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Il y a 40 ans, l'assassinat de «Bobby» Kennedy

Le 5 juin 1968, Robert F. Kennedy vient à peine de remporter la primaire démocrate de Californie en vue de la présidentielle de novembre lorsqu'il s'effondre, abattu par un fanatique palestinien dans un palace de Los Angeles.

Robert F. Kennedy. (Photo : cometomygarden.blogspot.com)

05 Juin 2008 À 06:00

L'assassinat de "RFK", moins de cinq ans après celui de son frère aîné, le président John F. Kennedy, replonge les Etats-Unis dans un traumatisme d'autant plus fort que des événements funestes se sont alors récemment succédé.

C'est d'abord l'offensive générale dite du "Têt" menée fin janvier par la guérilla vietcong contre les forces américaines et le gouvernement de Saïgon, qui introduit un doute sur la stratégie menée par l'administration du président démocrate Lyndon Johnson dans l'ex-Indochine française.

Puis le 4 avril, le pasteur noir Martin Luther King, apôtre de la non-violence et figure centrale de la lutte contre la ségrégation raciale, est assassiné à Memphis. De violentes émeutes ravagent des quartiers de grandes villes, faisant plus de 20 morts. Les campus universitaires sont eux aussi en ébullition.

Hostile à l'escalade vietnamienne soutenue par Johnson, Kennedy avait rompu avec le successeur de son frère et démissionné en 1964 du poste de ministre de la Justice qu'il occupait depuis 1961 pour se faire élire sénateur de New York.

C'est sur un registre résolument anti-guerre que "Bobby", entré sur le tard dans la course à la présidentielle de 1968 et profitant du retrait de Johnson, conteste l'investiture à Herbert Humphrey, vice-président et homme-lige du Texan.

Au soir de la primaire de Californie qu'il remporte avec une courte avance, "RFK", a raflé au total 393 délégués en vue de la convention démocrate, Humphrey 561 et Eugene McCarthy, un candidat lui aussi anti-guerre, 258.

Mais les coups de feu tirés par Sirhan Sirhan mettent un terme au rêve de Kennedy, qui n'avait que 42 ans, de succéder à son frère. Touché de plusieurs balles, dont une à la tête, le sénateur, père de 10 enfants (sa femme Ethel est enceinte d'un 11e) décède dans un hôpital de Los Angeles un jour plus tard.

La photo d'un jeune aide-cuisinier soutenant la tête du candidat, couché les bras en croix dans les cuisines de l'hôtel Ambassador, fait le tour du monde. Son auteur, Boris Yaro du Los Angeles Times, avait raconté les circonstances dans les colonnes de son journal en 1998.

"J'ai eu froid dans le dos. ‘Non', me suis-je dit. ‘Pas encore. Pas un autre Kennedy", avait témoigné M. Yaro, confiant avoir versé des "chaudes larmes de colère" sur ce qu'il considérait comme la fin d'une époque.

Quarante ans plus tard, l'assassinat de Robert Kennedy a été maladroitement mentionné fin mai par Hillary Clinton pour justifier son maintien dans la course face à Barack Obama, dans ce qui pouvait être compris comme une évocation de voir le candidat noir visé par un attentat d'ici à la convention d'août.

M. Obama, qui a reçu début février l'appui d'Ethel Kennedy, 80 ans, est protégé par le "Secret service", la police qui assure la sécurité du président des Etats-Unis. Sa mission a été étendue aux candidats depuis l'assassinat de "RFK".

Sirhan, un Palestinien de confession chrétienne et âgé de 24 ans lors des faits, avait expliqué lors de son procès avoir voulu tuer Kennedy en raison de sa position favorable à Israël lors de la Guerre des Six jours, l'année précédente.

Il a été condamné à mort, avant que cette peine soit commuée en prison à vie en 1972. Il est toujours incarcéré à la prison de Corcoran en Californie et sa 13e demande de mise en liberté conditionnelle a été rejetée en 2006.

Malgré une campagne menée par des partisans de la conservation du bâtiment, l'hôtel Ambassador a été détruit en 2005-2006 pour laisser la place à un complexe scolaire.
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