant de la ruée éventuelle de millions de gens en bonne santé vers ce type de médicaments puissants que sont les statines. Traditionnellement, les gens souffrant de crise cardiaque sont ceux dont le taux de cholestérol est très élevé. Véritable ennemi pour les artères, le cholesterol forme des plaques graisseuses qui se déposent sur les parois, et limite peu à peu le passage du sang.
Cette réduction du calibre des vaisseaux favorise la formation de caillot (thrombose). Ainsi quand le sang ne passe plus, c'est l'infarctus du myocarde. Cependant, selon l'étude, a peu prés la moitié des cas d'infarctus et d'accidents vasculaires cérébraux survient chez les gens ayant un taux de cholestérol normal, ce qui soulève des questions sur les autres facteurs susceptibles de les causer et sur le nombre de décès à prévenir.
Selon l'étude, l'inflammation qui constitue une partie de la défense du corps contre les infections et les blessures, peut jouer un rôle crucial en provoquant la rupture des plaques les plus vulnérables à l'intérieur des artères, formant ainsi des caillots qui bloquent finalement la circulation sanguine. Le test sanguin détecte l'inflammation en mesurant la substance dans le sang appelée Protéine C réactive (CRP), substance que réduisent les statines.
En 2003, Ridker et ses collègues ont commencé à prescrire quotidiennement, soit 20 milligrammes de la statine Crestor, soit un placebo inerte, à 17.802 personnes (homes et femmes) d'un âge moyen qui avaient des taux de cholestérol considérés comme normaux mais des taux élevés de CRP, soit 2 milligrammes par litre de sang ou plus.
Comparés à ceux recevant le placebo, ceux qui prenaient Crestor étaient de 54% moins susceptibles d'avoir une crise cardiaque, 48%, une attaque cérébrale, 46%, un recours nécessaire à l'angioplastie ou à un pontage coronarien, 44% moins susceptibles de souffrir de ces conditions et 20 % d'en mourir, soulignent les chercheurs.
Les experts vont d'abord réexaminer les données avant de décider de la manière de revoir les directives fédérales sur le test CRP et le traitement à la statine, a déclaré Elizabeth G. Nabel, directrice de la National Heart, Lung and Blood Institute, selon laquelle, les résultats de cette étude auront probablement un impact significatif sur les efforts des médecins visant à prévenir les maladies du cœur.
Cette étude confirme en outre que l'inflammation est un facteur important dans le développement et la progression des maladies cardiovasculaires, et son traitement, même en cas d'un taux de cholestérol normal, peut s'avérer si important pour certains individus, a-t-elle ajouté.
Selon un des collègues de Ridker, cité par le Washington Post, environ 250.000 crises cardiaques, congestions cérébrales, angioplasties ou décès causés par les infarctus pourraient être prévenus aux Etats-Unis dans les cinq années à venir.