Le Néo-Zélandais Daniel Carter, un rien intimidé, a été accueilli comme une rock star lundi à Perpignan (Top 14), qui sera son club de décembre à juin, dans un engouement à la mesure du demi d'ouverture considéré comme le meilleur rugbyman du monde.
Le Néo-Zélandais, Daniel Carter, salue la foule aux côtés du capitaine du club de rugby de Perpignan, Nicolas Mas, et de leur président Paul Goze. (Photo : AFP)
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23 Septembre 2008
À 09:14
Le N.10 All Black aux 54 sélections, frais vainqueur du Tri-Nations il y a dix jours, a été longuement fêté par près de 3.000 supporteurs de l'USAP, accourus en fin de journée au stade Aimé-Giral pour un avant-goût de "leur" All Black en maillot Sang et Or.
"Je ne suis ni Maradona, ni une rock star", s'est défendu Carter, 26 ans, impressionné par l'accueil "un peu surréaliste" du public catalan, qui compte sur le joueur le plus côté de la planète pour décrocher le titre national fuyant le club depuis 53 ans.
"Il serait temps", a convenu Carter, qui a passé la journée à rencontrer l'encadrement et ses coéquipiers. "Mais le coach et l'équipe savent bien qu'un seul homme ne fait rien gagner. La clef sera de se fondre dans l'équipe, de m'adapter à l'USAP. Je ne vais pas arriver et changer le monde".
L'arrivée en France de Carter, joyau du rugby kiwi depuis plusieurs saisons, élu meilleur joueur mondial dès 23 ans en 2005, consacre l'attrait, notamment financier, du Top 14 français, affirmé depuis deux ou trois ans avec l'afflux de joueurs vedettes de l'hémisphère Sud.
Mais après les gloires vieillissantes (Umaga, Mehrtens, Gregan, Oliver), les joueurs en fin de parcours international mais aux beaux restes (Collins, Kelleher), Carter, au pic de sa carrière et clef des ambitions All Blacks au Mondial-2011, fait basculer cette migration dans une autre dimension.
A 26 ans, Carter est dans son pays une icône, une sorte de "Beckham local". Pour certains, c'est aussi pour échapper à cet "effet bocal" - l'attention démesurée d'une petite nation, isolée et obsédée par ses rugbymen - que des All Blacks viennent chercher un peu d'air - voire d'argent - en Europe.
"J'ai joué les même compétitions (Super-14 et Tri-Nations) depuis six ans. Je voulais un nouveau défi, un nouveau type de rugby, et par là m'améliorer", a aussi plaidé Carter.
Sept mois, c'est peu. Mais Carter s'est dit conscient d'avoir "le meilleur des deux mondes" en profitant de la fenêtre laissée par la Fédération néo-zélandaise (NZRFU) pour qu'il goûte à la France, à la Coupe d'Europe, sans renoncer aux All Blacks.
"C'est une chance. Quand on peut avoir le meilleur ouvreur du monde, qui ne le prendrait pas, même un court moment ?", s'est demandé l'entraîneur Jacques Brunel, qui attend du N.10 qu'il soit "le chef d'orchestre, le décisionnaire" qui manqua sans doute à l'USAP ces dernières saisons.
Déjà, a expliqué Brunel, le staff et Carter dessinaient "sur un coin de table à déjeuner" lundi les options et affinités de jeu du club, à la demande du joueur, 2e meilleur réalisateur All Black de l'histoire avec 825 points (15,2 par match).
Carter espère jouer "mi-décembre" son premier match pour l'USAP, une fois libéré de la tournée néo-zélandaise de novembre dans les Iles Britanniques.
Le coût du CDD de luxe n'a pas été révélé, mais selon le président de l'USAP Paul Goze, il est déjà garanti, a fortiori avec l'arrivée imminente de nouveaux partenaires attirés par Carter. Au final, entre merchandising déjà juteux, partenaires, et abonnements (de 9.000 à 10.000 cette saison) l'investissement ne devrait dépasser celui d'un "très bon joueur français".