Bush doit assurer Kiev de son soutien à l'entrée à terme
Le Président américain George W. Bush devait assurer mardi les dirigeants ukrainiens de son soutien au rapprochement de leur pays avec l'Otan, à la veille d'un sommet de l'Alliance où la question s'annonce comme un sujet de sérieuse discorde.
George W. Bush et la Première dame Laura Bush, sont accueillis par le Parlement ukrainien à leur arrivée à l'aéroport international de Boryspil Etat de Kiev. (Photo : AFP)
AFP
01 Avril 2008
À 08:16
"Je crois que l'Otan en tirera les bénéfices, et que l'Ukraine et la Géorgie en tireront les bénéfices si et quand il y aura adhésion", a dit M. Bush avant son départ pour l'Europe où il fait sa première étape précisément en Ukraine avant de participer de mercredi à vendredi au sommet de l'Otan à Bucarest.
"Je sais que l'un des signaux que nous allons adresser, et que nous devons adresser, c'est qu'il existe une voie claire pour l'Ukraine et la Géorgie", a-t-il ajouté.
Entre la cérémonie saluant son arrivée et une visite à la cathédrale Sainte-Sophie dans Kiev placée sous haute protection policière, M. Bush devrait tenir un langage semblable au cours d'entretiens séparés avec son homologue Viktor Iouchtchenko et le Premier ministre Ioulia Timochenko, deux dirigeants rivaux mais tous deux signataires d'une requête à l'Otan en vue de l'adhésion.
La question est de savoir quel langage M. Bush tiendra les jours suivants à ses partenaires de l'Otan.
L'Ukraine et la Géorgie sont engagées aujourd'hui dans un "dialogue intensifié" avec l'Alliance sur leur adhésion. Elles demandent à passer au stade suivant, le "Plan d'action en vue de l'adhésion" (MAP selon l'acronyme anglais), qui ferait d'elles des candidates officielles à l'entrée dans l'Otan.
L'Alliance risque fort de ne pas leur donner satisfaction, au moins à Bucarest.
Les Etats-Unis, le Canada, les pays baltes et la plupart des anciens satellites de l'URSS soutiennent les aspirations des dirigeants ukrainiens et géorgiens.
Pour M. Bush, il s'agit de continuer à récompenser les pays qui ont fait le choix du camp occidental, de la réforme et de l'économie de marché, mais aussi le choix de l'engagement au côté des Etats-Unis en Irak ou en Afghanistan. A moins d'un an de la fin de sa présidence, il s'agit aussi de soigner son image dans l'Histoire, conviennent les experts.
Mais une dizaine d'autres Alliés, comme l'Allemagne, estiment que l'Ukraine et la Géorgie ne sont pas mures pour l'Otan. Ils s'alarment de la vive hostilité de la Russie, inquiète de voir l'Alliance s'étendre jusqu'à ses portes. Ils invoquent les revendications séparatistes et pro-russes en Abkhazie et en Ossétie du sud et les appels lancés en Russie à la reconnaissance de ces deux territoires de Géorgie.
En Ukraine, la manifestation qui a précédé l'arrivée de M. Bush a rappelé qu'une grande partie de l'opinion publique s'opposait à l'adhésion à l'Otan.
D'un autre côté, des pays comme la France ne veulent pas signaler à la Russie qu'elle peut mettre son veto aux choix de l'Otan.
Avant son départ, et dans une période de relations délicates avec la Russie, la Maison Blanche a paru soucieuse de ne pas brusquer les choses, soulignant que la décision appartenait à l'Otan, que le MAP ne valait pas admission, que l'Ukraine et la Géorgie devraient encore satisfaire certains critères et que cela pouvait prendre du temps.
Mais le conseiller de M. Bush à la sécurité nationale, Stephen Hadley, a paru affermir le ton à mesure que M. Bush se rapprochait de Kiev: "Nous pensons qu'il est très, très, très important (...) de saluer les aspirations" de la Géorgie et de l'Ukraine "à faire partie de l'Otan (...) et le président a signifié clairement que, pour nous, le meilleur moyen de le faire, c'était de leur offrir le MAP à Bucarest, et c'est ce à quoi le président pousse fortement".
Quelques jours avant de nouveaux entretiens entre M. Bush et son collègue russe Vladimir Poutine, M. Hadley a écarté un marchandage avec la Russie, qui résiste aussi pied à pied à un projet antimissile américain en Europe : l'élargissement de l'Alliance et ce projet suivent des "voies séparées".