Prenant acte du gel des embauches de traders, l'Université Paris-Dauphine a décidé de suspendre son fameux Master "203", pionnier dans la formation aux marchés financiers, et d'autres cursus songent à élargir leur offre pour proposer de nouveaux débouchés à leurs étudiants.
Le Master 203 a pour objectif de former les étudiants à la compréhension des opérations effectuées par les entreprises et les institutions financières sur les différents marchés. (Photo : AFP)
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09 Avril 2009
À 11:38
"Nous avons constaté que les banques gèlent les embauches, surtout pour les postes présents sur les marchés. Notre souci est donc de protéger les étudiants", a expliqué mercredi Carole Gresse, la directrice du Master 203 de l'Université Paris-Dauphine.
L'Université a annoncé qu'elle ne proposerait pas à la rentrée 2009 son master spécialisé dans les marchés financiers.
"Nous voulons remettre à plat nos projets et nous orienter clairement à l'international avec des enseignements intégralement en anglais" et "mettre le paquet sur la gestion de risques qui est un secteur appelé à se développer", a ajouté Mme Gresse.
Le Master 203 devrait néanmoins revenir à la rentrée 2010 avec une nouvelle maquette, positionnée "encore plus sur le haut de gamme".
Vingt-huit étudiants suivent actuellement ce cursus destiné à les former aux métiers de traders, de vendeurs ou de gestionnaires sur les marchés financiers.
Constatant également la baisse des recrutements, la plupart des universités et grandes écoles offrant des Masters en finance réfléchissent aussi à adapter leurs formations.
Le prestigieux Master "Probabilité et Finance" de Nicole El Karoui, proposé par l'Ecole Polytechnique et l'Université Paris VI, n'est pas menacé, mais il connaîtra "sans doute une adaptation en fonction des secteurs les plus touchés", estime Thanh-Tâm Lê, directeur des Masters à Polytechnique.
"Les programmes évoluent en interaction avec les marchés, on est très à l'écoute de ce que disent les opérateurs financiers. On refera le point au début de l'été", indique-t-il.
L'accent sera notamment mis "sur les aspects gestion du risque et modélisation du risque", des compétences de plus en plus recherchées par le secteur financier.
A l'Ecole nationale de la statistique et de l'administration économique (Ensae), on constate d'ailleurs une baisse des effectifs dans les formations à "la finance de marché", conséquence directe de la crise.
Cette année, seuls 20% des élèves ont choisi cette voie, contre 35% l'an dernier, note ainsi sa directrice, Sylviane Gastaldo, qui a toutefois "décidé pour l'instant de maintenir l'offre de formation".
Inquiets des débouchés, les élèves choisissent de se réorienter, vers d'autres filières, comme l'assurance.
L'Ensae "continuera à offrir les mêmes spécialités" tout en réfléchissant "à renforcer la voie gestion et contrôle des risques avec quelques cours supplémentaires, pour tirer les conséquences de la crise et mieux réfléchir à la régulation du secteur", souligne Mme Gastaldo.
Pour Romuald Elie, maître de conférence à Dauphine, qui a enseigné l'an dernier dans le Master 203, il faut "compléter" les profils de ces étudiants "par de la culture générale économique" afin qu'ils sortent "moins spécialisés, pas seulement techniques".