"El Hâl, le tourbillon des génies" est le thème d'une exposition collective montée à Essaouira dans le cadre des activités culturelles et artistiques marquant la 5e édition du Festival jeunes talents gnaoua (20-23 août).
«Il est très difficile de définir le Hâl, mais dans tous les cas il s'agit pour l'adepte de vivre une expérience sensible avec ‘l'invisible'». (Photo : www.artszin.com)
MAP
22 Août 2008
À 11:00
L'exposition réunit une vingtaine d'artistes (peintres, photographes, sculpteurs, ...) et offre à voir une cinquantaine d'œuvres mêlant soigneusement créativité, singularité et profondeur conceptuelle et dénotent d'une grande diversité au niveau des techniques.
Le vernissage de cette exposition a eu lieu, jeudi soir à Borj Bab Marrakech, en présence notamment de André Azoulay, conseiller de S.M. le Roi et président fondateur de l'Association Essaouira-Mogador et Abdeslem Bikrat, gouverneur de la province d'Essaouira.
L'exposition qui se poursuivra jusqu'au 18 septembre prochain et qui se veut à la fois pédagogique, culturelle et artistique, se déploie sur deux lieux complémentaires, en l'occurrence Dar Souiri et Borj Bab Marrakech.
A Dar Souiri, où se déroulent durant le festival de nombreux concerts animés par des maâlems, les œuvres et les objets exposés, plus particulièrement des instruments de musique et des objets rituels accompagnés de notices explicatives, ainsi qu'une dizaine de photographies et de peintures représentant les activités des Gnaoua et des Hamadcha, ont pour but de permettre à un large public de découvrir l'univers de ces deux principales confréries d'Essaouira et de mieux les comprendre.
A Borj Bab Marrakech, l'exposition présente, en un dispositif original dans ce lieu unique d'un point de vue architectural, les oeuvres d'une douzaine d'artistes visuels de différentes villes du Royaume, de générations et de médiums différents (peinture, sculpture, photographie, vidéo) qui "transcrivent" de manière directe, poétique, métaphorique ou allusive, l'expérience du Hâl ou du moins la vision singulière et créative qu'ils s'en font.
Pour Pascal Amel, commissaire de l'exposition et critique d'art, il est très difficile de définir le Hâl, mais dans tous les cas il s'agit pour l'adepte de vivre une expérience sensible avec "l'invisible".
"Que ce soient dans le dhikr (invocations à Dieu), mais aussi dans ces moments d'intensité magique que peuvent produire le mawal de la musique arabo-andalouse, le duende du flamenco, certains airs fabuleux d'opéra, ou tout autre moment d'effusion musicale créé miraculeusement par tel ou tel artiste, il s'agit toujours d'expérimenter la dilution de l'ego au bénéfice d'une ‘puissance' qui est plus vaste et plus illimitée que soi, un hors temps, un hors limites, une ‘vacuité' qui est aussi une plénitude", explique-t-il.
Et d'ajouter que dans tous les cas "nous sommes à la frontière du dicible, à ce qui échappe au langage, ou plus précisément à ce qui est infra ou supra langage", d'où la contiguïté de cette expérience sensible avec la musique et les arts visuels qui eux aussi, à leur manière, ont la capacité de "transcrire l'infini à travers des formes esthétiques".
Parmi les artistes invités à cette exposition, il convient de citer notamment Mohamed Zouzaf, Boujemaâ Lakhdar, Najia Mehadji, Sadia Bairou, Redouane Bernaz, Mustapha Rafik, Michel Badia, Amina Boukhabza et Mohamed Sennoussi.
En marge de cette exposition thématique, les organisateurs ont programmé un atelier d'arts plastiques "El Hâl" réservé aux jeunes marocains désireux d'apprendre les techniques inhérentes au montage d'une exposition (analyse du thème, préparatifs, mise en place, suivi, ...).