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Une analyse pourrait résoudre le mystère de sa santé

Le projet d'un musée américain de faire analyser l'ADN du président Abraham Lincoln, assassiné en 1865, pourrait lever le voile sur les nombreuses et mystérieuses maladies attribuées au 16e président des Etats-Unis.

Le 16e président assassiné en 1865 des Etats-Unis, Abraham Lincoln. (Photo : dc.about.com)

06 Mai 2009 À 08:17

"Souffrait-il d'une maladie incurable ? Allait-il mourir de toute façon ? Beaucoup de gens se posent des questions sur son état de santé et l'impact que cela a pu avoir sur sa façon de penser, sa façon de diriger", affirme Andy Waskie, historien et vice-président du Grand Army of the Republic (GAR) Museum à Philadephie (Pennsylvanie, est).

Ce petit musée, dont l'essentiel des collections porte sur la guerre de Sécession, est en possession d'un morceau de taie d'oreiller taché du sang du président au soir de son assassinat au théâtre Ford à Washington en 1865.

Il envisage une analyse génétique de la relique, après consultations d'experts et d'historiens.

"Le Conseil d'administration a pris unanimement la décision de lancer une enquête sur les données scientifiques de notre échantillon de sang, ce qui pourra conduire à une analyse génétique", a indiqué mardi à l'AFP Andy Waskie.

Après recueil d'avis d'experts et de scientifiques, le musée espère lever le voile sur les nombreuses maladies supposées du président Lincoln, dont on fête le 200e anniversaire cette année.

Lincoln, qui a aboli l'esclavage, "semble être le centre d'intérêts de nombreux spécialistes qui veulent en savoir plus sur son état physique. Il y a toujours eu une grande fascination à ce sujet", a expliqué M. Waskie.

"Nous faisons presque une enquête comme dans le feuilleton +Les Experts+", a ajouté le responsable du musée, faisant référence à une série télévisée faisant la part belle aux méthodes de police scientifique.

Différentes hypothèses affirment que le président, décédé d'une balle dans la tête à 56 ans, était porteur d'un cancer.

Un chercheur, John Sotos, auteur de livres sur le sujet et partie prenante de l'enquête lancée par le musée, assure quant à lui que Lincoln avait la maladie de Marfan (syndrome MEN2B), une affection héréditaire du tissu conjonctif, caractérisée par de longs membres, des lèvres épaisses, une cataracte précoce ou un glaucome, des problèmes cardiaques et une mort souvent prématurée. Lincoln mesurait 1,93 m et a perdu, jeunes, trois de ses quatre fils.

Une analyse génétique pourrait répondre également aux doutes émis par d'autres historiens sur la paternité du président ou encore sur son état dépressif chronique.

Pour Harold Holzer, historien, coprésident de la commission du Bicentenaire de Lincoln, ce président "a été diagnostiqué avec tant de maladies qu'il est à peine possible de croire qu'il était vivant lorsqu'il est mort".

En 1991 déjà, des scientifiques avaient tenté sans aboutir, devant les réticences des autorités, de faire analyser des restes de crâne et sang conservés dans un autre musée, le Musée national de la médecine à Washington.

Un test génétique peut aussi toujours réserver des surprises. Et si on découvrait que ce n'est pas le sang du plus populaire des présidents de l'histoire américaine ? "C'est toujours une possibilité", admet M. Waskie "mais nous sommes convaincus que c'est bien son sang".
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