Mis au ban pendant plus de deux ans après un contrôle antidopage positif puis des aveux de dopage, le Britannique Dwain Chambers peine à se faire pardonner par la "famille de l'athlétisme".
Dwain Chambers tranchant un pas de plus vers l'accomplissement de son rêve olympique, et de l'athlétisme britannique. (Photo : www.dailymail.co.uk)
AFP
09 Mars 2009
À 14:40
Et son titre européen sur 60 m en salle, dimanche à Turin, assorti d'un record d'Europe en demi-finale, ne va pas arranger sa situation.
"J'espère que les gens vont laisser le passé être le passé maintenant. Cela fait trop longtemps que cela dure. Cela fait plaisir de revêtir le maillot britannique et de porter au plus haut les couleurs nationales", s'est félicité le Londonien, facile vainqueur de la finale européenne.
"Je suis content aussi de remettre mon nom sur les livres d'histoire et pour les bonnes raisons", a-t-il poursuivi après un chrono de 6 sec 46, à 4/100e de son record d'Europe de samedi en demi-finale.
Suspendu après un contrôle positif en 2003 à la THG et des aveux de dopage depuis 2002, Chambers, 30 ans, a purgé sa peine légale pendant deux ans, de 2003 à 2005.
Frappé par une rallonge de peine, il a été contraint d'attendre juin 2006 pour pouvoir courir à nouveau, le temps de trouver un accord financier avec la Fédération internationale (IAAF) qui demande à tous les coupables de rembourser toutes les primes gagnées lors de leurs années dopage.
Et depuis il est victime d'une autre peine : le bannissement moral de ses pairs.
«Effet Obélix» Quelques athlètes voient en effet d'un mauvais oeil le retour de l'ancien "monstre survitaminé" façonné par Victor Conte dans le cadre de l'affaire BALCO, laboratoire impliqué dans un vaste scandale de dopage organisé au début des années 2000.
Ainsi son compatriote Darren Campbell, membre du relais britannique champion d'Europe en 2006, avait alors refusé de faire le tour d'honneur avec Chambers.
Un autre Britannique, Craig Pickering, a lui aussi bien du mal à supporter les duels avec Chambers.
Les organisateurs de meeting ont été unanimes pour refuser d'inviter l'ancien détenteur du record d'Europe du 100 m (9.87), contraint de se rabattre sur les compétitions internationales pour lesquels il se qualifie régulièrement.
Lundi, la Fédération britannique (UKA) a annoncé que Chambers n'avait pas été retenu dans le relais du 4x100 m pour les Mondiaux de Berlin en août. "Dwain n'est pas sélectionnable pour les Jeux de Londres en 2012 et cela a évidemment eu une influence sur notre décision", a indiqué le DTN britannique Charles van Commenee.
Certains anciens grands noms, comme Sebastian Coe ou Kelly Holmes, s'offusquent toujours de sa présence.
Quelques-uns évoquent aussi l'effet "Obélix", avançant que Chambers bénéficierait aujourd'hui encore des effets des produits -environ 300- pris pendant sa mauvaise période. C'est pour cette raison, notamment, que l'IAAF souhaite allonger de deux à quatre ans la période de suspension automatique.
Chambers a répondu sur la piste. Mais aussi dans un ouvrage qui sort lundi, "Race Against Me", dont quelques pages ont déjà été publiées dans des journaux britanniques. Il livre le récit effrayant d'un sportif talentueux devenu "junkie", mais aussi à quelques règlements de comptes avec le monde de l'athlétisme.
C'est sans doute aussi cela que certains veulent lui faire payer. L'IAAF a d'ailleurs prévu d'examiner son cas et pourrait, si elle en a la possibilité juridique, le suspendre encore.