A Niué, dans le Pacifique, de plus en plus de maisons sont abandonnées, fenêtres clouées de planches et toit éventré. Leurs habitants sont partis, laissant derrière eux une île qui se meurt lentement.
Niué, c'est une petite île perdue à l'autre bout du Pacifique. (Photo : www.cyberpresse.ca)
AFP
09 Septembre 2008
À 09:54
Perdue dans le Pacifique, Niué, située au centre d'un triangle formé par les îles Tonga, Samoa et Cook, est un confetti de 260 kilomètres carrés, confronté depuis plusieurs dizaines d'années à l'exode de sa population, qui part s'installer en Australie et en Nouvelle-Zélande, à 2.200 kilomètres au sud-ouest. Situation paradoxale quand d'autres îles de la planète sont confrontées à une surpopulation chronique.
Aujourd'hui, sur Niué, les chiffres officiels font état d'une population de 1.500 âmes, mais les locaux pensent qu'ils ne sont guère plus de 1.100.
"Avec la chute de la population, nous arrivons à une situation dangereuse où bientôt on ne pourra plus faire fonctionner les services essentiels", explique Stafford Guest, expatrié en Nouvelle-Zélande, qui possède un motel et un bar dans son île natale.
Sans l'aide de la Nouvelle-Zélande, d'environ 10,7 millions de dollars US par an, et une poignée d'autres subsides internationaux, l'île ne serait pas solvable.
En 2006, les exportations ont atteint la maigre somme de 264.000 dollars mais le principal exportateur de Niué, une usine de poisson, a fermé ses portes l'an dernier.
Aux yeux de l'étranger, la vie semble pourtant des plus agréables sur l'île au climat tropical et à la végétation luxuriante. Dans ce gros village où les volailles vivent en liberté, chacun prend le temps de discuter et de vivre.
Loin des attributs de la société de consommation, il n'y a pas un seul distributeur d'argent liquide et seulement quelques lignes téléphoniques branchées sur l'international. Mais l'accés à internet sans fil y est répandu et grâce à un don d'une fondation américaine, les 500 élèves des établissements scolaires ont un ordinateur portable.
L'île n'est desservie par avion qu'une fois par semaine depuis la Nouvelle-Zélande et la liaison maritime a été récemment réduite à un bateau tous les deux mois.
Ancienne colonie néo-zélandaise, Niué est un territoire autonome associé à la Nouvelle-Zélande depuis 1974. Ses habitants jouissent de la nationalité de néo-zélandaise et peuvent librement s'y installer.
"Le problème auquel nous sommes confrontés est que nous avons portes ouvertes en Nouvelle-Zélande. C'est à la fois une bonne chose et un fléau", estime le premier ministre de Niué, Toke Talagi.
Depuis les années 1960, où la population a atteint un pic à plus de 5.000 âmes, Niué se vide.
Aujourd'hui, on estime que la communauté originaire de cette île représente quelque 25.000 personnes en Nouvelle-Zélande et 5.000 en Australie. Dans pratiquement tous les cas, les candidats au départ prennent un aller simple.
"Il est très difficile d'inverser un mouvement qui dure depuis 30, 40 voire 50 ans", se désole M. Talagi.
Cette situation a débouché dans l'île sur un débat contradictoire. Certains habitants pensent qu'il faut élargir l'autonomie de l'île, afin de renouer avec les modes de vie traditionnels. D'autres, estiment en revanche que la solution est une intégration totale à la Nouvelle-Zélande.
Lors d'un référendum en 2001, les deux tiers de la population ont choisi le statu quo.
Une des solutions réside dans le développement du tourisme. Car même si l'île aux falaises abruptes est quasiment dépourvue de plages, c'est un paradis pour les pêcheurs au gros et les plongeurs, qui peuvent y admirer dauphins et autres baleines, que l'on aperçoit certains jours, croiser à moins de 100 m de la côte.