Fête du Trône 2004

Décrit comme sans risques par les autorités

Un rejet accidentel d'uranium émanant de la centrale nucléaire de Tricastin (Vaucluse, sud) a provoqué mercredi une vive émotion, notamment chez les écologistes, les autorités se voulant de leur côté rassurantes.

Rolland Desbordes, président de la CRIIRAD pose en face la centrale nucléaire de Tricastin dans Bollène, dans le sud de la France. (Photo : AFP)

10 Juillet 2008 À 06:16

L'incident a été classé au niveau 1 ("anomalie") sur l'échelle Ines qui évalue la gravité des événements touchant les installations nucléaires et compte 7 niveaux.

Un dysfonctionnement d'une installation de la Socatri (filiale d'Areva) lors d'un transfert entre deux cuves a donné lieu à un rejet d'effluents contenant environ 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches du site.

"L'exploitant a fait une déclaration à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) où il indique que le débordement a eu lieu à 23h00" lundi, a déclaré lors d'une conférence de presse le directeur général de l'ASN Jean-Christophe Niel. "L'ASN a été prévenue vers 07H30 le matin (mardi) et l'exploitant a pris la mesure de l'importance du rejet vers midi", a-t-il ajouté.

La Socatri a rejeté ces accusations, déclarant que si des effluents avaient bien été identifiés dans une cuve à 23h00 (lundi), il n'y avait alors pas débordement. Le "débordement des effluents au niveau du sol" n'est apparu que vers 04h00 du matin le mardi, a dit sa directrice de la Communication, Catherine Dalverny. C'est alors que des prises d'échantillons ont été lancées, et la préfecture et les autorités de sûreté prévenues, a-t-elle déclaré.

La Socatri a pour mission d'épurer les effluents contenant de l'uranium et émanant des installations industrielles présentes à Tricastin (activités de chimie ou d'enrichissement de l'uranium, par exemple) avant de les rejeter dans les cours d'eau.

Des relevés ont été effectués dans la nappe, dans trois puits de pompage appartenant à des particuliers, ainsi que dans les cours d'eau dans lesquels les effluents ont été rejetés. Ils n'ont révélé "aucun élément anormal", selon Socatri, ce qu'a confirmé l'ASN.

Les mesures dans les cours d'eau se poursuivent et les taux de radioactivité relevés sont en "constante diminution depuis hier soir (mardi soir)", a précisé Charles-Antoine Louët, chef de la division de Lyon de l'ASN.

Selon un communiqué des préfectures du Vaucluse et de la Drôme publié mercredi soir, la concentration maximale d'uranium relevée dans les eaux de surface est tombée à 31 microgrammes par litre mercredi matin contre 90 microgrammes mardi soir.

"Malgré cette diminution rapide", les valeurs restent supérieures à la normale et les deux préfectures ont maintenu mercredi les mesures annoncées mardi (interdiction de consommer l'eau de certains captages, de la pêche, de la consommation de poisson, d'activités nautiques et de la baignade sur certains cours d'eau).

L'incident a, cependant, suscité l'inquiétude.

"Cet accident démontre que le nucléaire n'est pas une énergie propre", a estimé Greenpeace, ajoutant : "(Le Président français) Nicolas Sarkozy omet bien sûr de préciser ce genre de 'détail' quand il annonce en grande pompe le lancement d'un deuxième (réacteur nucléaire de troisième génération) EPR, Tricastin étant justement l'un des sites pressentis".

La Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) entend déposer plainte "contre deux exploitants de Tricastin, tous deux filiales du groupe Areva : Areva NC (Cogéma) pour l'enfouissement de plus de 700 tonnes de déchets, et Socatri pour ses rejets radioactifs dans l'environnement".
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