Le long-métrage japonais "Departures", récompensé dimanche par l'Oscar du film étranger, entraîne le spectateur dans le monde peu connu des rites funéraires, à travers l'itinéraire de Daigo, un ex-violoncelliste devenu croque-mort malgré lui.
Le réalisateur japonais, Yojiro Takita détient le trophée lors de la 81e cérémonie des Oscars au Kodak Theater à Hollywood. (Photo : AFP)
AFP
23 Février 2009
À 08:37
"Departures" l'a emporté aux dépens de "Entre les murs" (France), palme d'or à Cannes en mai dernier, "La bande à Baader" (Allemagne), "Revanche" (Autriche") et "Valse avec Bachir" (Israël).
Grand succès au Japon avec 2,7 millions d'entrées, "Okuribito", traduit en anglais par "Departures", doit sortir dans plus d'une trentaine de pays, dont les Etats-Unis en mai, et a déjà collectionné les récompenses.
L'action se déroule dans une province rurale du nord du Japon, Yamagata, où Daigo Kobayashi retourne avec sa femme, après l'éclatement de l'orchestre dans lequel il jouait depuis des années à Tokyo.
Daigo, interprété par Masahiro Motoki, répond à une annonce pour un emploi "d'aide aux départs", s'imaginant qu'il s'agit d'une agence de voyages. L'ancien violoncelliste découvre qu'en fait, il s'agit d'une entreprise de pompes funèbres, mais il accepte l'emploi par nécessité financière.
Plongé dans ce monde peu connu, il va découvrir les rites funéraires, tout en cachant à sa femme sa nouvelle activité, en grande partie taboue au Japon.
"J'avais envie de connaître le monde des pompes funèbres", un milieu dont le travail et les employés sont peu connus, a expliqué le réalisateur, Yojiro Takita, 53 ans, dans une interview récente aux médias japonais.
Pour préparer son film, Takita a assisté à de nombreuses préparations et cérémonies funèbres.
"Le rituel prévoit de laver le défunt, le maquiller, lui changer ses vêtements. Et il y a un rituel pour rappeler que ce corps était autrefois en pleine vie", a-t-il poursuivi.
Le réalisateur a été frappé par "la diversité des émotions pendant cette cérémonie". "Il y en a qui sourient, d'autres qui témoignent leur gratitude d'avoir pu rencontrer la personne décédée".
Sorti il y a cinq mois dans l'archipel et honoré des plus prestigieuses récompenses du cinéma japonais, "Departures" a aussi reçu le grand prix des Amériques au festival des films du monde de Montréal et le prix du public au festival du film de Hawaï. Il a en outre recueilli trois récompenses lors de la cérémonie chinoise correspondant aux Oscars.
Selon Takita, "'Okuribito' est une histoire très japonaise", montrant avec minutie les rites funéraires propres à sa culture, sur fond de déclin d'une communauté rurale.
Mais, ajoute le réalisateur, "le thème de la mort est universel et peut être compris par des gens partout dans le monde, au-delà des frontières et des langues, j'en suis heureux".