L'Espagne s'enfonce dans une récession de longue durée
L'économie espagnole se voit plongée dans une sombre période de crise exacerbée par plusieurs facteurs concomitants dont un taux de chômage des plus élevés en Europe et une récession qui ne cesse d'empirer.
L'Espagne est l'un des pays européens les plus touchés par la crise. (Photo : geteoligial.es)
MAP
11 Novembre 2009
À 13:20
Après une quinzaine d'années de prospérité marquées par des hausses annuelles du PIB dépassant les 3%, l'Espagne est entrée en 2008, plus tôt et plus brutalement, dans la crise économique mondiale que la plupart des pays européens.
Ainsi, tous les chiffres et indicateurs sont révisés à la baisse et par conséquent l'Espagne sera le dernier grand pays de l'UE à sortir de la récession plus concrètement au début de l'année 2011 avec une hausse de 1% du PIB, contrairement aux autres pays européens qui afficheront une récupération modérée au cours de l'année prochaine.
Le taux de chômage, un des indices les plus révélateurs de toute crise économique, s'est situé fin septembre à 19,3%, ce qui représente plus que le double des chiffres enregistrés dans les autres pays européens (9,3%), selon l'Office statistique des Communautés européennes (Eurostat).
Pire encore, le taux de chômage parmi les jeunes Espagnols de moins de 25 ans est estimé en 41,7%.
Selon la Commission européenne (CE), l'économie espagnole clôturera l'exercice 2010 avec une contraction de 0,8% de son PIB en raison de la forte hausse du chômage qui atteindra un taux de 20,5%, le niveau le plus élevé enregistré en Espagne depuis 30 ans.
Parmi les secteurs ayant été fortement touchés par la crise, figure notamment celui de la construction qui a été à l'origine de la suppression de plus de 550.000 emplois, soit presque la moitié des postes perdus depuis le début de la crise (1,2 million).
Le secteur des services fut, toutefois, le secteur ayant détruit le plus d'emplois, avec une perte de 600.000 postes en un an.
Cette situation de crise s'explique également par la correction des déséquilibres internes et externes accumulés durant les 10 dernières années, l'impact de la crise économique sur les différents secteurs d'activités et la baisse de la consommation et de la demande intérieure.
En outre, le déficit publique espagnol s'élèvera à 11,2% du PIB au terme de l'année en cours pour se réduire à 10% en 2010 et à 9% en 2011 contre une moyenne de 6 pc dans les autres pays européens, précise la CE, qui a appelé Madrid à consolider ses comptes publics et à augmenter ses recettes pour pouvoir juguler les répercussions néfastes de la récession.
Pour sa part, le gouvernement contredit les statistiques de l'organisme européen en soulignant que l'économie nationale reprendra son élan vers la fin de 2009 ou au plus tard début 2010, précisant avoir mis en place une «feuille de route bien définie» qui tient compte de la réalité du pays et vise à réaliser la croissance économique, à créer de l'emploi et à développer des politiques sociales.
Pour le président de l'Exécutif espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, avec ces mesures, plusieurs secteurs, notamment celui des Petites et moyennes entreprises (PME), ont réussi à dépasser la phase la plus dure de la crise.
«Plus de 14.000 PME ont vu croître leurs activités en dépit de la crise qui frappe de plein fouet le pays depuis 2008», a-t-il dit.
Toutefois, les responsables espagnols reconnaissent que la récupération tant désirée, notamment de l'emploi, sera «lente», assurant que les efforts vont s'orienter vers la récupération de la ligne de croissance, et ainsi la création de postes de travail dans tous les secteurs.
«Notre agenda et nos prévisions consistent à réaliser la croissance lors du premier semestre de l'année prochaine, mais l'emploi récupérera son élan lentement», a déclaré récemment la ministre de l'Economie et des finances, Elena Salgado.
A l'instar des autres pays de par le monde ayant annoncé le commencement de la récupération économique ou la prochaine sortie de l'abîme économique, l'Espagne, qui assurera la présidente tournante de l'UE lors du premier semestre de 2010, reste toujours confiante quant à l'efficacité des mesures adoptées pour juguler la crise et commencer à entrevoir le bout du tunnel.