Le transfert suspect de l'Argentin Tuzzio examiné en appel

En première instance, l'expert-comptable Dubiton, qui n'a plus aujourd'hui de fonction dans le football mais se présente comme fin connaisseur des "affaires" de l'OM, avait été condamné le 11 mai 2007 à 12 mois de prison avec sursis pour faux et usage de faux.

Sau, que l'accusation avait qualifié à l'audience de mars 2007 "d'homme-orchestre" dans ce montage suspect, avait écopé d'une peine nettement plus lourde de neuf mois de prison ferme.

Cet ex-agent de joueurs, très influent à l'OM à la fin des années 1990, est déjà sous le coup d'une autre condamnation de 18 mois de prison ferme prononcée le 17 octobre par cette même cour d'appel. Elle sanctionnait son implication dans plusieurs des 15 transferts frauduleux à l'OM entre 1997 et 1999.

Le transfert de Tuzzio présentait d'ailleurs certains points communs avec ceux-ci: surfacturation d'opérations visant à générer des primes occultes au joueur, montage destiné à éviter le paiement de charges sociales et fiscales.

Le montant du transfert de Tuzzio avait ainsi connu un tour étonnamment inflationniste, passant de 2,3 à 6,4 M EUR entre la signature de son pré-contrat à l'OM le 26 juin 2001 et son arrivée effective au club français après avoir transité par le Servette Genève.

Les dirigeants du Servette sont soupçonnés d'avoir complaisamment prêté leur concours à ce montage. Le jugement en première instance est catégorique: "Le +transfert+ au Servette n'a été qu'une fiction".

Christian Hervé, l'ex-président du club suisse, avait écopé de 12 mois de prison avec sursis. L'ancien directeur général Patrick Trottignon avait été relaxé. Mais il sera rejugé, le parquet ayant fait appel général.

L'intermédiaire Hector Bargas (18 mois avec sursis), Tuzzio lui-même (12 mois avec sursis) et l'ex-international Frank Leboeuf (que l'accusation estimait bénéficiaire d'une partie du transfert surfacturé, mais relaxé) sont eux aussi de nouveau poursuivis.

Devant le président Daniel Trille, la défense devrait, comme en première instance, insister mercredi sur le fait que ni Bernard Tapie, à l'époque conseiller sportif de l'OM, ni Robert Louis-Dreyfus, son actionnaire principal, ne sont prévenus dans cette affaire.

"Je suis le dindon!", s'était ainsi exclamé Dubiton, refusant d'endosser les responsabilités d'un montage concocté par Tapie et validé par "RLD", selon lui. L'ex-dirigeant suisse Christian Hervé s'était, lui, dit "dupé" par Tapie.

L'absence d'instruction - le parquet de Marseille ayant procédé en citation directe - avait aussi nourri les critiques de la défense, lors de l'audience en mai à laquelle les deux joueurs poursuivis n'avaient pas jugé utile d'assister.