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Le P.-D.G. maintenu dans ses fonctions, rumeurs d'OPA

Le P.-D.G. de la Société Générale Daniel Bouton, sur la sellette, a été finalement maintenu mercredi à son poste par la banque, qui a, aussi, créé un "comité spécial" pour gérer la crise née de la "fraude" d'un de ses traders, sur fond de rumeurs de plus en plus insistantes d'OPA.

L'entrée du siège de groupe bancaire français Société Générale. (Photos : AFP)

31 Janvier 2008 À 09:15

Le Conseil d'administration de la Société Générale, réuni mercredi matin, a renouvelé sa confiance "à l'unanimité" à M. Bouton, 57 ans, alors que plusieurs responsables politiques dont le Président français Nicolas Sarkozy avaient suggéré, voire demandé son départ.

Le Conseil a, aussi, décidé la création d'un "comité spécial" de trois personnes, dont n'est pas membre M. Bouton, pour gérer la crise, née de la révélation le 24 janvier de pertes colossales de la banque de près de 7 milliards d'euros, dont 4,82 milliards imputés aux opérations d'un trader de 31 ans, Jérôme Kerviel.

Ce comité, dont la mise en place peut apparaître comme une mise sous surveillance de M. Bouton, devra notamment s'assurer que "les causes et les montants des pertes de trading annoncées ont bien été complètement identifiés".

Il doit également vérifier que "des mesures ont été -ou sont- mises en place pour éviter la survenance de nouveaux incidents de même nature" et que "l'information diffusée par la banque rend compte fidèlement des constatations des investigations", alors que les contrôles internes de la banque sont pointés du doigt.

Le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer a estimé que "tous les contrôles permanents au sein de la Société Générale ne semblent pas avoir fonctionné comme ils auraient dû".

Daniel Bouton lui-même "reconnaît qu'il va falloir améliorer les contrôles", a indiqué un syndicaliste, Michel Origier, à la sortie d'un comité central d'entreprise, lors duquel les syndicats ont obtenu la nomination d'un "expert indépendant" chargé de se pencher sur les procédures de contrôles.

La banque étant fragilisée, après avoir perdu la moitié de sa valeur boursière depuis mai 2007, l'hypothèse d'un rapprochement avec BNP Paribas pour faire échec à une OPA hostile d'une banque étrangère est revenue en force. Circulent notamment les noms des britanniques HSBC et Barclays, de l'espagnole Banco Santander et de la Deutsche Bank.

Le gouvernement français a réaffirmé mercredi qu'il entendait que la Société Générale reste française et que tout "adossement" de la banque devrait se faire "dans le cadre de l'intérêt de l'industrie bancaire française", semblant favoriser un rapprochement avec la BNP.

Une position qui a valu à la France une mise en garde de la Commission européenne, celle-ci ayant appelé mercredi à traiter de manière égalitaire les éventuels candidats à l'achat de la Société Générale.

L'annonce par BNP Paribas d'un profit record de 7,8 milliards d'euros en 2007, alors que dans le même temps beaucoup de ses concurrentes américaines et européennes, dont UBS, ont été durement atteintes par la crise du "subprime", la fait apparaître comme plus forte que jamais face à sa rivale française de toujours, dont elle avait déjà tenté de s'emparer en 1999.

Selon un administrateur de la banque qui a requis l'anonymat, M. Bouton s'est dit prêt à "étudier" une offre amicale de rachat, même si ce n'est pas son option préférée. Un démenti officiel de la Société Générale a immédiatement suivi.

Et Daniel Bouton a réaffirmé mercredi soir que la banque française pouvait rester indépendante, "puisque les capitaux sont là" et que malgré les pertes, la Société Générale était bénéficiaire.

Dans l'enquête judiciaire sur l'affaire, qui pour le moment, n'est pas étendue au délit d'initié comme le réclament des actionnaires, des membres de l'encadrement de Jérôme Kerviel, inculpé lundi notamment pour "abus de confiance", devraient prochainement être entendus.

Une première perquisition, ordonnée par les magistrats, a été menée mercredi au domicile parisien du frère de Jérôme Kerviel par quatre policiers qui ont emporté des mallettes et un sac d'ordinateur.
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