Cheb Mami, en fuite, sera-t-il présent à son procès?
Deux ans après sa fuite en Algérie et sous le coup d'un mandat d'arrêt, la star du raï Cheb Mami doit répondre jeudi devant la justice française d'une tentative d'avortement forcé sur son ex-compagne, mais le flou demeure sur sa présence.
Le prince du raï, franco-algérien Cheb Mami à Beyrouth. (Photo : AFP)
AFP
30 Juin 2009
À 08:58
Mohamed Khelifati à l'état civil, Cheb Mami, 42 ans, est accusé de "complicité de violences" avec circonstances aggravantes après une tentative d'avortement forcé subie en 2005 à Alger par son ex-compagne. Celle-ci a, finalement, donné naissance à une fillette aujourd'hui âgée de 3 ans.
Le chanteur encourt 10 ans de prison et 150.000 euros d'amende.
Son ex-manageur Maurice Levy, sous contrôle judiciaire, doit aussi comparaître, pour les mêmes motifs, ainsi que son homme de confiance Hicham Lazaar et Abdelkader Lallali, soupçonné d'être son homme de main.
Près de quatre ans après les faits, la question est de savoir si le chanteur franco-algérien, qui s'est enfui en Algérie "pour être aux côtés de sa mère très âgée", va se présenter à l'audience devant le Tribunal correctionnel de Bobigny, près de Paris.
"Il m'a assuré qu'il sera là. Il veut s'expliquer sur le fond du dossier", a déclaré à l'AFP son avocat Me Khaled Lasbeur.
Rien n'est sûr car le chanteur a multiplié les volte-face.
Cheb Mami avait d'abord répété qu'il souhaitait être jugé dans son pays natal parce qu'il ne faisait plus confiance à la justice française. "Je n'ai pas fui la justice, j'ai fui l'injustice. J'ai fui la justice à deux vitesses", avait-il dit au Quotidien d'Oran en juin 2007. Puis dans le journal français "Libération", il se ravisait : "Je ne compte pas fuir mes responsabilités".
Mais, selon son avocat, Cheb Mami aimerait avoir des garanties pour comparaître libre, "ce qui est difficilement concevable vu qu'il y a un mandat d'arrêt contre lui", relève une source judiciaire.
Si Cheb Mami foule le sol français, le parquet fera exécuter le mandat d'arrêt, selon cette source. Le prince du raï serait interpellé, un juge des libertés devant ensuite se prononcer sur sa détention provisoire.
Les faits remontent à l'été 2005. Cheb Mami est mis en cause par une photographe de presse de 43 ans avec qui il entretenait une liaison. Isabelle S. affirme avoir été amenée de force dans une villa à Alger après qu'elle eut annoncé sa grossesse au chanteur. Elle dit y avoir été droguée et séquestrée, et que deux femmes et un homme ont tenté de lui faire un curetage. De retour en France, elle porte plainte. Elle va donner naissance, en mars 2006, à une petite fille.
Selon des propos de Cheb Mami enregistrés par la victime en novembre 2005, celui-ci était présent lors des événements.
Inculpé en octobre 2006 pour "complicité de violences" avec trois circonstances aggravantes (réunion, préméditation et faits commis sur personne particulièrement vulnérable), "complicité d'administration de substances nuisibles", et "menaces", Cheb Mami est incarcéré pendant trois mois à Paris. Libéré après le versement d'une caution de 200.000 euros, il est placé sous contrôle judiciaire, mais s'enfuit en Algérie en mai 2007.
Un mandat d'arrêt est lancé contre lui et Interpol demande à Alger de le livrer à Paris.
S'il dit "regretter son attitude", Cheb Mami estime être victime d'une machination de son ex-impresario : "La plus grosse erreur de ma vie, c'est d'avoir suivi le mauvais conseil de mon manager juif", dit-il à la presse algérienne. Il dénonce aussi un "acharnement quasi orchestré des médias français (...) contre un nom célèbre arabe".