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Hommage particulier au «phénomène Haydn» à Eisenstadt

Eisenstadt, bourgade baroque de 12.000 habitants dans la campagne au sud de Vienne, rend cette année un hommage particulier à son citoyen-musicien le plus célèbre, le compositeur Josef Haydn, créateur de la symphonie et du quatuor à cordes, mort il y a 200 ans.

Les visiteurs passent à pied d'une statue de Joseph Haydn, lors de l'ouverture d'une exposition

01 Avril 2009 À 11:41

"L'année Haydn 2009" a été inaugurée mardi avec fastes et un concert, sous la direction de Nikolaus Harnoncourt, au château de la famille princière Esterhazy, les mentors de Haydn entre 1761 et 1790. Cette manifestation sera ouverte au public du 1er avril au 11 novembre, avec un programme chargé d'évènements musicaux.

Haydn lui-même est né le 31 mars 1732 dans le village de Rohrau au sud d'Eisenstadt.

Plus de 550 pièces, y compris un portrait du compositeur ornant habituellement le château de Windsor et prêté par la reine d'Angleterre, sont réparties dans 38 salles de quatre musées d'Eisenstadt pour un jeu de piste sur le "phénomène Haydn".

Le fil conducteur est la musique de Josef Haydn, selon les concepteurs de l'exposition, mélangeant documents originaux, comme ses premières partitions et instruments, témoignages et correspondances, sans oublier des extraits de ses multiples oeuvres diffusés par guides-audio.

Embauché en 1761 par le Prince Paul Anton Esterhazy comme adjoint du chef de musique Gregor Josef Werner, Haydn, alors âgé de 31 ans, doit essuyer les critiques incessantes de ce dernier pour qui il n'est qu'un "jeune fou et féru de mode", explique l'une des conservatrices, Theresa Gabriel, devant les mocassins rouge vif et à talon du compositeur.

La vie à la cour princière était très strictement réglée et imposait des uniformes à tous les employés selon leurs rangs. Celui de Haydn était bleu pâle, agrémenté de broderies argentées. "Il vivait certes bien isolé au château Esterhazy au milieu du Burgenland, mais il a reconnu aussi dans ses correspondances que cette tranquillité avait été propice à la composition musicale", explique encore Theresa Gabriel.

A l'inverse, la famille princière, membre du cercle restreint des proches de l'empereur, recevait beaucoup, permettant à Haydn de faire connaître ses talents rapidement. Selon les musicologues, Haydn a organisé plus de mille représentations de ses oeuvres dans les châteaux de la famille Esterhazy entre 1780 et 1790, où se tenaient des "Fêtes baroques" de renommée internationale.

Pour éviter toute confusion entre ses compositions et celles du "Kapellmeister Werner", Haydn a commencé dès 1763 à établir un catalogue de ses oeuvres, dont les premiers tomes sont exposés au château. Il a également fait copier ses partitions, notamment pour les faire jouer dans des salons à Vienne où il était surtout apprécié des femmes mélomanes et autres admiratrices.

En 1766, il déménage dans sa propre maison à Eisenstadt pour y vivre pendant 12 ans avec son épouse Ana Aloysia tout en restant au service des Esterhazy. Cette maisonnette, à quelques centaines de mètres du château, également transformée en musée, raconte Haydn en privé, sans sa célèbre perruque. Il dormait sur un lit de camp, à côté de son piano-forte, et se disputait sans cesse avec sa voisine pour une clôture en bois.

Ce déménagement permit à Haydn de prendre un peu ses distances vis-à-vis des exigences musicales du prince Nikolaus I. Il a ainsi écrit, chez lui, des oeuvres plus "modernes" et en a fait lui-même la publicité auprès des maisons d'édition à l'étranger.

A deux pas de la HaydnHaus, le musée diocésain invite, lui, à découvrir les oeuvres liturgiques de Josef Haydn, dont plus d'une douzaine de messes. Enfin, quatre petites ex-cellules de moines aux murs blancs et meublées uniquement d'un banc et de haut-parleurs permettent de s'y imprégner individuellement du "phénomène Haydn".
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